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AVIS
De quels gestion et prix de l'eau parlons-nous ?
Ajouté par Thierry USO, EAU SECOURS 34 (MONTPELLIER), 12/10/2011
Discuter de la gestion et du prix de l’eau dans le projet Aqua Domitia implique au préalable de connaître la nature de l’entreprise BRL qui est à la fois le maître d’ouvrage du projet et le futur exploitant du réseau de distribution d’eau brut.

BRL est composé d’une maison mère qui assure une mission d’aménagement régional et de différentes filiales. La maison mère a un statut de Société d’Economie Mixte Locale à conseil d’administration ; elle appartient majoritairement à des acteurs publics et ne distribue pas de dividendes. 2 filiales sont directement impliquées dans Aqua Domitia. BRL international appartient à 100% à la maison mère et fera la conception technique des maillons à partir de données fournies par BRL exploitation. Cette dernière appartient à 49% à la SAUR ; elle exploitera le réseau et distribuera l’eau brute. Les profits qu’elle en retirera entraîneront une distribution de dividendes à la SAUR. Nous sommes donc dans un modèle de marchand d’eau comme celui de la délégation du service public de l’eau à des entreprises privées (Veolia, Suez, SAUR…).

Aqua Domitia est présenté comme une réponse publique à une demande en eau. Or, la nature de l’entreprise BRL donne une dimension commerciale évidente au projet. Il s’agit non pas seulement de répondre à une demande mais aussi de réaliser des profits par la vente d’eau brute en l’accompagnant par une politique de l’offre. Nous sommes à l’opposé d’une gestion économe et sociale de l’eau. Dans ces conditions, pourquoi le conseil régional porte-t-il ce projet et pourquoi la majorité des collectivités territoriales et locales le soutiennent-elles ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

Actuellement, 25% des bornes de distribution d’eau du Rhône ne sont pas utilisées par les agriculteurs. Cet échec de la politique de l’offre de BRL s’explique par un coût du m3 perçu comme trop élevé par les agriculteurs et par une surestimation du besoin d’irrigation. BRL n’a pas retenu la leçon puisqu’à nouveau la même politique de l’offre sous-tend le projet Aqua Domitia.

600 000 personnes dans la région boivent déjà de l’eau produite en partie avec de l’eau du Rhône. La mauvaise qualité de cette eau brute nécessite un processus de potabilisation coûteux et imparfait. L’utilisation de l’eau du Rhône alourdit la facture d’eau de l’usager et ne respecte pas le principe de précaution qui devrait conduire à utiliser des eaux brutes de bonne qualité pour la production d’eau potable. Aqua Domitia ne fera qu’aggraver cela.

Il y a 2 paradoxes dans le projet Aqua Domitia :

La crise de l’eau en Languedoc-Roussillon est pour partie causée par une politique de développement économique et d’aménagement du territoire inadaptée. C’est le conseil régional responsable avec d’autres de cette politique qui propose une solution à la crise de l’eau. Le pyromane s’estime souvent le pompier le plus compétent.

Le conseil régional s’est appuyé sur l’expertise de BRL pour proposer une solution à la crise de l’eau en Languedoc-Roussillon. Ce n’est pas une surprise si BRL a proposé une solution basée sur la vente d’eau du Rhône qui est le cœur même de son business. Il y a là un conflit d’intérêts manifeste.

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