La mer

Une association a le droit d'avoir l'opinion qu'elle veut sur le projet d'éoliennes sur le banc de Guérande : il y a celles qui défendent les intérêts collectifs de ses adhérents, et celles qui militent pour une vision politique, pas forcément partagée par le plus grand nombre…
Si la concertation n'est faite qu'avec les secondes, il ne faut pas s'étonner des choix politiques qui en résultent. En quoi la modification des zones habituelles de pêche empêcherait les pêcheurs d'assurer la pérennité de leurs revenus ? Par contre, si ceux-ci n'ont plus le même niveau de débouché commercial que leur procure le tourisme (et à quels prix ?), parce que les amoureux de la mer qui viennent la contempler, n'y trouvent plus la part de rêve et d'imaginaire au-delà d'un horizon, et iront le chercher ailleurs, qui sera perdant ?
Pas forcément les privilégiés (?) qui contribuent largement à l'économie locale.
Mais plutôt les pêcheurs eux-mêmes, les commerçants, les artisans, les prestataires de service, les restaurateurs, les hôteliers, qui constituent la majeure partie du tissu économique local et de l'emploi local, bien plus que l'industrie lourde en déclin parce qu'en concurrence mondiale… Savez-vous que rien qu'à Pornichet ce sont 10 hôtels et 7 résidences hôtelières, pas de luxe, 1200 chambres, 2600 lits, 500 emplois, CA 10 millions euros ? Rajoutez-y les restaurants et le commerce... et 60% de résidences secondaires qui contribuent largement à faire travailler localement les artisans ou les prestataires, tout en contribuant par leurs impôts locaux aux équipements publics dont bénéficient d'abord les habitants de la Presqu'île Guérandaise.
Alors n'est-ce pas l'intérêt général qu'un éloignement bénéfique de la zone actuelle du projet, plutôt que le maintien d' une zone dite de moindre contraintes pour un statu quo au bénéfice de quelques usagers de la mer ? Surtout quand cet éloignement apporterait un surplus d'activité locale avec le recours aux jackets de STX… Le littoral est un tout, qui associe terre et mer!
Parce que tout ne se réduit pas au rationnel économique, rappelons ces vers de Ch. Baudelaire :
''Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame…
… Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort…''