Q3 • Eric VINDIMIAN [CEMAGREF], (MONTPELLIER ), le 19/09/2011
Aqua 2020 prônait « une politique volontariste pour permettre une diminution sensible de l’ordre de 5 à 10% des consommations futures » (cf. Aqua 2020, une démarche prospective unique en France). Une charte de gestion durable des ressources en eau a été signée par les collectivités en 2007. Quelles-ont été les réalisations concrètes en termes d’incitations à l’économie d’eau ? Quelles-sont celles qui sont programmées ?
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Le Maître d'ouvrage, le 13/10/2011,
Bonjour M. Vindimian,
Voici la réponse apportée par la Région et BRL à votre question.
Le projet Aqua Domitia se base sur un objectif de 10% d’économies d’eau par modification du comportement de consommation en eau potable, soit le haut de la fourchette annoncée par Aqua 2020.
Pour s’engager vers cet objectif, plusieurs réalisations concrètes ont déjà été menées, dont voici quelques exemples :
- La Région Languedoc Roussillon a lancé en 2007 le projet "gestion durable: préservons et économisons nos ressources en eau" qui a fait émerger 70 actions locales innovantes et exemplaires portées notamment par des collectivités, des établissements publics ou mêmes des structures privées. 36 projets ont été retenus et financés conjointement par la Région et l'Agence de l'eau.
- Le Conseil Général de l’Hérault a conduit une campagne importante de sensibilisation à la réduction de la consommation en eau des ménages.
- Le Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA) propose sur son site internet un espace junior, sous le parrainage du Conseil Général de l’Hérault. On y trouve notamment une page sur les réflexes quotidien d'économies d'eau (http://www.astien.com/espace-junior/economies-d-eau.php)
- De nombreux autres gestionnaires de réseaux (par exemple le Syndicat du Bas Languedoc) joignent à la facture d’eau envoyée à leurs abonnés des messages incitant aux économies.
Ces initiatives ont des retombées positives, comme on peut le constater, par exemple, au niveau de la ville de Perpignan où la dotation annuelle par abonné à diminué de 1 à 2% par an sur la période 2002-2008. De même, sur le territoire de la CANM (Communauté d'Agglomération Nîmes Métropole), l’évolution moyenne des dotations entre 2001 et 2008 dépassait les -1% par an.
Cordialement, en vous remerciant de votre participation à ce débat.
Q5 • Eric VINDIMIAN [CEMAGREF], (MONTPELLIER ), le 19/09/2011
La recommandation d’une densification urbaine, pour réduire la consommation d’espace et les besoins en eau pour l’extérieur, est-elle suivie d’effet dans les SCOT et PLU en cours ? Quels sont les impacts attendus ou mesurés de telles mesures sur la consommation moyenne des ménages ?
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Le Maître d'ouvrage, le 13/10/2011,
Bonjour M. Vindimian,
Voici la réponse apportée par la Région et BRL à votre question.
La densification urbaine est effectivement intégrée aux documents d'urbanisme. On la retrouve par exemple dans le SCOT de la Communauté d'Agglomération de Montpellier, signé en 2006 et fondé sur 3 grandes valeurs, dont l'économie d'espace à travers des objectifs de densité raisonnée.
L'impact principal de cette mesure sur la consommation d’eau se ressentira au niveau de la consommation extra domestique des ménages (arrosage). La taille de la parcelle impacte surtout la taille du jardin, donc des surfaces arrosées.
A titre d’exemple, on a constaté sur les réseaux BRL des consommations moyennes d’eau brute doublant entre une parcelle de 400m2 et une de 700 m2. Toutefois, ces écarts sont à modérer par une très forte variabilité des consommations sur des parcelles de même taille, pouvant varier de 1 à 5.
Cordialement, en vous remerciant de votre participation à ce débat.
Q35 • MATON [BRGM], le 14/10/2011
Les hypothèses d'évolution de la population d'ici 2030 tiennent-elles compte des capacités des communes à accueillir de nouveaux arrivants? Pourquoi utiliser des projections de tendances passées? Ces projections de population sont-elles compatibles avec le maintien des surfaces irriguées agricoles alimentées par l'eau du Rhône ?
(question posée en direct sur internet lors de la réunion publique du 6 octobre à Agde)
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Le Maître d'ouvrage, le 08/11/2011,
Bonjour Mme Maton,
Voici la réponse apportée par la Région et BRL à votre question.
Les études de faisabilité du projet Aqua Domitia ont été réalisées en 2008 et les projections de population, qui ont été utilisées pour estimer les besoins en eau étaient alors les plus récentes, issues de la note commune de l’INSEE et de la Région Languedoc-Roussillon, de décembre 2007. Cette analyse INSEE présentait 3 scénarios, eux-mêmes basés sur des projections plus ou moins infléchies des tendances observées. La même méthode a donc été appliquée aux communes de la zone de projet.
Les résultats de l’estimation obtenus à partir de ces projections ont ensuite été comparés à ceux des études disponibles, comme des schémas directeurs, SCOT ou autres documents de planification. La prise en compte de documents tels que les SCOT dans l’estimation des besoins en eau permet justement d’intégrer la politique des communes quant à l’accueil de nouveaux arrivants.
En cas de discordance entre les besoins en eau identifiés au travers des projections de population et ceux indiqués par les études disponibles, une fourchette a été définie, encadrée par une hypothèse haute et une hypothèse basse.
La compatibilité de cette croissance de la population avec le maintien des surfaces agricoles est une préoccupation de l’ensemble des collectivités. Les documents d’urbanisme prévoient dans la plupart des communes une augmentation de la densité urbaine et un rapprochement des zones résidentielles des lieux de travail. Ces mesures permettront de réduire les transports domicile/travail, mais aussi de réduire l’impact de l’urbanisation sur les surfaces agricoles, sans pour autant l’annuler totalement.
Pour compenser les pertes de surfaces agricoles qui continueront à se faire sentir à proximité des villes, il convient de permettre une reconversion ou adaptation de l’agriculture. L’irrigation est un des outils qui le permet.
Par ailleurs, BRL et la Région se préoccupent de la préservation des territoires agricoles équipés pour l’irrigation :
- Pour les périmètres qui seront équipés dans le cadre d'Aqua Domitia, la Région a pour objectif de maintenir leur vocation agricole en demandant le classement durable de ces surfaces en zones agricoles dans les documents d’urbanisme, ce classement pouvant aller jusqu’à la création de ZAP (Zone Agricole Protégée).
- Dans le même esprit, pour les périmètres déjà équipés par BRL, une convention a été récemment signée entre BRL, la Région et la SAFER : BRL achètera des terres agricoles équipées et les proposera en location à des agriculteurs, dans l’objectif de les préserver et de les valoriser.
Cela permettra de soustraire ces espaces agricoles irrigables de la pression urbaine et ainsi de conserver leur vocation agricole et garantir que les investissements consentis resteront dédiés à l’agriculture.
Ce souci de protéger les terres agricoles irrigables commence déjà à s’inscrire dans les documents d’urbanisme. On peut citer le cas du SCOT du Biterrois qui sera approuvé en 2012 et prévoit de limiter l’artificialisation des milieux agricoles en protégeant les zones qui bénéficieront d’investissements pour l’irrigation.
Cordialement, en vous remerciant de votre participation au débat.
Q80 • Cathy VIGNON [PAILLADE MOSSON COULÉE VERTE], (MONTPELLIER), le 30/11/2011
Questions à la Région.
Les ressources locales sont limitées : si on appelle X, la quantité d’eau contenue en Languedoc-Roussillon dans les aquifères souterrains et les rivières et qu’on y intègre même l’eau apportée par Aqua Domitia – on considérera cette masse d’eau en période d’étiage, au moment où il y a le plus de touristes – Si on en soustrait les besoins pour les cours d’eaux (estimation en cours de calcul par l’Agence de l’Eau), on obtient une quantité d’eau restante Y. Si on retranche les besoins en eau pour l’agriculture et l’industrie, il reste alors une masse Z d’eau pour les personnes. Chaque personne nécessite un minimum d’eau que l’on appellera ∂. En divisant Z par ∂, on obtient le nombre maximal d’individus que l’on peut accueillir sur ce territoire.
Les questions sont :
1. Quand atteindra-t-on cette limite ?
2. Aqua Domitia, même si elle permet de repousser la limite du fait qu’elle augmente la masse d’eau initiale, favorise l’implantation des populations notamment en générant une impression de puits sans fond pour la ressource en eau. Ne pensez-vous pas qu’elle ne favorise pas la prise de conscience du caractère fini de la ressource et de ce fait risque d’accélérer le phénomène migratoire et le tourisme de masse ?
3. Ne pensez-vous pas qu’il serait utile de se laisser des marges pour permettre l’implantation future d’industries dans nos communes avec le cortège des familles des techniciens de haut niveau qui vont généralement avec ? (ceci serait impossible si le quota était atteint)
4. Pensez-vous qu’en ne laissant pas de marge pour les générations futures, on fasse ainsi du développement durable ?
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Le Maître d'ouvrage, le 27/12/2011,
Bonjour Mme Vignon,
Voici la réponse apportée par la Région et BRL à votre question.
L’équation que vous nous proposez, et qui traduit très clairement le principe théorique de réflexion que vous avez plusieurs fois prôné dans ce débat, n’est pas si simple à appliquer à la réalité. En effet, ses paramètres sont parfois mal connu ou difficiles à déterminer. Par exemple, X (la quantité d’eau contenue en Languedoc-Roussillon) a une valeur variable d’une année à l’autre et n’est pas toujours bien quantifiée car certaines ressources sont encore à l’étude. De même, les besoins en eau pour l’agriculture et l’industrie varient temporellement selon les données économiques et la situation hydrologique régionale.
Cette limite d’utilisation des ressources en eau existe effectivement et l’on peut constater qu’elle est déjà atteinte sur certains territoires comme la basse vallée de l’Hérault, l’Astien ou la vallée du Lez. Sur ces zones, les prélèvements actuels atteignent ou dépassent les limites qui permettraient de conserver un débit dans le cours d’eau suffisant pour le bon fonctionnement de son écosystème. La prise de conscience des risques liés au manque d’eau est déjà réelle : pour autant, les populations de ces territoires continuent de croître et les collectivités cherchent et trouvent des solutions pour les desservir en eau.
On voit que votre équation part du principe qu’il faut limiter le développement démographique, économique et touristique en fonction des ressources en eau disponibles. Or, les autorités locales en charge du développement du territoire ne réfléchissent pas en ces termes : concevant le dynamisme démographique comme un facteur de croissance, elles ne le subissent pas mais au contraire cherchent à le favoriser et à l’accompagner. La politique actuelle en matière de développement n’est donc pas guidée par le facteur limitant "eau".
Le projet Aqua Domitia, du fait de son débit faible (en proportion des nouveaux besoins globaux de la région) et limité, ainsi que de la place prépondérante et incontournable qu’il donne aux économies d’eau, porte bien l’idée que l’eau est une ressource précieuse et fragile dans sa quantité. D’autre part, Aqua Domitia amène bien une marge de manœuvre aux territoires sur leur ressource en eau certes réduite, mais qui permettra de leur ouvrir des perspectives de développement.
Il nous semble qu’inciter aux économies d’eau comme première priorité, et que raisonner et optimiser les usages de l’eau tout comme la pression sur les ressources en eau et leurs écosystèmes relève bien d’une démarche de développement durable.
Cordialement, en vous remerciant de votre participation à ce débat.