QUESTION 37 / Opportunité sportive et économique< Retour

Posée par Bertrand GEOFFROY, (JUVISY), le 12/12/2013 [Origine : Site Internet]

Associé à La pratique du rugby; Usages et caractéristiques du stade

La maîtrise d'ouvrage vient d'expliquer que pour valider son business model, il faut jouer tous les matches du XV de France, en y ajoutant les demi-finales du championnat et les tests matches, dans le Grand Stade. Merci d'expliquer à tous les toulousains, marseillais, nantais, bordelais, qui ont tant apprécié de pouvoir "toucher" l'équipe de France lorsqu'elle venait à eux si souvent par le passé, qu'ils ne la verront plus avant 20 ans ! Ils apprécieront !  Dans le cas contraire, nous apprécierions que vous ayez la franchise de nous expliquer que le retour sur investissement se fera plutôt sur 30 ans. Mais dans 30 ans, le stade aura déjà besoin d'être rénové, ce qui impliquera d'autres investissements lourds... J'attends votre réponse avec impatience (PS : je suis issu du Sud Ouest profond et suis attaché à ces racines locales, d'où ma question).

RÉPONSE DES PORTEURS DU PROJET (MAÎTRISE D'OUVRAGE), LE 08/01/2014

Bonjour,

Le business plan intègre bien l'ensemble des matches du XV de France joués en France, la finale et les demi-finales du TOP14 ainsi que les quelques grosses affiches de rugby parisiennes en TOP14 en matches de Coupe d'Europe.

Il est bien évident que la Fédération Française de Rugby (FFR) n'est pas dans une logique de profit financier, n'étant pas cotée en bourse et n'ayant pas d'actionnaires à rémunérer (personnes privées, fonds de pension, ...). Il est envisageable que si les performances du nouveau stade s'avéraient meilleures que le business plan initial, certaines affiches programmées initialement pourraient se jouer ailleurs dans d'autres stades disponibles en France.

Le modèle économique du grand stade repose pour une part importante sur le nombre d'évènements joués de "grande jauge" dans le stade. Plus particulièrement, la valeur ajoutée économique générée par une prestation d'hospitalité vendue dans une loge est importante et comme la commercialisation des loges se fait sur plusieurs saisons et pour un nombre d'évènements d'environ une vingtaine, il est important d'avoir un nombre significatif d'évènements de qualités dans le stade.

Même si le poids économique de chaque évènement n'est pas le même, ainsi un France / Angleterre est beaucoup plus important qu'un France / Irlande qui est plus important qu'un France / Italie (Tournoi des 6 nations) ou qu'un France / Nouvelle Zélande, la majeure partie des grands évènements rugbystiques devront se jouer dans le grand stade afin d'en assurer la rentabilité.

 Il faut préciser qu'à ce jour la grande majorité des matches du XV de France se jouent déjà sur Paris. Ainsi depuis le 1er juillet 1997, le XV de France (VI nations, tests) ou la finale du TOP14 se sont produit 73 fois sur Paris et seulement 22 fois en province dont 8 fois à Marseille. Pourquoi Marseille ? car c'était le seule stade capable de rivaliser financièrement avec l'économie générée au Stade de France. La fois ou le XV de France s'est produit à Toulouse, c'était parce que le stade de France n'était pas libre, ni celui de Marseille. Ainsi, ce n'est pas si souvent que le XV de France joue dans des stades autres que le stade de France ou le stade vélodrome de Marseille.

Par exemple, le dernier match du XV de France qui s'est joué à Bordeaux était le match amical contre l'Irlande, match préparatoire à la Coupe du Monde 2011 et joué en août 2011. Ce match s'est joué à Bordeaux car le stade vélodrome prévu initialement de longue date n'était plus disponible, puis celui de Lyon (Gerland) à cause d'un potentiel match de Champion's League. Le dernier match précédent à Bordeaux s'était joué en 2007 lors de la Coupe du Monde 2007, puis en 1999 lors de la Coupe du Monde 1999.

Les autres matches dit mineurs (Tonga, Fidji, ...) se sont joués en effet en province, mais là aussi car le coût du stade de France était trop élevé pour rentabiliser le match.

Il faut souligner que la promotion du rugby et son développement passe d'abord par le financement de tous les clubs de rugby et plus particulièrement des compétitions jeunes et séniors toutes catégories ou divisions confondues et de la formation des éducateurs et joueurs. Ce financement se fait grâce à l'économie générée sur chaque match joué dans le plus grand stade possible, ce qui était souvent le cas et le sera encore plus avec la nouvelle convention signée par la FFR avec le stade de France.

Soulignons également que lors de l’organisation de la Coupe du Monde 2007 en France, la progression du nombre des licenciés s’est faite uniformément sur tout le territoire français, que ce territoire ait hébergé des matches de la Coupe du Monde ou non (ex : Bretagne).

Par ailleurs, l'organisation de matches du XV de France dans des stades ayant des équipes résidentes de football n'est pas aussi facile que cela car les calendriers de la LFP ne sont connus qu'en juin, alors que l'organisation de ces rencontres internationales demandent un laps de temps beaucoup plus important. Pour les mêmes raisons, il n'est pas possible de choisir le lieu des demi-finales du TOP14 avant le mois de juin. Plus les demi-finales seront un succès populaire, plus il sera crucial de les organiser longtemps en avance pour en assurer le succès.

La promotion du rugby se fait aussi avec les autres équipes de France de rugby et notamment avec les matches du tournoi des VI nations de l'équipe de France féminine ou celle des moins de 20 ans masculine qui sont les futures stars du ballon ovale ou encore l'accueil de grandes compétitions internationales de rugby sur le territoire français tel que la coupe du monde des moins de 20 ans en 2013 en Bretagne et en Pays de Loire, le championnat d'Europe des moins de 18 ans dans les Alpes en 2013, ou la coupe du monde de rugby féminine en Ile de France en 2014. Là encore l'organisation de ces matches ou grandes compétitions ont besoin des ressources financières générées par les matches du XV de France. Sans ces ressources la FFR serait dans l'incapacité d'accueillir ces grandes compétitions.

Dans le business plan, le remboursement de la dette est planifié sur 20 ans, soit 5 ans de plus que la dette ayant été levée pour le stade de France, dette qui est à ce jour remboursée. Il bien évident qu'au delà de cette période de remboursement de la dette, la FFR pourra recommencer à organiser des matches du XV de France en province, et si elle trouve des stades disponibles suffisamment longtemps à l'avance.

Concernant la maintenance du gros oeuvre, le business plan prévoit une provision annuelle de 1% de l'investissement, soit 6 millions d'euros par an. Au bout de 20 ans, cela fait un volume d'investissement de 120 millions d'euros qui doit pouvoir permettre la remise à niveau d'une partie non négligeable de l'investisement initial.

Cordialement

 

 



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