QUESTION 50 / Business plan stade FFR et réalité exploitation Stade de France< Retour
Posée par Jean-Luc SOULDADIÉ, (TOULOUSE), le 23/12/2013 [Origine : Site Internet]
Une quatrième intervention dans un registre purement financier. Le consortium qui gère le Stade de France a dégagé de 2004 à 2012 un bénéfice moyen de 9 M€, en incluant dans le chiffre d'affaires, un apport de l'Etat pour absence de club non résident. Difficile de trouver les chiffres mais sur les 3 dernières années, le nombre d'événements sportifs et musicaux se situe entre 25 et 30 (contre un 30 à 40 espérés dans le business plan). Avec 2 fois moins d'événements, un stade qui couterait 1,5 fois plus cher et une dette étalée à priori sur la même durée de 20 ans (vérifiez vos sources sur le remboursement terminée de la dette du Stade de France), comment la FFR va faire pour dégager le même bénéfice (10 M€ espérés) ?
RÉPONSE DES PORTEURS DU PROJET (MAÎTRISE D'OUVRAGE), LE 10/01/2014
Bonjour,
Le consortium qui gère le stade de France a dégagé pour la période allant du 1er juillet 2004 au 31 décembre 2012 un résultat net moyen après le paiement de l'impôt sur les sociétés de 9,28 M€, soit un résultat brut avant impôt de 14,45 M€.
Ce résultat inclut un apport financier de l'Etat pour absence de club résident de football de 15,8 M€ en moyenne mais aussi une rétrocession contractuelle du consortium vers l'Etat et avant calcul de l'impôt sur les sociétés de 9,76 M€.
Cette rétrocession est égale à la moitié du montant du résultat qui est supérieur au résultat attendu et annexé au contrat de concession qui lie le Consortium à l'Etat.
Ceci signifie que le résultat atteint en moyenne a été de 19,52 M€ (9,76 * 2) supérieur à celui attendu dans le contrat de concession. Si l'on ne compte pas l'indemnité pour absence de club résident de football le dépassement aurait été tout de même 3,72 M€ (19,52 - 15,8).
En l'absence de l'indemnité pour absence de club résident et de la rétrocession pour "sur performance" de la concession, le résultat brut moyen avant impôt aurait été de 8,41 M€ (14,45 - 15,8 + 9,76).
Ces informations sont issues des comptes publiés par la société Consortium Stade de France et disponibles sur les sites de diffusion financière tel que celui des greffes des tribunaux de commerce (infogreffe.fr) ou autre tel que societes.com.
Le nombre d'évènement sportif et musicaux est en moyenne sur la même période de 26. Dans le business plan présenté dans le dossier du maître d'ouvrage le nombre d'évènements est de 17 en moyenne et non de 30 à 40 comme indiqué dans votre question.
Le prix du stade n'est pas de 1,5 plus cher que celui du stade de France. En effet, le prix historique du stade de France est d'environ 363 M€, honoraires et matériels compris (total des immobilisations corporelles au 30 juin 1999). Sur la base de l'indice à la construction du 2ème trimestre 1999, soit 1074 et le dernier connu, celui du 2ème trimestre 2013, soit 1637, le coût réactualisé du stade de France est d'environ 553 M€.
La comparaison du coût de ces deux projets est néanmoins difficile, car d'un côté il y a un stade avec un toit et une pelouse rétractable et de l'autre un stade qui a été construit dans un laps de temps restreint et qui a du gérer des sols très pollués entre autres ce qui a généré des surcoûts significatifs.
Par ailleurs l'emprunt principal a été souscrit auprès de la banque Crédit Suisse First Boston en juillet 1998 pour une durée de 15 ans et un montant de 121,85 M€. Cet emprunt devrait avoir été remboursé en totalité en juillet 2013.
Vous ne pouvez comparer stricto sensu le business plan présenté dans le dossier du maître d'ouvrage avec le chiffre d'affaires annoncé du stade de France. Pour cela, il faudrait déjà retirer du chiffre d'affaires du consortium la pénalité versée par l'Etat mais retirer aussi des dépenses du consortium le montant de la rétrocession versé par le consortium à l'Etat. D'autre part, le business plan de la FFR intègre la recette de billetterie des matches de rugby ainsi que ses coûts d'organisation ce que vous n'avez pas dans les comptes du consortium. pour rappel, le chiffre d'affaire moyen d'un match de rugby au stade de France est de plus de 4 M€ par match.
Le nombre d'hospitalité prévues dans le grand stade est nettement plus important que celui organisé aujourd'hui dans le stade de france, car il a été prévu de réintégrer l'ensemble des hospitalités organisées par la FFR, ses partenaires ou les agences agrées de la FFR dans le grand stade de rugby.
De même, le business plan de la FFR intègre un projet de naming(s) (*) ce qui n'existe pas dans les comptes du stade de France.
Il est donc très compliqué de faire une analyse entre les comptes d'exploitation du stade de France et ceux du business plan présenté dans le dossier du maître ouvrage.
Le business plan présenté dans le dossier du maître d'ouvrage n'est pas celui qui a été établi initialement par la FFR, mais celui du cabinet de conseil de renommée mondiale McKinsey qui a revu le business plan initial et l'a amendé. C'est ce dernier business plan qui présente un bénéfice moyen de 10 M€, activité grand stade de rugby additionné à l'organisation des matches internationaux par la FFR, naming (*) compris.
Cordialement
(*) Naming : pratique de sponsoring sportif consistant à donner à une enceinte sportive le nom d’une marque ou d’une société sponsor (dans le cadre d’un accord généralement valable durant 15 à 30 ans). Cette pratique concerne généralement un stade mais à l’image de la Heineken Cup, elle peut aussi concerner la dénomination d’une compétition.
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