Question n°210
Des émissions de GES en augmentation.
le ,L'étude de l'ORAMIP portant sur le volet air de lévaluation environnementale du Projet Mobilités donne les résultats suivants :
- Augmentation de 13% des émissions de Gaz à Effet de Serre dans le scénario fil de l'eau
- Augmentation de 9% des émissions de GES dans le scénario PDU qui éviterait donc 4% d'augmentation. On reste donc globalement sur une trajectoire d'augmentation pour le territoire.
Peut-on s'en satisfaire même si les émissions par habitant devraient baisser ? L'étude ORAMIP détaille les prévisions selon les territoires et arrive à la conclusion que le scénario PDU a "plus d'impact sur la baisse des émissions directes de GES à l'horizon 2030 à l'échelle de Toulouse et sa première couronne que sur le reste du territoire". Rien d'étonnant puisque le projet se concentre sur la ville de Toulouse qui bénéficie déjà d'infrastructures importantes et sur laquelle la part de la voiture est déjà en recul contrairement aux périphéries.
Quelles sont aujourd'hui les parts respectives des différents territoires (Toulouse, Périphérie proche, Périphérie éloignée) dans les émissions de GES ? Le Projet Mobilités ne pêche-t-il pas par un manque de réponses apportées aux territoires les plus émetteurs de GES ?
Bonjour,
Notre agglomération bénéficie d’une forte attractivité qui se traduit par une croissance démographique importante. La population devrait ainsi augmenter de 250 000 habitants (+26%) d’ici à 2030. A l’horizon 2030, nous serons donc plus nombreux à habiter dans l’agglomération, à nous y déplacer et à émettre des Gaz à Effet de Serre (GES). Dans ces conditions, il n’est pas surprenant d’apprendre que le volume de GES que nous émettrons collectivement en 2030 sera plus important qu’en 2013 (+9%). Néanmoins, grâce aux changements de comportements permis par le Projet Mobilités et au renouvellement du parc automobile, chacun d’entre nous émettra, en moyenne, moins de GES (voir schéma ci-dessous). Entre 1990 et 2030, la quantité de GES émise par habitant diminue même de plus de 40% (source : ORAMIP).
La problématique qui découle des émissions de GES est le réchauffement climatique. C’est une problématique qui touche tous les territoires indépendamment des efforts que chacun réalise. Pour notre agglomération, l’enjeu est donc bien de traiter cette problématique à l’échelle de l’ensemble du périmètre (115 communes). L’effort doit plus particulièrement se concentrer sur Toulouse et la proche périphérie, dont les habitants émettent près des trois quarts des émissions de GES (Toulouse : 1/4, proche périphérie : près de la moitié – Source : EMD 2013).
Le Projet Mobilités prévoit une amélioration de la desserte en transports en commun qui dépasse largement la commune de Toulouse :
- Prolongement du tramway T1 jusqu’à Aussonne (PEX)
- Déploiement de 10 lignes Linéo dessservant reliant les communes de la périphérie (L1 : Balma, L2 : Colomiers, L3 : Plaisance et Tournefeuille, L5 : Portet, L6 : Castanet, Auzeville, Ramonville, L7 : Saint-Orens, L9 : L’Union puis Saint-Jean, L10 : Fenouillet, Saint-Alban, Aucamville) à Toulouse.
- Ceinture Sud opérant un maillage transversal des lignes transversales et créant de ce fait de nouveaux itinéraires plus rapides entre les communes de périphéries (desservies par les Linéo et la VCSM) et les pôles d’emplois majeurs du sud de l’agglomération.
- Troisième ligne de métro desservant directement quatre communes (Colomiers, Blagnac, Toulouse et Labège) et qui bénéficie à toute l’agglomération. A titre d’information, la modélisation indique que près de la moitié des déplacements qui seront réalisés avec la 3ème ligne de métro auront leur origine ou leur destination à l’extérieur de Toulouse.
- Interconnexion métro B – 3ème ligne reliant Ramonville et Labège.
- Amélioration du maillage du réseau ferroviaire et du réseau Tisséo, permettant aux habitants de la périphérie d’accéder plus rapidement au réseau structurant de transports en commun urbain (métro, tram, Linéo) et de rendre plus efficaces les déplacements entre périphérie et cœur d’agglomération.
Enfin, les transports en commun urbains ne semblent pas véritablement pertinents pour desservir tous les territoires dans un objectif de report modal vers ces derniers et de réduction de Gaz à Effet de Serre.
La voiture, idéalement partagée ou en combinaison avec les transports en commun, est le mode le plus adapté pour assurer les déplacements en lien avec les territoires les plus éloignés et les moins denses (rural, périurbain). Le Projet Mobilités vise néanmoins à limiter la croissance démographique dans ces territoires où les habitants sont captifs de l’automobile.
Commentaire sur la réponse du Maître d'Ouvrage
Certes le scénario PDU permettrait une réduction de 43% des GES en 2030 par rapport à 1990 mais le scénario fil de l'eau (sans rien faire localement) permettrait déjà une réduction de 40%. Le gain du projet mobilités est donc à relativiser.
Le Maître d'Ouvrage rappelle dans sa réponse que "La problématique qui découle des émissions de GES est le réchauffement climatique. C’est une problématique qui touche tous les territoires indépendamment des efforts que chacun réalise." mais il aurait pu compléter en disant que la lutte contre le réchauffement global dépend de l'ampleur des actions menées sur chaque territoire.
Quels sont les objectifs pour notre territoire? Est-il satisfaisant de prévoir une augmentation de notre impact sur le réchauffement climatique?
Beaucoup de questions et de contributions amenées dans le débat soulignent que le projet mobilités ne répond pas à de nombreux besoins actuels en termes de transports et n'apportera donc pas les réponses dans le futur.
Le faible gain environnemental du projet mobilités par rapport au scénario fil de l'eau confirme ces points de vue. Le projet mobilité centré sur la 3ème ligne de métro ne produira pas un report modal suffisant et la voiture individuelle restera le mode de transport dominant (on passerait de 58% de part modale à entre 50 et 55%).
Ces piètres résultats et les enjeux environnementaux qui y sont liés devraient mobiliser pleinement la collectivité et inciter le Maître d'Ouvrage à réévaluer son projet.