Traiter les déchets est simple: il ne faut qu’une volonté politique et du foncier de proximité.

Publié par Ph LEFILS le 2 novembre 2009

Avant propos :
Volontairement je n’aborderais pas la catégorie des déchets dangereux (chimie et santé) qui sont peut-être les déchets les mieux maitrisés aujourd’hui.

Madame, Monsieur,

J’interviens en tant que simple citoyen qui a eu l’occasion de travailler sur la problématique des déchets dits « Ménagers et Assimilés » dans lesquels on retrouve les poubelles des ménages, mais aussi les monstres, les encombrants, les appareils électriques … et les déchets du BTP qui à eux seuls pèsent trois fois plus que les ordures ménagères (O.M.)
Tous ces déchets ont des similitudes, même si les proportions qui les composent sont très différentes suivant leur origine et c’est sur ces similitudes et leurs caractéristiques que je fonde les modes de traitement que je propose dans cet écrit.
Je dis bien modes de traitement au pluriel, car au-delà les grands débats aussi politicards que stériles sur les incinérateurs ou les décharges, leur nombre et leur implantation, je pense qu’il faut mettre un peu de clarté dans tout cela et surtout qu’il faut raison garder : nous produisons des déchets de par nos activités humaines c’est un fait et il faut s’en occuper sans se mettre la tête dans le sable.

Le principe de base est simple pour ne pas dire simpliste :

Pour l’avenir il faut diminuer voir cesser la production de déchets ultimes non réutilisables, non recyclables ou non valorisable (réutilisable = remise en service sans transformation par exemple les bouteilles consignées de liquides ou de gaz ; recyclables = réutilisation avec transformation par exemple : le verre de ménage qui redevient bouteilles ou autre, mais aussi les métaux qui sont refondus ; enfin valorisables = réutilisation avec transformation par exemple les bouteilles d’eau en PED qui deviennent de la laine polaire, les branchages qui deviennent compost, ect. et tous les incinérables qui la produisent de la chaleur)

Pour cela chaque industriel et producteur de bien de consommation ne devra mettre sur le marché que des produits séparables et recyclables dont il devra démontrer le « zéro déchet ultime» à éliminer en fin de vie.

Mais pour l’instant il faut faire avec ce que l’on a, cela va des déchets ménagers de tous les jours avec les produits détergents divers, aux constructions qui ont vingt, cinquante années et plus, avec des peinture au plomb, du plâtre et de l’amiante, ce qui laisse encore espérer quelques beaux jours aux professionnels du déchet.

Les déchets sont non ultimes lorsqu’ils ont une ou plusieurs fractions techniquement et économiquement séparables qui peuvent être réutilisées.
Cela implique un tri à la source, c’est le tri des poubelles des ménages mais aussi le tri des entreprises de déconstruction sur leur chantier qui savent très bien que le prix d’un camions de gravois est celui du déchet le plus cher qu’il contient.

Lorsque la séparation à la source n’est pas possible il faut alors se diriger vers des centres de tri de proximité, ce sont les déchèteries pour les particuliers et les Eco-tri des professionnels.
Pour l’une comme pour l’autre, « proximité » implique une volonté politique locale de se donner des outils de traitement au plus près des points de production. Il ne faut pas mettre ces installations au fond de la commune, à des kilomètres, voir dans la commune d’à coté près du camp des gens du voyage et de la station dépuration car dans le bilan carbone et/ou de l’énergie de traitement du déchet il faut compter le transport et un gros camion voir une péniche consomment moins que cent petites voitures.

Une fois triés ces déchets vont en priorité vers les filières de réutilisation et de recyclage.  Cela veut aussi dire qu’il faut des lieux dédiés et proches de la zone de production. Là encore il n’est pas raisonnable de faire traverser la France aux PVCs pour être recyclés en Belgique, on de faire traverser les bois de récupération dans l’autre sens pour être transformés en panneaux de particules italiens.

Bien évidement l’économie de tels sites doit être prise en compte et la réflexion doit être menée à plusieurs niveaux de l’échelle (commune, inter-commune, département, région, état) entre le pouvoir politique au sens premier du terme (qui gère la cité) et les professionnels.

On peut diviser les déchets en grandes familles et si on suit la réglementation on a :

La famille des inertes dont la grosse masse vient du BTP : la pierre, le béton, les terres cuites, les gros œuvre de bâtiment, les démolitions de voiries qui sont facilement recyclables en concassage pour faire des granulats de construction de deuxième génération. La terre peut être partiellement réutilisée suivant ses caractéristiques géologiques et mécaniques. Elle peut devenir fondation de voirie, réhabilitation de carrière, remblais technique d’ouvrage d’art et en toute extrémité merlon paysager d’aménagement concerté. Tous ces traitements doivent être « écologiquement » regardés en tenant compte des transports car les volumes et les poids sont importants. On retrouve aussi le besoin d’une certaine forme de proximité.

La famille des non inertes et non dangereux souvent en mélanges, quelques fois triés ;  cette famille est la plus importante médiatiquement parlant car la plus dispersée, elle concerne tout le monde.

Le tri, lorsqu’il est pratiqué en ville, prend en compte le verre limité aux bouteilles et flacons, les déchets verts ; les papiers et cartons étendus aux emballages de divers type de matières plastiques.
Là encore si le tri est une bonne pratique le bilan énergétique doit l’accompagner car on voit souvent les collectes au porte à porte se multiplier avec des camions qui transportent du vide ?!

Les traitements

Une fois les filières de recyclage utilisées pour les inertes (verre, pierre, fer, etc) du tri des déchets non inertes il faut distinguer ce qui est putrescible et ce qui brûle.

Cette distinction a une raison principale: Ce qui est putrescible contient un fort pourcentage d’eau (de 50 à 95%) et il est difficilement concevable de croire à la rentabilité d’un système qui dépense d’abord de l’énergie pour éliminer cette eau avant de bruler les résidus.

La fraction putrescible se décomposant par principe, le déchet produit du biogaz utilisé pour faire de l’électricité et le reste se retrouve sous forme de compost utilisable engrais agricole naturel.

Pour cela des outils performants existent, ce sont les méthaniseurs (2 en France actuellement) et les bio-réacteurs sorte de décharge de classe II spécifique a forte production de biogaz.

Lorsque la décharge « digère » les déchets en environ 5 à 9 ans, le méthaniseur les traite en trois à quatre mois, tous deux produisent du biogaz. Le méthaniseur de Varennes-Jarcy (91-77-94) a des contrats agricoles, alors que les décharges bio-reacteur n’ont pas encore assez de recul pour que l’on maitrise bien les formes de réutilisations possibles des matériaux résiduels.

La fraction non putrescible qui brûle va naturellement en centre d’incinération avec un regard environnemental particulier sur le rapport poids du déchet /production d’énergie. La recherche d’une réduction maximum des rejets (mâchefers et résidus de fumées) doit être recherchée.

Petite parenthèse sur les incinérateurs actuels des ordures ménagères :

S’il est politiquement correct de dire que grâce à notre génie et la maîtrise des techniques, les ordures ménagères produisent de la chaleur et/ou de l’électricité, que les mâchefers sont utilisés pour faire des fondations de routes et qu’en finale il ne reste comme déchets qu’un peu de cendres à la hauteur d’un petit pourcentage de la masse initiale, la réalité est un peu différente :
Oui on brûle les ordures ménagères, mais comme je l’ai dit plus haut on commence par dépenser une énorme énergie à retirer l’eau de cette masse
Oui on utilise le mâchefer en technique routière, mais beaucoup moins qu’on en produit et une bonne partie même réduite va en décharge. De plus le mâchefer de par la réglementation reste ad’ vitam un déchet parce qu’il contient entre autres des sulfates et des métaux lourds lixiviables et peu recommandables dans les nappes phréatiques.
Enfin l’intérêt « routier » du mâchefer tient à son squelette de scories qui lui donne des caractéristiques techniques médiocres mais suffisantes pour faire des fondations de chaussées. Or ces scories existent principalement grâce aux verres que contiennent les ordures de départ. Si le tri des verres est poussé à l’extrême, le mâchefer tendra à devenir une poudre sans consistance et donc sans intérêt pour les routes.
Une solution existerait : réintroduire dans les OM les verres non réutilables que sont les façades d’immeubles et les pare-brises de voitures parce qu’ils contiennent des traitements plastiques (anti effraction) et des métaux lourd (athermiques et autres), mais c’est un autre sujet… fin de parenthèse.

Enfin reste dans nos déchets « l’ultime » qui ne peut être recyclé, qui n’est pas fermentescible, qui ne brule pas et n’est pas inerte. Il contient du plâtre, des cartons souillés, des gravois, des matelas, etc. le tout en mélange non séparable. Il devra aller en centre d’enfouissement dit de classe II.

Toutefois il faut admettre qu’avec ce type de déchets nous auront des décharges contenant peu ou pas de déchets organiques donc sans odeurs ou presque, aussi parce qu’il n’y a rien à manger sans goélands comme à Fosse sur Mer, sans matière inflammable donc sans papiers gras et sacs plastiques qui volent ; bref, des décharges que l’on peut qualifier de propres.

En conclusion :

Il n’y a pas une solution mais des outils qu’il faut accepter dans son environnement (les professionnels savent très bien les « habiller » et les rendre discrets), il faut créer sans discrimination des centres de tri et des déchèteries, des usines de méthanisation, des incinérateurs, des centres de compostages, des centres de recyclage, de concassage et en bout de ligne des décharges.
Il faut admettre d’avoir à créer tout cela parce que chacun de ces outils est adapté à une fonction précise, à un déchet particulier.

Ces outils doivent respecter le cadre de vie des habitants et au plus ils seront, plus ils seront petits, discrets, et moins le traitement des déchets demandera de transport.

Pour autant les transports alternatifs moins polluants (rail et fluvial) doivent être privilégiés. Au sujet du fluvial, il ne faut pas oublier que les villes se sont construites autour les fleuves parce que les quais de Seine et des autres fleuves sont été créés pour faire du chargement/déchargement de péniches. Des quais de transit ne sont pas faits pour faire du vélo, du patin à roulette et de la promenade bucolique et une péniche de 750 Tonnes emplace 30 camions semi-remorque sur les routes.

L’équilibre financier du lieu et de la zone de chalandise seront aussi des critères de choix.

Aujourd’hui les techniques existent, les professionnels sont prêts à miser sur le pari de la réussite, il ne manque que la volonté politique, l’acceptation du public et le foncier à un prix compatible avec celui du déchet, c’est-à-dire le moins cher possible. Il faudrait presque imposer à tous les promoteurs de réserver, comme pour les surfaces vertes, des surfaces nécessaire au traitement des déchets que produiront les usagers des mètres carrés de planchers qu’ils construisent. 

Nota: Sur ce thème je prends toujours une comparaison vécue :

Mes grands parents, agriculteurs, avaient après la guerre leurs sanitaires dans le fond du jardin avec le trou, les mouches et le papier journal … aujourd’hui je les ai à coté de ma chambre, ce qui ne m’empêche pas de dormir.
Maintenant si l’architecte qui a construit mon habitation, avait oublié de prévoir ces sanitaires et le vide ordure on aurait sûrement dit qu’il ne connaissait pas son métier.

Pour autant la commune cherche désespérément un terrain pour la déchèterie et la station d’épuration … Tiens donc, l’architecte urbaniste les aurait-il oubliées et ce qui est inconcevable pour une habitation deviendrait-il superflu pour une agglomération ?

Comme je le disais au début le traitement des déchets ne demandent qu’un peu de bon sens et de raison ; …  mais ce n’est que mon avis et je le partage.

Cordialement

                   Philippe LEFILS

Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Twitter
(Aucun vote pour le moment)