Question n°128
Évaluation du potentiel de relocalisation des emplois et son impact sur les transports
le ,Problème des transports ou bien du transport ?
Quand on se déplace, on n’échappe pas à l’implacable équation physique que tout le monde connait bien : v = d/t (vitesse = distance / temps de parcours)
Pour être plus rapidement au travail, à la crèche ou aux tiers lieux de consommations, SMTC/Tisséo à pris l’équation par le bout qui spontanément vient à l’esprit : réduire le temps de transport, avec l’hypothèse qu’en augmentant l’offre par une 3ème ligne, des Linéo et même un téléphérique les temps de parcours seront réduits et plus encore avec le report modal espéré, et que donc l’usager ira plus vite d’un point A à un point B.La logique se tient (indépendamment du fait que la question de à qui profite le plus ce projet puisse être un sujet de débat à elle seule).
Si l’objectif du territoire est à la fois de maximiser et de fluidifier les transports, d’aller toujours plus loin, plus vite, plus nombreux, il semble logique voir indiscutable de construire d’autres lignes de métro aériennes et souterraines, d’élargir au besoin les rocades jusqu’à les étager, de multiplier les grands parking sur le moindre lopin de terre arable ou pas. (savoir si cet objectif est partagé est encore une autre question à débattre).
Mais a-t-il été étudié l’autre manière de prendre l’équation v=d/t, à savoir de réduire les distances parcourues ? Non marginalement par des Linéo plus linéaires que les bus actuels mais bien en relocalisant des lieux de destination (travail, commerces, etc.) de manière plus répartie sur le territoire. Rapprocher les lieux de destination notamment de travail des domiciles répondrait non seulement à la réduction du temps de transport mais relocaliserait également la consommation des biens et services dans les communes. En outre cela réduirait considérablement l’énergie totale consommée pour se déplacer car le transport qui consomme le moins d’énergie est celui qu’on ne fait pas.
A-t-il été évalué le potentiel de relocalisation des emplois et son impact sur les transports, notamment des emplois dont le travail n’a aucune dépendance avec le lieu actuel sur lequel il est effectué si ce n’est qu’il s’agit des locaux de l’entreprise ou de l’institution ? Je pense entre autre au chassé-croisé insensé du grand nombre de personnes qui traversent ou contournent Toulouse pour effectuer un travail qu’ils pourraient tout aussi bien exécuter dans ou proche de leur commune.
Promouvoir le télétravail, les échanges de bureaux mais aussi d’emplois entre communes et entre entreprises, aménager des locaux existants ou à construire en tiers lieux ou télécentres, sont tout autant de solutions qui ne peuvent être ignorées de l’étude préalable car elles pourraient bien juguler le problème des transports notamment des heures de pointes, réduire les stress et faciliter le quotidien des habitants, et pour des coûts bien moindre que les projets actuellement présentés.Qui plus est ces solutions n’ont pas besoin d’attendre 2024.
Merci par avance pour les réponses à ces questions, la principale étant celle de l’évaluation du potentiel de relocalisation des emplois et son impact sur les transports.
PS : On entrevoit ici deux modèles distincts de développement urbanistiques, l’un basé sur des hyper-centres de production (ZAC, bureaux à étages) et de consommation (centres commerciaux, ZAC) avec des structures au regard plutôt auto-centré sur leur employés et locaux, l’autre basé sur des unités plus petites et mieux réparties sur le territoire, avec un regard plus tourné vers les autres et l’échange.
Bonjour,
Tout d'abord, notre réflexion ne s'est pas limitée à la réduction des temps de transport pour la 3ème ligne de métro. La fiabilité des temps de parcours, l'enjeu des connexions avec les autres parties du réseau et les autres modes de transport, la réduction de l'étalement urbain, qui contribue à l'augmentation des distances et à la production de GES et autres émissions de polluants sont aussi importants.
La 3ème ligne de métro s’inscrit dans le cadre du Projet Mobilités 2020-2025-2030, qui vaut révision du Plan de Déplacements Urbains, au même titre que d'autres projets tels que le doublement de la ligne A, le Téléphérique Urbain Sud, les 13 Linéo etc. Chaque projet a été pensé pour s'adapter aux besoins des territoires desservis.
Ensuite, le Projet Mobilités repose sur trois leviers dont l’un d’entre eux concerne la cohérence transport / urbanisme.
L’organisation des territoires de la grande agglomération toulousaine se base sur le SCoT. Par conséquent le Projet Mobiltés programme le réseau de transport en commun en tenant compte des caractéristiques urbaines de ces territoires (habitat, éco, mixte) et de leur densité.
La mise en œuvre d’une politique urbaine « renouvelée » autour d’un urbanisme raisonné, où le développement de l’agglomération est privilégié dans des territoires urbains mixtes et densifiés, plus favorables aux modes alternatifs à la voiture, est nécessaire pour assurer l’avenir de l'agglomération et limiter l'accroissement de la demande en déplacements motorisés à long terme. Des grandes orientations et un plan d'actions s’y afférant ont été définis. Il est notamment question de définir entre les autorités organisatrices et les intercommunalités les engagements partenariaux de cohérence urbanisme / mobilités, à traduire dans un outil de type « Pacte Urbain ». Cet outil vise à penser la mobilité d’un secteur en même temps que son projet urbain.
De plus, vous pouvez retrouver dans les annexes du Dossier du Maître d’Ouvrage :
1/ une fiche sur la première approche des potentiels d’évolution urbaine. Vous y lirez que le potentiel d’évolution urbaine a été identifié au regard de trois sources possibles liées à :
- La mutation urbaine ou économique,
- L’extension urbaine,
- L’urbanisme encadré.
2/ une fiche sur les nouvelles centralités urbaines identifiées sur le tracé qui vous présentera le détail de quatre projets spécifiques dont l’objectif est bien d’aller vers une véritable mixité des fonctions urbaines :
- Toulouse Euro SudOuest : 300 000 m² de bureaux, 40 000 m² de commerces - services et 2 000 logements,
- Toulouse Aerospace à Montaudran : 68% d’activités, 22% d’habitat, 6% de commerces et services, 4% d’équipements,
- Labège Innométro : 280 000 m² de bureaux, 100 000 m² de logements, 40 000 m² de commerces et services et 25 000 dédiés aux loisirs,
- Secteurs de Saint-Martin / Ramassiers : 3 500 logements, 145 000 m² de tertiaire, 90 000 m² d’activités artisanales, 10 000 m² de commerces.
En complément, la 3ème ligne de métro a aussi vocation à desservir des zones d’activités et d’habitat denses qui sont à ce jour en manque d’infrastructure de transport en commun.
Pour votre bonne information, le SMTC-Tisséo mène actuellement une enquête complémentaire dont l'objectif est de mieux connaître les stratégies résidentielles des salariés des entreprises situées dans le corridor d'étude. De plus, le Projet Mobilités 2020-2025-2030 intègre dans son plan d’actions la poursuite de la collaboration avec les établissements publics et privés pour élaborer des plans de mobilités. Dans ces plans de mobilités, on retrouve des solutions de tiers lieux (ou espace de co-working) pour diminuer les déplacements. Le SMTC a par ailleurs identifié plusieurs projets « privés » de création de tiers lieux, dont ceux d’Airbus Group.