Du 19 mars au 30 juin 2018, ce forum permet à chacun de donner son avis sur la PPE ou sur le débat public lui-même. Tous les avis sont rendus publics et ouverts aux commentaires. Ils seront pris en compte par la commission lors de la rédaction du compte rendu du débat.
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L'atelier consacré au sujet « PPE et nucléaire » s'est tenu en présence de représentants de RTE, d'EDF, de Negawatt et de Global chance. Il a permis un échange d'arguments approfondis illustrant l'existence de positions contradictoires claires.
Une position, renvoyant au scénario Negawatt, s'affirme en faveur d'une sortie la plus rapide possible du nucléaire, en ayant comme objectif intermédiaire, le respect le plus proche des objectifs de la loi. Il est fondé sur l'idée qu'on doit raisonner sur la totalité du système énergétique pour penser la trajectoire carbone et pas seulement sur la production électrique, sur l'hypothèse d'une réduction forte de la consommation d'électricité. Il insiste sur le risque d'accident lié au nucléaire, sur le coût et les risques liés aux déchets insuffisamment pris en compte selon lui par l'Etat. Sur le vieillissement du parc, le coût prévisible à la hausse du nucléaire à venir, alors que les renouvelables voient leurs coûts baisser beaucoup. Ils soulignent les problèmes de surcapacité électrique dans les scénarios retenus par le gouvernement et donc la concurrence que sont appelés à se faire le nucléaire et les renouvelables.
L'autre position, celle d'EDF, accepte l'hypothèse de la réduction à 50 % de la part du nucléaire mais ne date pas l'échéance au motif qu'il faut attendre la montée en puissance des EnR pour voir comment peut être assurée la sécurité d'approvisionnement du pays, au regard aussi des incertitudes sur les niveaux de consommation. Elle ne donne donc pas d'indication sur le nombre de réacteurs à fermer d'ici 2025. Elle se prononce en faveur du carénage (c'est-à-dire de l'extension de la durée de vie des centrales), chaque fois que cela sera possible, dans les limites évidemment des règles de sécurité fixées par l'autorité de sureté nucléaire. EDF pointe également la nécessite de décider relativement vite de la construction de quelques EPR supplémentaires, compte tenu de la stabilisation de leur coût à venir et de la nécessité, pour exporter, d'avoir des équipements sur notre propre territoire.
Des désaccords portent notamment par ailleurs sur l'état actuel du marché nucléaire à l'échelle internationale, sur les volumes possibles d'exportation d'électricité française.
Le représentant de RTE, auteur des scénarios d'équilibre offre demande fournis au gouvernement, a présenté la logique d'ensemble de ces scénarios et montré en quoi ils définissaient non pas des positions à adopter mais des possibilités différentes, en fonction d'un jeu de contraintes clairement identifiées, et appelant des politiques, des priorités, des combinaisons et des temps d'action différents.
Il apparait utile de prolonger et de creuser cet échange par la tenue d'un moment de controverse sur le nouveau nucléaire. La commission étudie les modalités d'un échange pouvant éclairer les participants à ce sujet.
J’aimerais, avant que l’on définisse avec la PPE de nouveaux objectifs ou nouvelles orientations, que l’État nous fasse la démonstration que les efforts consentis par la ruralité à travers le développement des ENR, sont déjà mesurables dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette phrase se trouve dans la lettre ouverte de 9 prix Nobel de la paix aux dirigeants du monde le 26/04/2011. Comme je ne sais plus par où commencer pour expliquer le danger de l'énergie nucléaire, je vous inviterais à consulter les sites de "Sortir du nucléaire" et des laboratoires indépendants de la CRIIRAD et de l'ACRO. Vous y trouverez de nombreux dossiers, très bien documentés. Je ne pourrais pas faire mieux en quelques lignes. Plus jamais ça : Tchernobyl, Fukushima et tous les accidents et incidents graves qui ont eu lieu. Le président de l'autorité nucléaire, M. Pierre Franck Chevet a déclaré devant l'Assemblée Nationale "l'accident est possible en France". Imaginez-vous abandonner votre domicile pour un temps indéfini. Les risques nucléaires ne sont pas pris en compte par les assureurs (si je ne me trompe pas)... ça veut tout dire ; à vous de vérifier. Sortir du nucléaire est possible, il suffit que le gouvernement en ait la volonté. N'attendons pas l'accident.
Pour justifier la viabilité du remplacement de 25% de nucléaire par autant de renouvelables en toute sécurité, le maître d’ouvrage s’appuie sur les scénarii de RTE et affirme que les stockages sont rentrés dans une phase industrielle. De nombreuses expressions de compétences dénoncent le danger de telles hypothèses hasardeuses. Les risques d'un bridage excessif de la consommation d'électricité et de délestages sauvages sont à prendre en compte. Aucune des compétences qui se sont exprimées dans ce débat public ne peut être mise de côté.
Tchernobyl et fuckushima nous ont montré qu'un accident peut ruiner une région entière et contaminer le monde.
Tchernobyl nous a révélé la capacité de l'Etat français à mentir pour ne pas ternir l'image de marque de son industrie.
Fukushima nous a rappelé que l'imprévisible est une règle à laquelle on échappe pas.
La centrale du Blayais en France a été inondée lors de la tempête de 1999, plusieurs système essentiels de sureté ont été perdus, on a frôlé la catastrophe de très près. Et les aléas climatiques devraient s'intensifier à l'avenir.
Lors de chaleur prolongée et donc de sécheresse, les centrales nucléaire sont encore plus gourmandes en eau pour leur refroidissement. Elles pompent une eau qui pourrait servir à autre chose.
Les centrales nucléaires sont toutes au bord de l'eau, donc sujette aux inondations d'ampleur imprévue et à la propagations de déchets radioactifs dans les cours d'eau.
Flamanville et Olkiluoto sont des échecs techniques et financiers qui plombent le bilan d'EDF. Hinkley Point sera un autre fiasco à nos frais et aux frais des anglais, qui a déjà fait démissioner le directeur financier d'EDF. Le grand carénage est une autre opération hors de prix pour justifier l'injustifiable prolongation de vie de nos réacteurs.
L'ASN n'a donné qu'un feu vert temporaire à Flamanville, car la cuve (élément central) est défectueuse. Ce feu vert n'a été donné que sous la pression économique qui lui était liée, un avis négatif aurait signé la mort du projet. Les déboires des EPRs montrent bien le manque de savoir faire actuel des industriels du nucléaire et leur optimisme à tout épreuve (délais et budgets annoncés systématiquement lourdement sous-évalués).
Comme les délais et les budgets de construction d'EPR, l'industrie nucléaire évalue tout ce qui est gênant à la baisse et en décalage complet avec la réalité: pollution, coûts pour les générations à venir (gestion des déchets et démantèlement), risque d'accident grave.
Parfois même ils trichent carrément tels de vulgaires constructeurs de voitures polluantes: suite à un audit de l’ASN lancé en 2015, Areva a avoué que plus de 400 pièces produites depuis les années 60 par l’usine du Creusot comporteraient des "irrégularités" - 66 de ces pièces sont actuellement utilisées par des réacteurs français en fonctionnement.
La politique de réduction des dépenses et de sous-traitance est une grande mode à laquelle n'échappe pas EDF, qui y perd du savoir-faire et de la rigueur dans la maintenance et l'entretien des centrales.
Greenpeace nous a montré qu'on peut s'infiltrer dans nos centrale et faire sauter des feux d'artifice au dessus, et nous avons de bonnes raison de penser que le terrorisme va monter en puissance, et que la stabilité géopolitique n'est pas définitivement acquise en Europe pour l'avenir. Qui ose croire que nos centrales résisteraient à la chute d'un avion de ligne? Les crises et les tensions géopolitiques toutes causes confondues ne sont pas derrière nous. Le changement climatique n'aidera pas à la stabilité et au vu du peu de changement dans nos modes de vie et de nos émissions carbonnées mondiales, il semble inévitable.
Le choix du type de production électrique français ne changera pas la tendance mondiale d'émission de carbone. Il est irresponsable (pour toutes les raisons évoquées dans ce message), mais surtout impossible techniquement de déployer mondialement le nucléaire pour remplacer le pétrole et le charbon et baisser drastiquement nos émissions carbonnée. C'est le mode de vie énergivore à l'excès et prédateur de ressources qu'il faut changer radicalement.
Bure nous rappelle qu'on ne sait pas quoi faire des déchets et qu'on est incapable de garantir qu'il resteront vraiment enfermés et inoffensifs jusqu'à une époque où les humains comprendront autant notre civilisation que nous comprenons actuellement les hommes préhistoriques. Sachant tous les évènements géopolitiques, climatiques et géologiques qu'il y aura d'ici là.
Les ingénieurs EDF à la retraite s'inquiètent de l'intermitence des énergies renouvelables (pas de la production de déchet?). Les ingénieurs en activité ailleurs ont déjà trouvé des solutions pour stocker l'énergie, combiner les intermitences et obtenir une stabilité sur le réseau. Le savoir-faire en matière de production renouvelable, de stockage et de répartition de la production est un enjeu d'avenir dans lequel on ne peut investir que ridiculement si on s'obstine dans le nucléaire.
Mais comme déjà dit plus haut, l'essentiel est de commencer par consommer moins, sans quoi nous resterons enfermé sur la route vers la crise climatique et humaine, et pourquoi pas vers l'accident nucléaire grave.
Même sans accident, l'extraction, le transport, la transformation, l'utilisation des matières radioactives sont autant d'occasion de souiller pour un temps indéfini notre environnement de matières nocives dont les effets sur la santé sont gravissimes et pernicieux, impossibles à ressentir au premier abord.
La seule chose qui justifie la poursuite du nucléaire sont les emplois induits. Mais avec les mêmes employés, EDF peut répondre à des demandes différentes: non pas continuer toujours plus loin dans une production couteuse et mortifère, mais devenir un leader dans la gestion de fin de vie du nucléaire (marché plus porteur d'avenir que l'EPR) et dans la production d'énergie renouvelable. Ca tombe bien, il faudra probablement plus d'employés non délocalisables pour assurer cette nouvelle mission.
Bref : réduisons nos besoin énergétiques (sobriété), augmentons notre efficacité énergétique, déployons les énergies renouvelables et sortons du nucléaire. Le scénario Négawatt est le seul crédible pour un avenir vivable.
Pour exprimer mon point de vue sur ces machines, rien de mieux que celui que j'ai déjà donné à Madame Carole Delga présidente de notre région Occitanie qui compte bien multiplier leur nombre (ou puissance) par trois. Ci joint, ma lettre du 4 novembre 2017 qui résume au mieux ce que je pense de la multiplication anarchique de ces engins dans des territoires touristiques magnifiques au seul profit de financiers internationaux.
" Chère Madame,
Ne tournons pas autour du pot !!
Je suis révolté par la manière plus que discrète, disons franchement opaque, dont se fait le démarchage des sociétés liées aux projets éoliens industriels, auprès des propriétaires terriens et des communes de notre département des PO.
Ces petites magouilles entre amis, avec signatures de baux, durent pourtant depuis des mois, mais les populations directement concernées et impactées n’ont pas été informées (ou du bout des lèvres).
Elles ont été maintenues dans l’ignorance. C’est inadmissible !!
Comment a-t-on pu laisser à ces brasseurs de vent, et surtout de beaucoup d’argent public (cette énergie peu rentable et intermittente est pourtant très énergiquement subventionnée), autant de marge de manœuvre sur nos territoires ?
Nos politiques locaux, régionaux, nationaux et même européens, soumis à un lobbying intense, leur ont ouvert depuis la dernière vague de 2008, une véritable autoroute légale et financière. Pas étonnant si leurs projets fleurissent partout au milieu de nos villages.
Si ces projets aboutissent, ils détruiront nos splendides paysages, notre patrimoine historique, touristique, immobilier et environnemental, la valeur de nos maisons, de nos terres agricoles, de notre santé…
Ils portent déjà atteinte à la paix civile et sociale en provoquant la désunion, la colère, la suspicion, la jalousie et j’en passe, au sein de nos villages jusqu’à lors si tranquilles.
Comment des élus peuvent-ils, pour obtenir aujourd’hui, les quelques miettes que leur tendent les promoteurs éoliens, trahir ainsi leurs administrés et leur imposer sans concertation, des projets qui mettront demain, sérieusement en péril (démantèlement des machines), les finances de leur commune ? C’est pour moi incompréhensible.
Balayons les mantras récités par certains :
- « l’énergie éolienne est une énergie verte sans CO2 ! » Disons plutôt marron comme les 600 à 800 litres d’huile toxique permettant le fonctionnement d’une machine, les 1500 tonnes de béton hyper armé du socle, enterré à jamais, les tonnes de CO2 produites pour l’extraction du minerai, la fabrication des métaux et plastiques, la construction des diverses pièces, le transport, les voies d’accès, l’installation, la maintenance et enfin, 15 à 20 ans plus tard la destruction et le recyclage.
- « l’énergie éolienne nous sauvera de l’énergie nucléaire, regardez les allemands l’ont fait » Alors pourquoi nos voisins sont-ils aujourd’hui le plus gros pollueur en CO2 d’Europe loin devant la France ? Pourquoi ont-ils du redévelopper leurs centrales thermiques et à charbon (lignite) ?
Car, l’éolien encore plus que le solaire produit une énergie intermittente (un jour sur quatre en moyenne) dépendante de la météo, qui est donc lancée sur le réseau par flashs. Pour maintenir une alimentation en continu non perturbée, les compagnies d’électricité sont obligées de construire ou de réactiver des centrales thermiques classiques et ne peuvent se passer pour l’instant du flux puissant et régulier du nucléaire.
A ce jour, malgré la multiplication des éoliennes, qui défigurent notre beau pays, la France n’a pas fermé une seule centrale nucléaire, elle a même prolongé leur durée de fonctionnement… En prime, nous avons aussi le gouffre financier des EPR…
Belle réussite !!
Les PO, supportent déjà le plus grand parc éolien français avec 35 machines sur Baixas et une trentaine d’autres dans les Fenouillèdes. TROP c’est TROP !! Cela suffit !!
Je pense que les sommes astronomiques dépensées en subventions dans l’éolien (qui engraissent la finance internationale) seraient mieux utilisées dans les économies d’énergie et dans la Recherche sur d’autres énergies renouvelables vraiment efficaces : petit éolien à axe vertical sur les toits, enduit solaire, bio gaz, géothermie, marées, hydrogène, piles à combustibles et toutes celles qui restent à inventer : fusion froide, plasma, énergie libre…
Vous pouvez donc comprendre chère Madame, pourquoi je vous demande d’avoir l’obligeance de reconsidérer vos positions sur la multiplication de ces machines qui perturbent les populations de notre département, qui leur infligent des nuisances sans leur accord et sans véritable contrepartie.
Veuillez agréer Chère Madame la Présidente, l’assurance de ma respectueuse considération."
Monsieur André DOIZON, Pyrénées orientales
Résumé de l’avis : dans un contexte où l’on s’est fixé l’objectif de réduire la consommation énergétique du pays, certains usages modernes, bien imprégnés dans notre quotidien, contredisent le but affiché et alourdissent notre consommation. Corriger prioritairement cette « surenchère » de dépenses aurait de vrais bénéfices à court terme. Pour illustrer ce propos, deux catégories d’exemples sont (partiellement) développées : le numérique et la politique industrielle.
1. Introduction
Il va sans dire que l’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas. A l’heure où nous cherchons à grand peine les énergies de demain, réduire l’impact de notre consommation présente des avantages inégalables et nous donnerait une marge de manœuvre appréciable dans nos choix et orientations futurs.
L’histoire montre sans ambiguïté que ce que l’on définit comme le progrès s’accompagne indéniablement d’une augmentation massive de la consommation d’énergie. Depuis des décennies déjà, nos civilisations « développées » vivent en surrégime. Nous consommons bien plus d’énergie par habitant que notre planète en aurait théoriquement à fournir de manière durable. Ceci, nous le savons parfaitement. Il faudrait repenser tout notre système. A défaut d’en arriver là, nous pourrions agir pour éviter d’alourdir la facture à mesure de nos « progrès » plutôt que de continuer obstinément à penser que l’énergie est une denrée illimitée.
A juste raison, de par la loi de 2015, notre pays s’est fixé comme objectif de réduire sa consommation d’énergie finale de moitié entre 2012 et 2050. Les premiers bilans (avis du CESE de février) indiquent qu’au mieux une stabilisation de notre (sur)consommation,voire une légère décrue, sont observées, mais que les efforts engagés sont bien insuffisants. Nous peinons à faire de vrais efforts pour nous restreindre énergétiquement à des valeurs adéquates à notre environnement.
Au-delà des importantes et nécessaires mesures prises pour « endiguer » les pertes d’énergie (rénovation, efficacité), je voulais pointer dans cet avis que nombre de « nouveaux » usages de notre époque s’avèrent indubitablement à contrario d’une réduction de la consommation d’énergie. Je les constate au quotidien, et je les exemplifie plus loin.
Certains y verront de petits détails, peut-être futiles, en comparaison aux économies massives possibles dans d’autres secteurs. Moi, j’y vois les symptômes d’une société qui ne réfléchit pas assez à ses usages et se fourvoie dans sa manière d’appréhender son environnement, et de ce fait court à la catastrophe. Qu’attendons-nous pour agir ?
2. Remettre en cause les usages du numérique
Le numérique a révolutionné nos vies. Progrès fantastique, il a simplifié nombre de nos activités fastidieuses, accru la rapidité de la communication, et ouvert des perspectives formidables dans nos quotidiens (facilité d’échange, télétravail, achats rapides en ligne, dématérialisation, nouvelles formes d’économie collective, etc.). Nous nous dirigeons à grands pas vers une société du « tout numérique », et donc énergivore. Il n’est pas question de revenir en arrière sur le numérique, tant il nous apporte. Cependant, il serait judicieux de mettre en doute certains principes que nous considérons désormais pour acquis, tant ils nuisent à notre avenir énergétique (ou même à notre confort de vie…).
En effet, le développement du numérique, l’accroissement des performances de l’informatique et la systématisation de la dématérialisation pour une majeure partie des tâches de la vie quotidienne (des courses en « drive » au télépaiement des impôts) induit de nouvelles dépenses énergétiques importantes. Certaines seraient largement évitables si l’on se penchait sur leur juste régulation.
Exemple 1 : la (mauvaise) gestion des centres de données
Dans nos usages, nous avons pris le parti d’une nécessité de disponibilité à tout instant et en continu. Les infrastructures nécessaires au fonctionnement de nos dispositifs nécessitent des dépenses de fonctionnement colossales (transit, refroidissement, ventilation). De par cette obligation de disponibilité que nous nous imposons, les centres de données tendent à tourner en permanence (24h/7j), leur pleine capacité étant disponible bien que pas nécessaire « au cas où » un pic de sollicitation surviendrait. Plutôt que de faire subir à l’utilisateur d’éventuelles latences minimes, des quantités phénoménales d’électricité sont dépensées jour comme nuit. Il y aurait à gagner à mieux gérer les « autoroutes de l’information ».
Exemple 2 : l’email n’est pas énergétiquement gratuit
L’envoi d’un email, gratuit et instantané, correspond à une dépense énergétique concrète. Toute information circule à travers des milliers de kilomètres de câble. Cela représenterait, par email de 1 Mo, une ampoule de 60 watts pendant 25 minutes, soit l’équivalent de 20 grammes de CO2 émis. Les emailings de prospection de masse et lettres d’informations automatisées, souvent indésirables, représentent une somme de consommations significatives. Dans le quotidien, nombre d’utilisateurs, par lassitude ou par ignorance, préfèrent laisser dans leur boite ou supprimer au quotidien messages indésirables et notifications automatisées que l’on n’a pas pris le temps de configurer plutôt que d’endiguer leur envoi et réduire à la source leur nombre (désabonnements). Nous sommes souvent, contre nos avis et notre volonté, récepteurs d’envois « par ricochet » parce que nous avons donné notre consentement à une source souhaitée. On nous inscrit à des emailings que nous ne voulons pas. Il y a des usages abusifs qu’il conviendrait de combattre.
Exemple 3 : les systèmes d’exploitation gaspillent
Les systèmes d’exploitation qui font tourner nos appareils consomment bien plus qu’ils ne le devraient. Un simple paramètre comme la couleur (comparons un écran « allumé » en noir ou en blanc), multiplié par des millions de machines, a une importance concrète. Sous prétexte que l’utilisateur doit avoir ce qu’il veut à l’instant où il le veut (ou presque), des dizaines de fonctionnalités et sous-programmes sont activés par défaut et « sommeillent » dans un coin de la mémoire en l’attente d’être activés. Une puissance de calcul leur est en permanence allouée, et ce même si l’utilisateur-roi n’a pas l’intention d’y avoir recours, dans cette session ou à tout jamais. Les systèmes d’exploitation ayant atteint un tel niveau de complexité, l’utilisateur n’est plus du tout en mesure de configurer facilement l’outil qu’il utilise et de désactiver aisément tout ce qui lui est complètement inutile pour de bon (essayez d’enlever Cortana de votre Windows…). Plutôt que de partir du principe que tout doit être disponible à tout instant, il serait bien plus économique énergétiquement de rendre disponible ce qui doit l’être en temps voulu. De simples modifications des configurations par défaut vers une plus grande parcimonie pourraient générer des gains énergétiques notables.
Exemple 4 : les applis mal faites aussi
Outre les ordinateurs (il suffit d’ouvrir le Gestionnaire de tâches de Windows pour mesurer le problème), nos téléphones dits « intelligents » n’ont pas du tout l’intelligence de la parcimonie. De par des nécessités de rentabilité, ou par absence de savoir-faire, des tonnes d’applications « obésicielles » mises sur le marché sont très souvent mal optimisées (impliquent des temps de calcul au-dessus de ce qu’ils pourraient être). Multipliées sur des millions de dispositifs, ces petits riens représentent de grandes quantités d’énergie dépensée évitables.
Exemple 5 : le grand gaspillage des box internet et des réseaux sans fil
Pour faire court : qui pense à éteindre sa box la nuit ? Pourquoi laisser tourner pendant notre sommeil tout un tas d’appareils qui ne seront pas sollicités ? Quand bien même on aurait pensé à les mettre en veille, pourquoi ne pas en plus économiser ces dizaines de petites veilleuses qui témoignent du sommeil de l’appareil ? Une simple programmation de l’arrêt complet de ces appareils pourrait nous faire gagner tant d’énergie…
On pourrait trouver bien d’autres exemples de situations où le numérique « sans conscience » qui ne connait ni restriction ni parcimonie fait accroitre la dépense énergétique à l’heure où l’on cherche justement à la faire décroitre. Son empreinte sur la société étant vouée à s’accroitre fortement dans les années à venir (solutions « cloud », multiplication des supports), rationaliser ses usages devrait être une priorité.
Idées en vrac :
- Sensibiliser le grand public et les professionnels à ce qui se cache réellement derrière l’usage irraisonné du numérique en termes de facture énergétique. L’inciter à adopter des usages plus responsables dans son quotidien (sensibiliser à la désinscription aux newsletters publicitaires, se limiter aux notifications utiles, compression des pièces jointes…)
- Obliger les fabricants d’outils numériques à optimiser nettement mieux les dépenses des systèmes en termes de ressources. Etudier toutes les possibilités de réduction de la facture énergétique dans le numérique (rationalisation, adéquation offre-demande…).
- Mieux poursuivre et punir les émetteurs de « spams ». Rendre légalement plus difficile la vente des données personnelles des utilisateurs à des fins commerciales. Ouvrir de vraies solutions aux citoyens qui refusent le démarchage.
- Obliger les fabricants des systèmes d’exploitation à fournir un paramétrage simple des fonctionnalités et d’autoriser l’utilisateur à élaguer facilement tout l’indésirable, et en lui expliquant pourquoi ceci est important.
- Obliger les constructeurs de box internet à informer les utilisateurs. Inclure des systèmes facilement paramétrables pour programmer le sommeil des box et des réseaux sans fil.
3. Industrie : rétropédaler sur la surcouche électronique et la fabrication « jetable »
Les objets de notre quotidien évoluent à grande vitesse. Ceci est d’autant plus vrai avec le perfectionnement de l’électronique et l’avènement du numérique.
La baisse des couts des composants et la concurrence de certains marchés hors de l’Europe induits par la mondialisation ont conduit les objets de notre quotidien à se doter d’une surcouche électronique qui, bien qu’elle puisse se comprendre voire se justifier, amènent à une complexité inutile et une inflation des causes de pannes.
La nécessite marketing fictive de « produire du nouveau », de « regagner l’attention du consommateur », de « mettre la pression » à ceux qui ne possèdent pas le modèle dernier-cri poussent le citoyen à acheter davantage qu’il n’en a réellement besoin pour des gains technologiques accessoires, voire purement esthétiques.
Réorienter l’idéologie sous-jacente à la production industrielle « jetable », non-durable, constitue un formidable gisement d’économies.
Exemple 1 : l’automobile
Ceci est particulièrement vrai dans l’automobile où l’électronique a pris une place inamovible dans les systèmes, souvent pour des éléments accessoires sans grand intérêt pour qui sait conduire et manœuvrer (radars, systèmes de guidage, d’ouverture, témoins, données statistiques, commandes vocales…). Cette électronique est source de pannes et implique généralement de plus grandes dépenses d’entretien pour le consommateur. Les nouveaux systèmes-témoins de pression des pneus ajoutent une surcouche complètement facultative en cherchant à se substituer à un utilisateur qui, comme pour l’huile de son moteur, n’a qu’à effectuer périodiquement un tout petit contrôle « mécanique » qui ne prend ni de temps, ni d’argent.
Lorsqu’il est question d’électronique, le profane est par ailleurs globalement incapable de diagnostiquer par lui-même la cause de la panne, et doit faire appel à un expert (rémunéré de sa poche) pour remettre son appareil en ordre de marche.
En bref : l’électronique automobile, bien que la précision qu’elle apporte soit appréciable et substantielle, pourrait être retirée partout où elle est facultative, voire inutile. Ceci diminueraitles causes de pannes et allégerait le panier d’entretien du consommateur.
Exemple 2 : la généralisation abusive des écrans LCD
Les écrans LCD (et technologies semblables) ont envahi notre quotidien, pour de mauvaises raisons. La publicité urbaine (transports en commun, vitrines) y fait appel massivement, au prétexte que l’animation attire l’attention du passant. Sur les aires d’autoroutes, il n’est presque plus possible de trouver une machine à café automatique « à l’ancienne » qui propose de choisir mécaniquement entre certains programmes. Toutes ont été remplacées par des machines à écran tactiles qui, de jour comme de nuit, ne connaissent pas la veille et diffusent animations, interfaces et publicités hors de leur activité. De mon expérience, j’ai l’impression que le nombre de machines « hors-service » est toujours plus nombreux. Pourtant, les machines mécaniques fonctionnaient très bien !
Ces dispositifs induisent une consommation électrique par l’éclairage et des coûts de fabrication supplémentaires qui ne trouvent pas de justification autre que « marketing ». Certains matériaux (terres rares) sont d’importance stratégique et ont un fort impact environnemental de par leur extraction.
L’immense variété des matériaux nécessaires à la construction des écrans LCD rend leur recyclage complexe et coûteux. Réduire la quantité d’éléments complexes à recycler et à traiter (dont le mercure) constituerait une économie d’énergie notable et éviterait nombre de mises en décharge.
Exemple 3 : les imprimantes et l’obsolescence programmée
De plus, on ne produit plus pour durer. L’industrie tend aujourd’hui à privilégier des solutions « jetables » plutôt que de concevoir des appareils faits pour rester en fonctionnement de longues années, voire des décennies.
Prenons le cas des imprimantes de bureau. Alors qu’elles ne coutent presque plus rien à l’achat, le prix des cartouches d’encre égale pratiquement le coût de l’appareil. Les utilisateurs l’ont bien compris : remplir soi-même des cartouches avec un forage astucieux et des bidons d’encre bon marché, c’est facile. C’est pourquoi les fabricants ont rapidement équipé leurs machines de systèmes permettant « d’indiquer » artificiellement à la machine que le niveau d’encre d’une cartouche n’est pas celui réellement observé : une cartouche remplie manuellement n’est pas forcément reconnue comme telle et cela bloque tout le système. Ainsi, des intérêts commerciaux (mal placés) nous obligent à jeter à la poubelle tout un système complexe (tête de lecture) pénible à recycler, plutôt que de nous laisser la main sur une solution qui contente celui qui dispose de l’objet et a payé pour.
J’ai donné ici l’exemple des imprimantes de bureau. Mais ceci est vrai pour la plupart des objets de notre quotidien, du premier stylo venu au textile. Pour nombre d’appareils, il devient souvent plus avantageux de jeter un dispositif entier que de remplacer ce qui ne fonctionne plus dedans. Ecologiquement parlant, c’est une aberration sans nom. Pour d’autres, certaines pièces sont de conception (volontairement ?) « faible » et cassent systématiquement au bout d’un certain temps d’usage, alors que l’ensemble du dispositif demeure tout à fait fiable. L’obsolescence se trouve parfois dans la conception : il est de norme désormais que les roulements de nos machines à laver, première cause de panne, et facilement changeables, sont aujourd’hui fondus dans la masse et rendus inaccessibles.
Je ne parle pas de ces téléphones portables, toujours plus « puissants », qui ne tiennent désormais pas plus d’un an, qu’on bride volontairement après une date donnée, ou qui souffrent de défauts de conception majeurs à l’heure où ils sortent sur le marché.
Idées en vrac :
- Obliger légalement les constructeurs d’objets de la vie courante implantés en France à proposer des modèles « mécaniques » simples avec lesquels l’utilisateur pourrait, comme il le faisait il y a deux décennies, facilement diagnostiquer les pannes et intervenir lui-même dans l’entretien ou le remplacement d’une pièce usée. En parallèle, augmenter la durée de disponibilité obligatoire de ces pièces de rechange.
- Que l’état promeuve et finance activement des projets innovants de notre pays qui visant à produire de nouveau des appareils à longue durée de vie, tout en assurant un diagnostic facile des pannes. La France ne manque pas de gens volontaires qui ont de bonnes idées, aidons-les à les réaliser (j’ai entendu parler d’une machine à laver française « increvable »…).
- Inciter l’industrie à minimiser l’utilisation de composants électroniques là où cela n’a aucun caractère nécessaire.
4. A très long terme : changer de paradigme
Toutes les idées et solutions évoquées ici concourent à un même objectif : corriger le quotidien pour consommer l’énergie plus justement. Cependant, cette parcimonie n’est qu’un palliatif à court terme, une « rustine » sur la chambre à air percée.
Le mode d’existence prôné par notre civilisation, tourné vers la nécessité du profit, la génération de besoins fictifs et l’individualisme, va à contrario de l’intérêt de l’humain et du non-humain, de la préservation des ressources terrestres et la relation harmonieuse entre nos cultures et la nature. Les efforts entrepris d’un côté par des personnes et instances désireuses de réduire notre facture se heurtent à la dure réalité des forces de l’argent, du lobbying, de l’absence de volonté politique, et s’en trouvent annulés.
C’est ce mode de pensée qu’il faudrait révolutionner pour parvenir à l’adéquation entre les besoins de l’homme et ce que la planète lui permet. Je ne parle pas de prendre des « mesurettes incitatives » ou de « sensibiliser des publics ». Il s’agit d’un défi métaphysique planétaire et civilisationnel.
• Au détriment du renouvellement à tout prix et du gaspillage prôné par la surconsommation et le marketing, se contenter de solutions simples qui subviennent à notre besoin sur une longue période de temps.
• Au détriment de l’individualisme, privilégier des solutions de collectivisation qui optimisent la dépense énergétique, en particulier dans le secteur de la mobilité.
• A grande échelle, que le respect de l’environnement prenne le pas sur le libéralisme économique à outrance, l’incitation à la surconsommation et le gaspillage organisé.
Domaines non abordés, mais qui auraient toute leur place dans cette réflexion :
• L’immense gâchis des emballages.
• Le mauvais réglage des chauffages collectifs d’immeuble.
• La vente en ligne et l’augmentation critiquable du transport international (et de la consommation de carburants)
• Rendre visibles dans l’espace public (écolés) et privé (entreprises) les éco-gestes du quotidien qui pourraient nous faire gagner jusqu’à 1/5 de notre facture énergétique.
• L’aberration de l’éclairage publicitaire la nuit (grandes enseignes lumineuses des hypermarchés, vitrines des magasins, éclairage public déraisonnable).
• Côté mobilité, le soutien à la promotion du vélo urbain privé et aux transports collectifs (dont covoiturage) avant tout autre option.
Après avoir lu l'interview de Sébatien Lécornu et écouté Nicolas Hulot à la radio, j'en conclus que le Ministère a choisi le risque mondial d'emballement climatique et détruire le parc nucléaire qui pose une probabilité de risque local. Je ne suis pas certain qu'ils aillent dans le sens de l'histoire. Une augmentation de 4 °C de la température mondiale est une catastrophe dont nous n'imaginons pas les conséquences. Quant à la sûreté nucléaire en France, elle réduit le risque d'incident à un millionième par an. D'un côté la certitude de la catastrophe mondiale, de l'autre la probabilité d'un accident sans conséquences externes. Nos écologistes ont une curieuse conception de la protection de l'humanité.
Le nucléaire coûte très cher, quand on compte le prix du démantèlement des centrales, le prix du traitement des déchets, le prix des soins aux cancéreux dus aux radiations... On compte un accident GRAVE tous les 20 ans en moyenne, et pas que dans des pays sous développés. Il est inconscient de penser que nous sommes à l'abri. Il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers, sinon bientôt il n'y aura plus besoin de parler de transition énergétique, la vie sur terre sera menacée !
La problématique majeure avec le nucléaire demeure la sûreté. La technologie est bien maîtrisée depuis 50 ans, mais les événements récents ont montré que les risques évoluent toujours et qu'il est nécessaire de se mettre à la page. Tchernobyl est la conséquence d'un délitement unique en son genre de tout un pays/système politique. La chose ne peut pas arriver en France. L'Etat ne plongera jamais dans de tels abysses et EDF n'est pas livrée à elle-même dans l'éventualité d'une incroyable séries de défaillances.
L'autre accident d'ampleur qui a marqué les esprits est le produit de conditions climatiques extraordinaires et d'équipes mal formées ou qui n'ont en tout cas pas réagi comme il le fallait. Fukushima c'est un tremblement de terre et un tsunami qui frappent directement la centrale. Certaines centrales françaises sont plus exposées que d'autres aux risques sismiques (je pense à celles situées dans l'Est du pays) mais le double effet tremblement de terre/tsunami est hautement improbable. Malgré tout, les nouvelles normes qui sont mises en place dans les centrales notamment via le grand carénage prennent en compte ce risque improbable.
Et pour éviter toute réaction inadéquate ou absence de réaction, les personnels sont formés et entraînés régulièrement. Enfin, des équipes d'urgence mobiles ont récemment été créées en cas d'incident gravissime. Tout cela a l'air d'être pensé et raisonné. Je ne me fais pourtant pas d'illusion. Le risque zéro n'existe pas. Mais le nucléaire apporte tant que le risque minime qui existe en France vaut largement d'être pris. Tout le monde ne sera pas d'accord avec cet avis mais les faits avancés ici ne sont pas vraiment attaquables.