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Le forum de discussion

Du 19 mars au 30 juin 2018, ce forum permet à chacun de donner son avis sur la PPE ou sur le débat public lui-même. Tous les avis sont rendus publics et ouverts aux commentaires. Ils seront pris en compte par la commission lors de la rédaction du compte rendu du débat.

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Avis n°434
Ajouté par Lionel ANONYMISé (LALOEUF 54115), le 15/06/2018

EDF/ENEDIS ne sont actuellement pas en mesure de chiffrer avec certitude les coûts de raccordement au réseau des centrales villageoises photovoltaïques dans les campagnes (pb d'éloignement de la centrale et du réseau, nécessité de renforcer la ligne en cas d'injection d'électricté supérieure à la capacité du réseau...) lors de l'étude de faisabilité technique et économique de chacun des projets. Cela fait peser une incertitude grave sur l'équilibre financier des projets qui peut mettre en danger la société porteuse en cas de facturation notablement supérieure à l'estimation initiale projet.

PROPOSITION : contraindre EDF/ENEDIS à s'engager dès sa demande d'avis par la société porteuse du projet et faire supporter à EDF/ENEDIS les éventuels surcoûts en cas de sous-estimation initiale des coûts.

Avis n°433
Ajouté par Lionel ANONYMISé (LALOEUF 54115), le 15/06/2018

Les collectifs citoyens qui veulent constituer une CV de production d'électricité photovoltaïque sont rapidement confrontés aux obstacles et lourdeurs en tout genre (frilosité des élus, complexité des dossiers de demande de subvention et délais de versement, multiplicité des intervenants) pour obtenir des subventions. C'est très décourageant et démobilisateur.

PROPOSITION : créer un guichet unique allouant dès la création de l'association, de la SAS ou des la SCIC, des avances remboursables (en tout ou partie ou convertibles en capital social) sur simple présentation du projet et des devis des prestataires (experts en tout genre) dans la phase d'émergence et de développement.

Avis n°432
Ajouté par Jean ANONYMISé (Boutx), le 15/06/2018

On sait, depuis les années 80, que la pompe à chaleur permet de diviser par 4 la consommation. Aujourd'hui, la pompe à chaleur est soumise, suite à la COP21, à tout un tas de procédures totalement injustifiées, et donc un coût d'installation et d'entretien injustifié : une pac de 3,2 kW contient 780 g de R410 avec un PRG de 2088, ce qui représente 1628 kg de CO2 ou 444 kg de carbone brûlé soit moins de 2 stères de bois en cas de fuite totale. Est-t-il raisonnable pour la planète de diaboliser ainsi les PAC qui font économiser l'équivalent de 5/6 stères de bois/an sur 20 ans ?
Leur vente est interdite aux particuliers et même professionnels non agréés (simples plombiers) alors même qu'il existe des modèles préchargés pouvant être raccordés de manière totalement étanche. De plus, les procédures imposées aux installateurs renchérissent les interventions (200€ pour charger 780g de R410 en 1/2h), ce qui détourne les clients potentiels de la solution la plus respectueuse de la planète.
Aujourd'hui, 45% de la consommation étant dévorée dans des résistances, on pourrait donc baisser facilement la production de 30%.
Il pourrait sinon suffire de développer des PAC monobloc montées à l'intérieur ou l'extérieur en remplacement des radiateurs à puissance thermique égale pour le prix d'un congélateur.

Avis n°431
Ajouté par Bernard ANONYMISé (Arvert), le 15/06/2018

La transition énergétique, c'est en fait le passage d'une société vivant des combustibles fossiles à une société ayant appris à s'en passer. N'en déplaise au MO et à l'Agence Internationale de l'Energie, selon les géologues spécialisés les contraintes géologiques sur la production des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) sont devenues telles que la quantité d'énergie que les combustibles fossiles mettent chaque année à la disposition de l'humanité, toutes sources étant cumulées, pourrait décliner à partir de 2025-2030 1. Compte-tenu de l'augmentation encore rapide de la population mondiale, ce déclin serait encore plus fort par habitant de la planète.

Les échéances

Le pétrole

S'agissant du pétrole, celui des combustibles fossiles qui connaîtrait le premier son déclin, les quantités de pétrole dit tous liquides (addition du pétrole conventionnel, du pétrole dit de schistes, des pétroles extra-lourds, des liquides extraits du gaz naturel et des pétroles synthétiques) produites dans le monde augmenteraient encore en volume (mais pas en énergie disponible pour la société mondiale, car l'énergie volumique du baril de pétrole a diminué sensiblement ces dernières années) à un rythme lent jusque vers 2020, peut-être 2025, cela malgré le développement rapide du pétrole de schistes depuis 2010. Le pétrole conventionnel, qui représente les trois-quarts des quantités de pétrole tous liquides, est déjà en déclin depuis 2006. Ajoutons que les volumes de pétrole mis sur le marché mondial, actuellement à peu près la moitié de la production totale, tendent déjà à diminuer du fait de la consommation intérieure croissante des pays exportateurs. A moins que ces derniers ne décident très rapidement des efforts considérables d'économie et/ou d'utilisation de substituts (par exemple nucléaire à la place de fuel pour leur production d'électricité, comme l'a fait la France après les chocs pétroliers de 1973 et 1979), cette tendance va s'accentuer ! Notons aussi que les pétroles non-conventionnels ne représentent que peu de chose dans le commerce mondial, et que le pétrole conventionnel, en déclin, représente donc l'essentiel des imports-exports. Il Il y a quelques années l'alerte a été donnée en France via un grand journal national 2. Elle ne semble pas encore avoir atteint nos gouvernants. Le gaz naturel Le gaz naturel a pour l'essentiel la même origine que le pétrole et sa production connaît les mêmes contraintes géologiques. Exploité en masse un peu plus tard que le pétrole, il connaîtrait son pic une dizaine d'années plus tard que lui, autour de 2030-2035, cela malgré le développement du gaz de schistes. Le charbon Le charbon est celui dont l'évolution des productions est la plus difficile à analyser. La date du pic mondial n'est pas aussi bien cernée que pour le pétrole et le gaz. Il s'agirait de 2030-2035 semble-t-il 3. Mais cela pourrait être bien avant. En effet le pic de production de la Chine, qui produit actuellement environ la moitié de la production mondiale, semble très proche 4.

Les contraintes autres que géologiques

Les contraintes géologiques ne sont bien sûr pas les seules à gouverner les productions. Il y a aussi les contraintes économiques et politiques : des prix trop élevés peuvent provoquer une crise de la demande et des crises économiques ou politiques peuvent réduire les productions annuelles par rapport aux possibilités permises par la géologie. Les pics de production seront alors retardés et leur hauteur sera moindre, mais les quantités produites chaque année seront alors plus faibles qu'en l'absence de ces crises. Les quantités produites au total n'en seront pas pour autant plus grandes. Un exemple est celui des chocs pétroliers de 1973 et 1979, qui ont eu probablement pour effet de retarder la venue du pic pétrolier mondial d'au moins 10 ans.
Etant donné l'étroite relation qui existe entre la disponibilité des combustibles fossiles et la marche de l'économie mondiale, et quand on se souvient des dégâts provoqués sur celle-ci par les chocs pétroliers de 1973 et 1979, les conséquences qu'aurait un déclin rapide, irréversible et si rapproché dans le temps, des quantités d'énergie que nous pouvons tirer de l'ensemble des combustibles fossiles sont potentiellement catastrophiques. Elles ne peuvent être aménagées, étant donné la grande inertie des systèmes industriels, que si des contre-mesures très fortes sont prises dès maintenant. Notons aussi que la hiérarchie des nations industrielles en serait rapidement changée, celles ayant encore des réserves importantes de combustibles fossiles pouvant faire face plus longtemps que celles n'en ayant pas ou plus. Les énergies de substitution L'éolien et le solaire, sur lesquels beaucoup semblent compter pour assurer la transition énergétique, même s'ils progressent rapidement en ce moment, ne pourront à l'évidence jouer qu'un rôle secondaire dans cette transition, car il leur faudrait des taux de croissance véritablement fantastiques pour cela. En effet, selon l'Agence Internationale de l'Energie, leur contribution n'était encore en 2015 que de quelque 2 % de l'approvisionnement mondial en énergies primaires, contre environ 82% pour les combustibles fossiles. Pour l'Europe ex 28, il s'agissait d'environ 3 % et 72 %. Pour la France, il s'agissait d'environ 1,5 % et 46 %, la contribution relativement faible des combustibles fossiles étant due dans son cas à l'importance du nucléaire. Les chances que l'éolien et le solaire puissent compenser le déclin des combustibles fossiles aux échéances indiquées paraissent donc bien minces. Quant au nucléaire, sa contribution à l'approvisionnement mondial en énergie primaire était en 2015 selon l'AIE de 4,9 % pour le monde, 14,9 % pour l'Europe ex-28 et de 45,2 % pour la France. Le nucléaire a donc également peu de chances de pouvoir compenser ce déclin à ces échéances, sauf en ce qui concerne la France.
Ces analyses ne procèdent bien sûr pas d'une science exacte : des incertitudes et des désaccords existent encore sur les estimations des réserves restantes de combustibles fossiles, et sur celles de leurs vitesses de production futures. On peut toujours espérer un miracle des découvertes inattendues de gisements de type encore inconnu, ou des révolutions technologiques. Et il faut sans aucun doute perfectionner les analyses et les modèles avec lesquels on cherche à prédire les productions possibles dans le futur, mais aussi créer les modèles économiques permettant de relier ces productions à la marche de l'économie. Il est d'ailleurs très étonnant, étant donné l'importance majeure du sujet pour l'équilibre mondial, que si peu de moyens y soient pour l'instant consacrés par les économistes.
Mais il faut raisonner en probabilité : celle d'un début du déclin de l'offre possible totale à l'échelle mondiale de l'énergie primaire fournie par les combustibles fossiles en 2025-2030 est forte, tout comme l'est celle d'un accroissement de sa demande sous l'effet de la poussée démographique et de l'aspiration de populations très nombreuses à plus de bien-être. Cela laisse présager bien des turbulences dans l'économie et de la société mondiales et peut-être même une crise de civilisation dans les pays industrialisés, tant est grande l'importance des combustibles fossiles dans leur structure et leur fonctionnement.
S'agissant de la France, avec une consommation de combustibles fossiles qui ne représente qu'environ 1% de la consommation mondiale, elle n'est guère en position de peser sur leurs marchés. La politique énergétique la plus sage qu'elle puisse suivre est sans doute d'anticiper leur déclin, en premier lieu celui du pétrole, pour accompagner ce déclin plutôt que d'avoir à le subir passivement. La priorité de cette politique devrait donc être de chercher les moyens de s'adapter à une diminution forcée et durable de notre approvisionnement en pétrole. A tout le moins, l'hypothèse d'une diminution progressive de notre approvisionnement en pétrole d'ici peu d'années devrait être prise rapidement en considération, et ses conséquences étudiées de près par les économistes. Mais une politique d'anticipation ne pourra guère être mise en place sans une très forte détermination: Elle rencontrera en effet de grandes résistances qui seront le fait non seulement de groupes catégoriels ou politiques ayant intérêt ou trouvant de la facilité au statu quo, ou d'«optimistes» convaincus de l'inexistence du problème, mais bien sûr aussi de raisons physiques, car se passer de pétrole sera très malaisé : Le pétrole est littéralement devenu, en particulier depuis la deuxième guerre mondiale, le sang des sociétés industrielles, à cause de la facilité et de la variété de ses usages, de son rôle déterminant dans les transports, et, jusqu'ici, de son faible coût d'accès. ! Il a aussi des utilisations pour lesquelles il semble très difficile actuellement de lui trouver des substituts de façon très significative: agriculture, travaux publics, transport aérien, pétrochimie...

La politique énergétique affichée officiellement actuellement par la France est surréaliste au vu des considérations précédentes :
La principale direction indiquée est la fermeture progressive des centrales nucléaires au profit de l'éolien et du solaire photovoltaïque. C'est pourtant l'importance de ce nucléaire qui lui a permis de décarboner presque complètement son électricité et ce faisant lui a permis de réduire sa consommation de combustibles fossiles (et ses émissions de gaz carbonique) à un niveau qui est de loin le plus faible de tous les grands pays industrialisés ! Or la fermeture des centrales nucléaires mènera chez nous pour l'essentiel à leur remplacement non pas par de l'éolien et du solaire photovoltaïque, mais par des centrales à combustibles fossiles, comme c'est le cas maintenant au Japon, car les électricités éolienne et solaire, intermittentes, ont besoin de centrales pilotables de soutien pour pouvoir être utilisées. Cela faute de moyens de stockage de l'électricité suffisamment importants, pour sans doute très longtemps.
La logique aurait voulu de concentrer les efforts, non pas sur l'électricité, déjà presque complètement décarbonée, mais sur les secteurs les plus consommateurs de combustibles fossiles, en particulier de pétrole, c'est-à-dire l'habitat et les transports. Cette politique aurait été efficace non seulement pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour améliorer la balance commerciale française qui souffre beaucoup du poids des importations de combustibles fossiles, et qui va souffrir aussi maintenant de plus en plus du poids des importations d'éoliennes et de panneaux solaires, fabriqués hors de France. Et bien sûr il aurait été possible ainsi de déjà se prémunir autant que possible contre les conséquences d'un déclin de la production pétrolière mondiale dans peu d'années. Beaucoup de temps et d'argent ont ainsi été perdus.
Il est urgent de se ressaisir ! Le nucléaire nous est indispensable pour faire face aux défis qui s'annoncent à court terme. Il faut donc, non le réduire, mais au contraire presser le pas pour le développer. Il faut en particulier développer rapidement les réacteurs surgénérateurs qui peuvent nous assurer des milliers d'années de ressources énergétiques.

1 Durand, B., 2018. Petroleum, natural gas and coal: nature, formation mechanisms, future prospects in the energy transition . A paraître, EDP Sciences, 2018.
2 Mobiliser la société face au pic pétrolier, Le Monde du 22 Mars 2012 http://tribune-pic-petrolier.org/
3 Heinberg, R. and Fridley, D., 2010 : The End of Cheap Coal. Nature 468, 367-369
4 Fridley, D. et al., 2012 . Review of China's Low-Carbon City Initiative and Developments in the Coal Industry . Ernest Orlando Lawrence Berkeley National Laboratory.

Avis n°466
Ajouté par Rémi ANONYMISé (AMANVILLERS), le 15/06/2018

Afin de réduire les déchets ne serait-il pas judicieux de mettre une consigne conséquente sur les emballages (par exemple bouteilles en plastiques, cannettes métal et alu, contenants en verre...) ? Cette solution est très motivante (par exemple en Allemagne 0,25c€ par bouteille plastique), elle n'augmente pas le coût de la vie puisque le montant est rendu si l'emballage est rapporté. Ceux qui ne rapportent pas améliorent la rentabilité du système... Pour le verre, la collecte actuelle ne permet pas de séparer le verre blanc du verre coloré. Avec des transports propres et de la chaleur renouvelable, les contenants en verre pourraient avantageusement être réutilisés (réduction de l'extraction de sable blanc et pas besoin de refondre le verre).

Avis n°430
Ajouté par Pierre ANONYMISé (Paris), le 15/06/2018

Aujourd'hui les dépenses, réalisées et engagées, pour les renouvelables sont de 131 Milliards d'Euros pour une production faible et une augmentation des GES de 3%. C'est un fiasco. La PPE est l'occasion d'une réorientation vers une réelle réduction de nos émissions de CO2. Il faut prendre en compte les priorités suivantes :
- développement des ENR thermiques
- isolation de 500 000 logements par an
- développement de la mobilité électrique
- utiliser optimalement le parc nucléaire existant
Dans ces conditions l'argent sera dépensé efficacement et les émissions de CO2 baisseront.

Avis n°427
Ajouté par Henri ANONYMISé (Paris), le 14/06/2018

RTE ne dit pas directement que ses scénarios coûteraient 10 à 15 milliards d'euros par an de plus que le maintien du nucléaire. Mais il nous donne à la fois la méthode et les chiffres pour le démontrer de la façon la plus simple et la plus évidente. Voici. La méthode de calcul : on retient chaque année les dépenses de fonctionnement et ce qui est dépensé cette année-là comme investissement. D’autre part, RTE nous donne les composantes du coût de chaque moyen de production par kilowatt et par MWh effectivement produit. Si l’on maintient en marche tous les réacteurs nucléaires dont le fonctionnement est sûr (ceux de Fessenheim sont sûrs), on n’a pas besoin d’une éolienne ni d’un panneau photovoltaïque de plus que ceux qui sont déjà installés. Outre l’hydraulique il faut encore une petite production à partir de gaz et l’on pourra exporter autant qu’avec le scénario Volt par exemple. Les seuls investissements à faire sont des travaux de mise à niveau sur tous les réacteurs. RTE les compte pour 600 €/kW. Mettons plutôt 1000 €/kW pour ne pas être contesté, ce qui fait 63 milliards d’euros répartis sur 15 ans soit 4,2 milliards par an. Avec les coûts prévus par RTE pour 2035 (en € par kW et par an : 121 pour le nucléaire, 40 pour l’éolien et 30 pour le photovoltaïque) les dépenses de fonctionnement de 65 GW nucléaire, 14 GW éolien, 8 GW solaire et aussi 8 TWh de gaz sont de 8,8 milliards d’euros par an. Au total donc, avec les investissements, 13 milliards d’euros par an. Or, selon RTE, les dépenses de production des scénarios Volt et Ampère, calculées exactement de la même façon, sont de 24 et 29 milliards par an. La différence est de 11 milliards par an dans un cas, de 16 milliards d’euros dans l’autre. Mais RTE nous montre qu’il a le sens de l’humour : page 253 de son bilan prévisionnel, au sujet de Volt, ce titre : « des coûts stables ou en diminution ». Ce n’est pas faux (les dépenses de Volt baissent de 2020 à 2035) ; c’est simplement trompeur. Mais RTE est sympa de nous donner tout ce qu’il faut pour débusquer la désinformation en quelques lignes.

Avis n°424
Ajouté par Jean ANONYMISé (LYON), le 14/06/2018

L'énergie est un sujet très complexe surtout en tenant compte de tout l'amont et de l'aval. Réunir 400 personnes qui ne sont pas, pour la plupart des experts du sujet, revient à réunir 400 personnes sans expérience médicale dans un congrès d'oncologie. Le G 400 s'est parait-il bien passé ! Mais qu'a-t-il apporté par rapport aux dires des experts ? Chacun et surtout les médias croient connaître le domaine de l'énergie. Je travaille dans la production d'énergie électrique depuis 40 ans et je mesure tout ce qu'il me manque encore en tant qu'expert. Le G 400 est de la pure démagogie. Il n'enrichit pas le débat.

Avis n°422
Ajouté par Françoise ANONYMISé (IGNY), le 14/06/2018

Je suis très étonnée que les projets de lois dits « paquet énergie propre », actuellement en discussion entre la Commission Européenne, le Parlement et le Conseil n'occupent que quelques lignes dans le document du MO (voir le bas de la page 22). En effet, ces discussions sont fondamentales puisque la PPE devra répondre aux exigences des lois européennes. Or les projets tels que proposés par la Commission sont extrêmement inquiétants.

Concernant la gouvernance, la proposition de la Commission consiste à prendre le pouvoir sur les systèmes énergétiques dans tous les Etats-membres afin d'atteindre les objectifs fixés en 2014 et 2015 en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre, de développement des renouvelables et l'augmentation des capacités d'interconnexions. Cette prétention qui bafoue le principe de subsidiarité du traité de Lisbonne a soulevé des réactions au niveau des Etats et la position de négociation du Conseil est très en retrait, ce qui ne signifie pas qu'elle soit satisfaisante. En particulier, les objectifs en matière de développement des énergies renouvelables et d'augmentation des capacités d'interconnexion ne tiennent pas compte des spécificités des Etats-membres, ni des contraintes physiques, économiques et sociales. La position du Parlement a été de surenchérir sur ces objectifs...

Ce qui concrètement signifie que si cette loi est adoptée, la PPE française sera décidée par la Commission Européenne et si les objectifs ne sont pas atteints (ce qui me semble inévitable vu les objectifs proposés), la France sera mise à l'amende.
Pour en savoir plus : https://eur-lex.europa.eu/procedure/EN/2016_375

Avis n°429
Ajouté par 3428 (ST AVE), le 14/06/2018

Le sujet de la politique énergétique est un peu complexe, on le mesure en voyant le sondage Ipsos de 2017 selon lequel 44 % des Français pensent que le nucléaire contribue beaucoup à l'effet de serre, alors qu'il n'y contribue pas, à l'égal des énergies renouvelables !

1. Energie et électricité, de quoi parle t-on ?

On veut un développement durable, une croissance soutenable, c'est-à-dire qui ne mette pas en péril la terre qu'on laissera à nos descendants. Dans cet objectif est inclus au premier chef le souci du réchauffement climatique et donc la limitation des émissions de gaz à effet de serre.
Dans ce cadre, on recherche la meilleure trajectoire de consommation d'énergie. Si l'on veut préserver la croissance économique et en tenant compte aussi de la croissance démographique, il faut accepter de laisser croître quelque peu la consommation d'énergie.
Notre consommation d'énergie peut se décomposer d'une part en consommation de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon), essentiellement pour le transport, l'industrie et le chauffage des bâtiments, et d'autre part en consommation d'électricité, produite en France quasiment sans émission de gaz à effet de serre.
Si l'on veut diminuer les émissions de gaz à effet de serre par le pays, il faut donc prévoir d'augmenter la consommation d'électricité, en substituant autant que faire se peut par de l'électricité les consommations de gaz et de produits pétroliers dans le transport, l'industrie et le chauffage (alors que la règlementation thermique dans l'habitat neuf fait actuellement l'inverse).
Cela doit être la première priorité de la PPE, bien avant que de s'occuper de la composition du bouquet énergétique dans la production d'électricité !

2. La production d'électricité

Les choix antérieurs font que la production d'électricité en France se fait grosso modo pour 80 % à partir de nucléaire et pour 20 % à partir de renouvelables : hydraulique, éolien et solaire. Cette proportion de nucléaire a permis non seulement que la France émette (comparativement) peu de gaz à effet de serre, mais aussi que le prix de l'électricité y a longtemps été nettement plus bas (comparativement) que dans les pays voisins.
Notons à ce stade que la production d'électricité dans l'Union Européenne est facialement régie par les lois du marché. Facialement seulement car des subventions énormes sont autorisées pour la production par l'éolien et le solaire. Ces subventions faussent complétement le marché puisque à certaines périodes où le vent souffle fort, le prix de l'électricité sur les marchés de gros devient nul, voire négatif, rendant les autres modes de production peu pou pas rentables. Or l'électricité n'est guère stockable et ne le sera pas de sitôt en grandes quantités. Donc, dans les autres périodes où il y a peu de vent et de soleil (par exemple certaines nuits d'hiver), la fourniture d'électricité par le réseau nécessite de faire fonctionner d'autres modes de production d'électricité pilotables, essentiellement des centrales à gaz (émettrices de gaz à effet de serre) ou des centrales nucléaires. Renoncer aux centrales nucléaires reviendrait à s'obliger de faire fonctionner des centrales à gaz (d'origine essentiellement russe ou arabe), voire à charbon comme en Allemagne.
En France, on est actuellement dans une situation où on subventionne la création (par des prix garantis) de moyens de production éoliens et solaires (plus de 10 milliards d'euros par an à ce stade, payés par le consommateur et dont une grande partie va dans la poche des fabricants étrangers des éoliennes et des panneaux solaires). Les centrales nucléaires existantes, amorties, permettent toutefois encore de limiter l'augmentation des prix de l'électricité. Soulignons à nouveau que ces centrales sont pilotables, c'est-àdire qu'elles permettent de laisser la place à l'éolien et au solaire quand ceux-ci sont capables de produire.
Si l'on reste dans le système européen actuel, qui n'est qu'un compromis politique loin de l'optimum, plus on subventionnera l'éolien et le solaire pour augmenter leur part en Europe dans le bouquet énergétique, moins les autres moyens de production seront rentables, et plus il faudra donc subventionner aussi les centrales nouvelles, qu'elles soient à gaz et nucléaires ! En tout cas, il faut reconnaître que, du fait de ces prix de marché qui sont très reliés entre eux, les politiques électriques des pays européens voisins doivent être coordonnées.

3. Quelle proportion de nucléaire ?

La proportion de nucléaire futur dans le bouquet électrique est une décision politique à très long terme ; la proportion actuelle de nucléaire résulte de décisions prises il y a près de 50 ans.
Ces décisions ont-elles été mauvaises ? Regardons les 2 inconvénients le plus souvent mis en avant pour s'opposer au nucléaire. Si l'on considère les effets sur la sécurité (risques d'accident nucléaire) et de santé (pollution radioactive) des populations, les centrales des pays occidentaux n'ont pas occasionné de catastrophe (la centrale de Fukushima au Japon n'a malgré les images inquiétantes pas provoqué de mort par la radioactivité, c'est le tsunami qui a provoqué environ 10000 morts), ni même d'effet nocif mesurable. Et si l'on considère le fardeau légué aux générations futures, le volume de tous les déchets produits jusqu'ici par le programme nucléaire français et qui resteront hautement radioactifs pendant des milliers d'années, ce volume tient dans quelques piscines olympiques, et sera donc parfaitement gérable quelle que soit l'option choisie pour leur stockage (la civilisation actuelle produit bien d'autres artefacts bien plus irréversibles que ces déchets). Ces inconvénients ou risques souvent cités sont donc limités, et doivent être mis en balance avec l'abondance énergétique à prix modéré et sans réchauffement climatique que le nucléaire peut nous assurer.
Les centrales nucléaires existantes peuvent encore fonctionner au moins 20 à 30 ans, à 2 conditions : remplacer certaines pièces qui s'usent et contrôler que le vieillissement des autres ne mette pas en cause la sûreté du réacteur et 2) que l'autorité de sûreté française, dans ses exigences, ne fasse pas de surenchère permanente au-delà de ce que les autorités de sûreté des autres pays (notamment USA) demandent, car une telle surenchère pourrait finir par rendre le nucléaire non compétitif économiquement.
Il est possible que certaines centrales nucléaires doivent être fermées à un moment donné parce qu'il ne serait pas possible ou pas économique de garantir leur sûreté au-delà d'une certaine durée de fonctionnement. Mais l'objectif actuel consistant à viser une proportion de 50 % de nucléaire dans le bouquet énergétique (pourquoi pas 45 ou 55 % ?, et pourquoi à horizon de 2025 plutôt que 2035 ou 2045 ? et si le nucléaire est complètement indésirable pourquoi pas 0 % ?), cet objectif de 50 % de nucléaire est une décision purement politique, qui pourrait conduire à fermer prématurément une vingtaine de réacteurs (sur 58).
Cette décision de fermeture prématurée de réacteurs est aussi absurde que de décréter qu'une voiture doit être mise à la ferraille sous le seul prétexte que son compteur kilométrique atteint 120 000 km.
Pour le long terme, il va être nécessaire d'engager la construction de nouveaux réacteurs qui prendront le relais des réacteurs arrivant en fin de vie et fonctionneront jusqu'à la fin du 21 ème siècle. Dans un contexte mondial où le nucléaire conserve sa place (notamment en Asie), cela permettra de maintenir en vie la filière nucléaire française (on n'a pas tant que ça d'industries reconnues mondialement), mais une condition à cette décision est que les règles de marché européennes soient adaptées pour permettre la viabilité financière de ces projets de très long terme.

Conclusion

Si on veut limiter l'émission de gaz à effet de serre tout en disposant d'une énergie la moins chère possible, il faut privilégier l'usage de l'électricité, et produire cette électricité par du nucléaire, avec une part d'énergies renouvelables qu'il faut maintenir limitée tant que les coûts complets de l'éolien et du solaire n'auront pas baissé au niveau de ceux du nucléaire.

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