Vous êtes ici

Le forum de discussion

Du 19 mars au 30 juin 2018, ce forum permet à chacun de donner son avis sur la PPE ou sur le débat public lui-même. Tous les avis sont rendus publics et ouverts aux commentaires. Ils seront pris en compte par la commission lors de la rédaction du compte rendu du débat.

Les derniers avis exprimés, ainsi que ceux récemment commentés apparaissent en premier dans le forum.

Donner un avis

 

Tous vos avis et commentaires sont soumis à une charte de modération

Consultez notre charte

Avis n°124
Ajouté par Yves ANONYMISé (Nieul lès Saintes), le 28/03/2018

L'accès à l'énergie étant fondamental pour l'avenir de la civilisation humaine, l'idée d'un débat citoyen me semble excellente et il me semble plus encore essentiel d'y participer.

L'emballement économique et technologique mondial des 2 derniers siècles est indissociablement lié à l'intensité d'exploitation des réserves énergétiques disponibles dans le manteau terrestre. Essentiellement d'origine organique la consommation massive de cette énergie fossile a pour conséquence la modification de l'éco-système terrestre dont on mesure chaque année les effets délétères sur la vie (disparition d'espèces, migrations de populations exposées, phénomènes climatiques violents).
Ce projet de loi est par conséquent vital pour la collectivité et son avenir. Il ne s'agit pas ici d'une problématique de second ordre, c'est un projet qui doit être traité dans un esprit de rigueur scientifique en écartant toutes considérations idéologiques et mercantiles.

Rappels basiques :
1. Les ressources terrestres sont limitées. Elles constituent par conséquent un ensemble fini de matières qu'il y a lieu de gérer de façon responsable pour les générations à venir.
2. Décarboner l'économie mondiale est désormais l'urgence 1 pour préserver notre habitat terrestre. Cette transition requière un recours massif à la technologie pour un développement durable.
3. L'électricité représente en France environ 25% de la consommation énergétique. Autrement dit l'effort de conversion de notre consommation annuelle d'énergie carbonée porte sur 75% du total.
4. L'empreinte carbone de la consommation annuelle Française, biens et services importés, est de l'ordre de 12t de CO2/habitant
5. Les 2 points précédents illustrent la dimension mondiale du problème et soulignent la responsabilité de la France pour apporter des solutions généralisables à l'international.
6. Les engagements financiers pour réaliser cette révolution énergétique sont tels qu'ils imposent une gestion rigoureuse des fonds publics

Un projet de Programmation Pluriannuelle de l'Energie exemplaire

La position Française de leader dans le combat contre le réchauffement climatique nous contraint à l'exemplarité et à l'ambition, aux antipodes du raisonnement égoïste américain. Cette responsabilité nous impose courage et lucidité dans un contexte sociétal où le simplisme, la crédulité et la tentation d'un recours aux solutions d'inspiration idéologique sont plébiscitées.

Toutes solutions étant praticables sur le papier, les principes de rationalité devant être systématiquement examinés sont :
- le coût global (cycle de vie) par unité d'énergie produite
- le coût global par unité d'énergie économisée (effort consenti pour l'efficacité énergétique)
- la durabilité (sens économique, social et environnemental) du service rendu à la collectivité.

Remarques sur le bilan prévisionnel de RTE relatif aux équilibres offre / demande France

Les perspectives de stagnation voire de baisse de la consommation d'électricité semblent tenir pour l'essentiel au seul argument d'une efficacité énergétique renforcée.
Le monde technologique évoluant très fortement ces dernières années, on peut en effet y voir des promesses de gains significatifs. Au demeurant la contrainte climatique, avec comme corollaire une énergie nécessairement moins carbonée, nous conduit à d'importants efforts de conversion du fossile vers l'électrique. Comment peut-on ne pas en retrouver trace dans les perspectives à 2035 ?
Schématiquement l'énergie électrique produite en France représente aujourd'hui 25% de notre consommation d'énergie. La cible énergétique à 2050 devant être 4 fois moins carbonée (réf 1990), on imagine difficilement le scénario d'une stagnation de la production électrique dans un contexte de substitution massif de l'énergie fossile à une énergie durable sous toutes ses formes.

Il y a là une invraisemblance qui mérite une clarification argumentée et chiffrée.

Remarques sur les énergies renouvelables intermittentes :

A défaut de moyens de stockage de l'énergie électrique, l'inconvénient majeur de ces modes de production est de ne pas être en mesure de répondre à la demande du système (réseau électrique) quand il est nécessaire. Il en résulte un coût invraisemblable pour la collectivité (100 Mds€ d'engagements de CSPE) en l'état des seuls 17 GW de puissance installée à ce jour. On soulignera que la puissance garantie pour le réseau est de l'ordre de 1% pour le seul éolien soit 110 MW.
La durée de vie de ces équipements est par ailleurs très inférieure à celle d'équipements de production pilotables. Il y a donc lieu de tenir compte de ce paramètre dans l'argumentaire pour leur développement.

Proposition d'amélioration :
La politique d'aide au développement conduit aujourd'hui à un accompagnement de l'investisseur sur les 20 premières années (prix garanti, obligation d'achat, subvention). Cette situation engendre un effet d'aubaine financier à l'origine d'une déstabilisation du marché et d'importants surcoûts pour la collectivité sans contreparties objectives.

Propositions d'alternatives pour l'éolien et PV de type industriel :
- prix garanti sur la seule période d'amortissement de l'installation (5 à 10 ans)
- au delà obligation d'achat mais au prix du marché (possible désormais avec la généralisation du compteur communicant)
- suppression des subventions et retour au statut général de producteur de biens et de services
- obligation de stockage d'une part de l'énergie excédentaire produite. Achat par EDF, conversion industrielle sous forme d'hydrogène, stockage et utilisation en période déficitaire d'énergie (contribution à la régulation système des énergies intermittentes)

Analyse conjoncturelle :

L'engouement des peuples pour le renouvelable tient à une aspiration profonde de nature, d'authenticité face aux excès et dérives du système industriel mondial des 60 dernières années : pollutions de l'éco-système, baisse de la bio-diversité, urgence climatique. Le phénomène est renforcé par la perte de confiance du public dans le nucléaire civil suite aux accidents spectaculaires de Three mile island,Tchernobyl et Fukushima. L'énergie nucléaire est récente et son histoire, bien qu' entachée par son usage militaire et quelques accidents industriels, est appelée à se prolonger dans l'intérêt de l'humanité.

A bien des égards, l'énergie éolienne industrielle constitue un miroir aux alouettes ne répondant que très peu aux critères de durabilité (recours aux terres rares, gros consommateur de béton, impact environnemental sur la faune et les paysages, générateur de CO2 via l'énergie de remplacement) et de soutenabilité (tolérance limitée du public à son développement, prix élevé du Kwh sur le cycle de vie, surcoût de l'intermittence, impact sur la balance commerciale car 100% importé...). L'exemple Allemand demande à être pris en compte tant le bilan CO2 y est contre productif !

Sous le prétexte de la gratuité du vent, le lobby éolien a fait valoir l'idée que l'avenir énergétique reposait sur ces machines tant sur terre qu'en mer sans plus de démonstration du bien fondé économique, social, environnemental. Difficile d'imaginer un avenir durable dans cette utopie don quichotesque prétendant faire passer une logique industrielle et financière pour quelques romantiques moulins à vent.

Orientations pour un avenir énergétique durable

Place de l'énergie renouvelable

Il est important de repréciser la définition de l'Energie Renouvelable (EnR) tant la confusion est grande. Du point de vue thermodynamique il s'agit d'une énergie très diluée (à forte entropie) à l'inverse de l'électricité qui est une énergie très concentrée. Il est par conséquent aberrant de mettre en œuvre, à grand frais pour la collectivité, une logique industrielle (production intensive et centralisée) pour capter une énergie répartie sur l'ensemble de la planète. Il faut au contraire miser sur un captage bien réparti sur le territoire au plus près de la consommation à contrario des champs couverts de panneaux PV et des alignements d'éoliennes. A l'instar des Pompes à Chaleur (PAC), qui puissent l'EnR dans l'air et l'eau environnant du lieu de production de chaleur ou de fraîcheur avec un excellent rendement, il faut généraliser les solutions de captage d'EnR dans les résidences collectives et particulières via le PV, le petit éolien (de qualité) et les PAC, l'association des 3 modes étant un facteur idéal pour la continuité de l'auto-consommation.

Les principes prioritaires : décarboner l'énergie + efficacité énergétique

L'objectif de la révolution énergétique en cours est double : arrêter la production de CO2 et économiser l'énergie par une efficacité accrue de son usage. La production d'électricité n'est donc pas une fin en soit, elle n'est qu'un moyen destiné à éviter la consommation d'énergie fossile (EF). Quels sont les principaux consommateurs d'EF aujourd'hui en France et en Allemagne? Le transport et l'agriculture figurent en première place, le chauffage collectif et individuel via le fioul et le gaz, ce dernier encouragé ces dernières années par le prix bas et la RT 2012.
Pour le chauffage le recours aux EnR est parfaitement adapté via les PAC pour leurs excellentes efficacité énergétique. Pour les usages incontournables du gaz les piles à combustible (PàC) constituent une amélioration sensible d'efficacité et de réduction de la production de CO2.
Pour le transport les solutions existent :
Rail : substitution de l'énergie fioul par des motrices PàC à Hydrogène (H2). Alstom est déjà constructeur
PL et agriculture: idem que pour le rail non déjà électrifié
VL : les batteries vont permettre une transition mais l'avenir, du point de vue de l'efficacité énergétique, passera nécessairement par les PàC H2, les espèces rares (Li, Co) constitutives des batteries n'étant pas compatibles avec les critères de durabilité
Air : la substitution du kérosène passera également par un mix batteries / PàC H2. Tous les avions sortant des usines Airbus seront à propulsion électrique dès 2040 (dixit le président du groupe).

On le voit, l'atteinte des objectifs prioritaires passe, pour le chauffage des bureaux et logements, par un recours accru aux EnR de proximité (à contrario de sa version industrielle coûteuse) moyennant une production renforcée d'électricité. Pour le transport c'est le recours au vecteur énergie Hydrogène qui constituera la solution durable et rationnelle via une production industrielle à fort rendement énergétique.

Un réseau électrique sûr

Une alimentation électrique garantie étant désormais indispensable au fonctionnement de la société moderne, seul un réseau fiable sera en mesure de répondre à cette exigence. L'intermittence d'une production d'EnR intensive engendre une défiabilisation dangereuse pour un taux de production supérieur à 40%. Il nécessite par ailleurs un recours à des sources d'énergie modulable coûteuses car sous utilisées ainsi que d'importants investissements dans le transport.

Le réseau est un bien collectif sensible devant être protégé de l'intérêt particulier et mercantiles des producteurs d'EnR intensifs. Il est urgent de redécouvrir le lien collectif et solidaire du réseau interconnecté à l'échelon européen en dénonçant une logique de décentralisation de la production soit disant dépassée. La raison est entre les deux : plus de production EnR au plus proche de la consommation via un réseau intelligent qui apporte à tous la garantie d'alimentation électrique.

Production durable et indépendance énergétique

La mobilité durable passera nécessairement par le vecteur énergie H2 qu'il faudra produire de façon décarbonée. L'électrolyse de l'eau à haute température ou son cracking constituent les modes de production les plus efficaces en énergie et propre en carbone. La production d'électricité nucléaire demeurera incontournable et devra assurer la production d'hydrogène. Les réacteurs de 4ème génération seront indispensables pour assurer les missions suivantes :
- sûreté renforcée (réacteur à pression atmosphérique, sous critique)
- non proliférant
- taux de combustion élevé (95% contre 5% pour les réacteurs actuels y compris EPR)
- déchets à vie moyenne (50 ans contre plusieurs millions d'années pour ceux prévus d'être enfouis par l'ANDRA à CIGEO)
- température élevée (réacteurs adaptés à la production de H2)

Les réacteurs à sels fondus filière Thorium semblent être très prometteurs et font l'objet de recherches actives par la Chine. L'Europe dispose d'un projet de recherche (SAMOFAR) qui ne semble pas être très actif faute de financement. L'avenir énergétique passe par une R&D au niveau Européen à l'instar du projet ITER pour la fusion. Il serait opportun dans ce domaine de ranger la cocarde et de jouer la carte communautaire. On comprends mal le choix récent du nouveau Framatome entreprise qui a brillé jadis par ses cuves forgées et dont l'aboutissement consiste dans le fiasco de l'EPR un modèle sans avenir, fusse t-il new EPR, hérité de la collusion EDF – AREVA – CEA.
Il est temps de tourner cette page du nucléaire à base U5 et Pu (c'est à dire militaire) dont la société civile garde une image désormais négative surtout pour l'aval de la filière.
Il faut mettre à profit le délai de prolongation du parc Français (grand carénage) pour repartir sur des réacteurs propres de 4 ème génération capables de participer pleinement à la substitution des énergies fossiles.

Résumé des enjeux

Stratégie financière irréprochable
. l'état doit rester dans un rôle de mobilisateur et d'incitateur
. l'argent public doit préférentiellement aller vers la R&D
. l'état doit recourir à des méthodes innovantes (ex : un marché national annuel d'achat de panneaux PV et de PAC destiné aux particuliers pour réduire le prix unitaire des installations)
Stratégie politique
. définir l'horizon et le jalonnement de l'évolution du prix du CO2
. clarifier le rôle des acteurs de la production d'énergie décarbonée et leurs responsabilités
. concertation et harmonisation européenne (indépendance énergétique et technologique)

Avis n°303
Ajouté par yannick ANONYMISé (Gif sur YVETTE), le 09/05/2018

Je salue l'initiative de l'organisation de ce débat qui arrive certes un peu tard dans la mesure où le vieillissement du parc nucléaire nécessite des décisions rapides si l'on ne veut pas se retrouver en pénurie d'électricité dans les prochaines décennies. Une rennaissance de l'industrie nucléaire est souhaitable voir nécessaire. Elle a fait ses preuves en France en matiére de sécurité et de sûreté pour peu qu'on l'extraye des dérives libérales qui dévastent tous les secteurs et que l'on revienne sur cette conccurence effrénée dans cette filiére privatisée par voie de sous-traitance. La qualité du travail dépend essentiellement de la qualité des conditions de travail et dans le nucléaire si on veut se prémunir des risques tant décriés par nos opposants, nous ne pouvons pas confondre sous-traitance et mal-traitance. Le nucléaire peut rennaître dans le cadre d'un service public avec pour impératifs : la production d'une électricité accessble et abondante avec un niveau de sécurité et de sûreté élevé au maximum. Le nucléaire est la seule source d'énergie pilotable qui répond au mieux aux problèmes climatiques et écologiques du momment. L'industrie nucléaire traite, stocke et surveille ses déchets, elle n'a pas la nature comme exutoire...

Avis n°147
Ajouté par La commission particulière du débat ANONYMISé (Paris), le 02/04/2018

Le niveau prévisible des consommations énergétiques en général et des consommations électriques en particulier est un des points cardinaux du débat sur la PPE. C'est en effet assez globalement la capacité à prévoir les besoins ou la demande qui va permettre de dimensionner l'offre, les équipements nécessaires à la production. C'est à partir d'une analyse assez fine des segments de cette demande qu'on va plus qualitativement imaginer le mix énergétique du futur.

A la pliure entre « mix énergie » et « mix électrique », la question posée est en gros de savoir dans quelle mesure les usages actuels d'énergie fossile (en matière de carburants et de chauffage en particulier), peuvent et doivent se reporter vers d'autres formes d'énergie, renouvelables ou non : électricité, gaz, biomasse pour l'essentiel. C'est une tendance observable à l'échelle mondiale où cette substitution vers l'électricité est assez forte. C'est un choix auquel chaque habitant consommateur de notre pays va se trouver confronté dans de nombreux aspects de sa vie quotidienne, mais qui devra s'opérer aussi dans l’industrie, les services et les transports aussi.

L'atelier consacré à la question des consommations électriques a permis de souligner des ponts de convergence mais aussi de mettre en lumière des divergences assez marquées.

Les sujets sur lesquels il y a un consensus touchent aux tendances observées ces dernières années et notamment au fait que globalement la consommation d'électricité a paru stagner ou décroître, contrairement aux tendances antérieures et en tout état de cause contrairement aux prévisions. L'interprétation sur les causes fait surgir une première discussion : s'agit-il d'une tendance liée simplement à la stagnation économique, qui risque d'être contrecarrée par les dynamiques de la reprise (c'est en partie l'inquiétude exprimée dans le rapport du CESE), ou au contraire les efforts accomplis en matière d'efficacité énergétique ont-ils déjà produit leurs fruits ? Probablement les deux explications se combinent-elles.

Le consensus s'étiole cependant quand il est question des temps à venir.

Aucun des scénarios de RTE ne prévoit d'augmentation significative de la consommation, même avec une augmentation très significative poussée jusqu'à près de la moitié du parc global de la part de véhicules électriques. Autrement dit le transporteur d'électricité estime que les nouveaux usages de l'électricité seront compensés par la continuation des gains d'efficacité électrique et par les économies réalisées en la matière. Dans son DMO, le Ministère de l'écologie, maitre d'ouvrage, parait plutôt reprendre cette analyse.

Différente est la pente suggérée par EDF qui est plus prudente sur les effets sur les consommations d'une croissance retrouvée, de l'essor démographique et des nouveaux comportements de consommation et en particulier de la mobilité. Jusqu'à + 0,8% par an, c'est une hausse modérée mais assez significative sur la durée de la PPE qu'évoque l'énergéticien. In fine, il estime que la part de l'électricité va augmenter dans une consommation énergétique globalement plutôt en rétraction.

Plus volontariste est la position de l'association Negawatt qui indique que les performances des matériaux et les innovations atteintes en matière de bâtiment ou d'usages spécifiques autorisent, à condition qu'on en ait la volonté, de vraies politiques systématiques d'économie massive d'électricité : signaux prix aux produits vertueux, formation à la performance électrique, refus du tout électrique notamment en matière de véhicules, réglementation adaptée.

Ces observations contrastées ont été complétées par les contributions des autres participants :
Enedis a consacré un important travail à l'examen des consommations régionales dont le distributeur tire la conclusion justement que les politiques d'incitation doivent épouser mieux les particularités locales, en particulier en matière de soutien aux territoires industriels.
Moins impliqués dans le débat de prospective, les deux autres intervenants, de l'Avere et de Gimelec, ont fait valoir à la fois les immenses progrès accomplis dans leurs secteurs et les potentiels nouveaux offerts par ces progrès à moyen terme : ainsi la contribution des véhicules électriques à la réduction de la pointe par le flux en provenance des batteries redistribuant vers le réseau ne doit-il pas faire redouter que ces véhicules participent de l'explosion des consommations électriques.

Ainsi les potentialités offertes par une gestion digitale ou les data centers, par ailleurs plus efficaces eux-mêmes que par le passé, améliorent-elles les performances électriques dans des secteurs innombrables de la société, qu'il s'agisse d'industrie, de transport ou de services.

Il convient donc de prendre en compte dans un cas comme dans l'autre le fait que ces évolutions pourraient permettre elles aussi à l'arrivée des économies d'électricité considérables.

 

Avis n°328
Ajouté par Philippe ANONYMISé (Le Cannet), le 18/05/2018

Le nucléaire n'est pas considéré du point de vue politique comme une énergie renouvelable, depuis 2008 par les instances européennes. Pourtant en France, le réacteur Phénix a recyclé sa matière fissile non pas une seule fois, mais près de 4 fois ! Le même type de réacteur à neutrons rapides à caloporteur sodium fonctionne depuis 1980 en Russie. Cette filière est donc industriellement viable et permet la régénération de la matière fissile à l'échelle du millénaire. Puis ensuite il faudrait extraire une partie du flux d'uranium apporté par les fleuves dans l'Océan. Les Japonais et les Américains ont déjà des résultats prometteurs : récupérer des concentrations massiques en uranium supérieures à celles des minerais.

La régénération de la matière fissile peut être envisagée pour d'autres filières : https://www.energie-crise.fr/Le-reacteur-a-sels-stables-de-Moltex-Graal-...

A l'échelle du millénaire les colis vitrifiés qui rassemblent l'aval du cycle nucléaire actuel pourront être repris. Il ne resterait que les produits de fission à vie longue dont la radioactivité est déjà plus faible que celle de l'uranium naturel qui leur a donné naissance. Les neutrons issus de la fusion sont une solution.

Le solaire et l'éolien consomment des métaux : https://www.energie-crise.fr/Creuse-Cheri-creuse, ainsi Philippe Bihouix pense que le déploiement de l'éolien et du PV sera limité par les matériaux. Le nucléaire, c'est surtout de l'acier et du béton, les quantités de matières à mettre en jeu sont très faibles.

Le caractère renouvelable est une question d'échelle de temps. L'éolien ou le PV ne se recyclent pas totalement au bout de 20 à 30 ans. Dans les scénarios de déploiement du nucléaire, au bout de 20 ans un réacteur de type EPR donne naissance à un réacteur à neutrons rapides, mais n'en n'est qu'au tiers de sa durée de vie. En fait le nucléaire se recyclera au bout d'un siècle d'utilisation de réacteurs qui ne paraissent pas renouvelables, alors que ces derniers fournissent la matière fissile qui permet de faire démarrer les réacteurs du cycle suivant.

Ce qui est concevable physiquement ne l'est pas par la classe politique qui ne considère que l'intervalle de temps d'un mandat politique. Autrefois on construisait des cathédrales sur plusieurs siècles, il faut envisager le nucléaire sur plusieurs siècles également.

Avis n°336
Ajouté par 2659 (PARIS), le 22/05/2018

Espérons que M. le Ministre lise les points de vue publiés sur le site de la consultation de la PPE.

Lundi 19 Mars sur France 2 :

Le gouvernement ouvre ce lundi et jusqu'au 30 juin un débat sur la transition énergétique. "Tout le monde est d'accord pour réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50%", affirme Nicolas Hulot ce lundi matin dans Les 4 Vérités.
La date de réalisation de cet objectif "sortira comme une évidence à la fin de cette consultation. Elle dépend de plusieurs objectifs : on doit sortir des énergies fossiles, réduire notre consommation et développer massivement les énergies renouvelables", explique le ministre de la Transition écologique et solidaire.
Il appelle les Français "à participer à ce moment de démocratie. Si cette projection sociétale n'est pas désirée par les Français, ça ne va pas marcher".
"Ce n'est pas EDF qui décide !"
"On ne fait pas les choses brutalement. On va faire une programmation réaliste, très exigeante et bénéfique pour nos entreprises parce qu'on va aller vers une véritable indépendance énergétique de la France", assure-t-il.
À propos de la fermeture des réacteurs nucléaires, "ce n'est pas EDF qui décide !", assène Nicolas Hulot. "C'est le gouvernement après consultation des Français. Une consultation de plusieurs mois, c'est inédit".

Mais il n'avait sans doute pas lu les recommandations du rapport Percebois Grandil :

Recommandation n° 2 : pour chaque décision de politique énergétique, évaluer le coût et l'effet sur les finances publiques, sur la balance commerciale, sur les émissions de CO2 et sur l'emploi (à la fois en postes et en qualifications créés), par comparaison avec une décision différente, afin de dégager des priorités.
Recommandation n° 3 : s'interdire toute fermeture administrative d'une centrale nucléaire qui n'aurait pas été décidée par l'exploitant à la suite des injonctions de l'autorité de sûreté.
Recommandation n° 8 : ne pas se fixer aujourd'hui d'objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s'abstenir de compromettre l'avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel nous paraît donc la solution de moindre regret (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l'ASN).

Il n'a sans doute pas lu les rapports de nos deux plus prestigieuses sociétés savantes, l'Académie des technologies (L'avis de l'Académie des Technologies du 10 Juin 2015 sur la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte et l'Académie des Sciences (Note de l'Académie des Sciences du 19 Avril 2017, signée par 25 membres de la Commission Energie (Dont la Secrétaire perpétuelle de l'Académie).
Et il ne lit sans doute pas les avis de la Cour des comptes qui remarque que presque tout l'effort financier de la PPE est dédié à l'électricité, qui était déjà décarbonnée, avec une efficacité nulle sur la réduction des émissions de CO2.

Les points de vue et cahiers d'acteurs de cette consultation sont des dizaines à souligner, faits et chiffres à l'appui, l'incohérence de la programmation telle qu'elle est prévue.
Nous espérons ardemment qu'ils seront lus par M le Ministre et ses collaborateurs.

Avis n°335
Ajouté par Eric ANONYMISé (BOUGIVAL), le 22/05/2018

Il est fondamental de retenir deux points :
1. PPE veut dire programmation pluriannuelle de l'énergie, et pas de la seule électricité ;
2. La priorité absolue, maintes fois rappelée depuis la COP 21, notamment au plus haut niveau de l'état, est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et notamment de CO2.
Une bonne programmation pluriannuelle de l'énergie doit donc en priorité favoriser la réduction des émissions de CO2 dans les domaines qui en produisent aujourd'hui le plus, et affecter en conséquence les fonds publics qui y sont consacrés.

Aujourd'hui en France, comment est essentiellement produit le CO2 ?
1. Par les transports pour plus de 40% (voitures, camions...) ; à noter que l'actuelle promotion du véhicule à essence au détriment du diesel conduit à réaugmenter les émissions de CO2 !
2. Par les bâtiments résidentiels et tertiaires pour 25% (chauffage, climatisation, eau chaude...).
La production d'électricité, dé-carbonée à 93% grâce au parc nucléaire et aux barrages hydrauliques notamment, produit moins de 10% du CO2 total.
Paradoxalement, la politique actuelle du pays consacre l'essentiel des ressources à remplacer une partie du parc nucléaire par des moyens de production (éolien et solaire), certes renouvelables, mais ayant des défauts importants (production intermittente non programmable, sans aucune garantie quand il n'y a pas de vent ou la nuit, technologies quasi totalement importées, de Chine, d'Allemagne ou du Danemark, et donc sans aucun impact positif sur l'économie française et les emplois industriels associés).

La PPE devrait avoir comme priorités :
1. L'électrification des transports, en favorisant la transition vers les véhicules hybrides et/ou électriques, en cohérence avec l'annonce gouvernementale d'une disparition à terme des véhicules thermiques ; à plus court terme une forte incitaiton vers des moteurs thermiques plus économes ;
2. Une réglementation technique pour les bâtiments visant, outre l'amélioration de l'isolation thermique, l'élimination du chauffage à base de combustibles fossiles (fuel, gaz), au profit de solutions à haut rendement énergétique et non émettrices de CO2 comme les pompes à chaleur ;
3. Un développement limité des ENRi (énergies renouvelables et intermittents), n'impactant ni les finances publiques ni surtout les prix de l'énergie, comme hélas le font aujourd'hui la CSPE (8 milliards d'€ en 2017 ! principale cause de l'augmentation des prix de l'électricité pour les particuliers, notamment les familles), et la Contribution Climat Energie (5 milliards d'€ en 2017 !). Ce développement limité des ENRi doit être centré sur le but prioritaire de fermer les dernières centrales à fuel, à charbon et à gaz, et doit maintenant se faire sans subventions, les promoteurs de ces énergies communiquant largement sur leur maturité technique et économique ;
4. Une révision cohérente de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), loi qui, du fait de ses trop nombreux objectifs, parfois contradictoires, a déjà fait la preuve de son inefficacité au vu de l'augmentation des émissions de CO2 en France ces dernières années.

Avis n°334
Ajouté par Marc ANONYMISé (Nîmes), le 21/05/2018

La filière nucléaire un moyen indispensable pour que l'Europe tienne ses engagements

Pour répondre aux engagements qu'elle prit lors de la réunion de la COP 21 l'Europe doit se donner les moyens de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. La production d'électricité est donc concernée par le choix des moyens à mettre en œuvre pour répondre à ces engagements.

La place du nucléaire dans le choix des moyens de production de l'électricité

Ignorée par les instances européennes, la filière nucléaire européenne représentant 800 000 emplois pâtit de l'absence de politique industrielle ambitieuse de marché incitatif pour les investisseurs. De ce fait, le secteur ne dispose pas de la visibilité suffisante lui permettant d'envisager le renouvellement de son parc. Exclu des mécanismes d'aides d'Etat et des garanties offertes par le Fonds européen pour les investissements stratégiques (plan Juncker) , le nucléaire européen, libéralisé, n'est pas reconnu comme un bien public et d'intérêt commun et est concurrencé par les nucléaires administrés(Russie, Chine, etc). Dans les prochaines décennies, il risque de perdre son leadership. La situation n'est cependant pas irréversible : des solutions existent.
Pour répondre à l'impératif climatique et satisfaire à ses engagements auprès de la COP 21, la Commission a privilégié unilatéralement les énergies renouvelables, ce qui a entraîné des effets pervers allant à l'encontre des objectifs de sécurité et de compétitivité, sans parler de la lutte contre la précarité énergétique. En effet, les discriminations positives accordées aux renouvelables pour favoriser leur développement ont réduit les capacités d'utilisation gaz et nucléaire. Ce dernier ne représente plus que 29 % de la production d'électricité dans le mix européen, et selon les prévisions de la Commission dans le PINC (programme indicatif nucléaire), il ne représentera plus que 20 % en 2050, contre 50 % pour les renouvelables alors que l'expérience de l'Australie du sud a largement démontré l'impossibilité de maintenir l'équilibre du système électrique dans de telles conditions.
Par ailleurs, la priorité accordée dans les réseaux aux sources éolienne et solaire, variables, a provoqué une volatilité des prix spot au jour le jour, alors que les investisseurs ont besoin de prix stables pour inciter aux investissements de long terme dont font partie les investissements en moyens de production d'électricité. Ces choix dissuadent donc les investissements dans le nucléaire, une énergie qui ne pollue pas et n'émet pas de gaz à effet de serre, lequel apparait de ce fait indispensable à la réalisation des objectifs climatiques fixés à la COP21, et cela tant que les moyens de stockage de l'énergie pour pallier l'intermittence des productions éolienne et photovoltaïque n'ont pas été mis au point.

Les prix

La qualité des études produites et des débats initiés par diverses associations dont Sauvons le Climat et la SFEN ont de plus le permis de faire la clarté sur les coûts. La deuxième génération du nucléaire offre en effet une électricité avec la meilleure compétitivité-prix. Celle des renouvelables éolien off-shore et solaire - bien qu'elle progresse rapidement comme l'a démontré une étude de Sauvons le Climat - voit sa compétitivité mise en cause lorsque l'on prend en compte les « coûts système ». En effet, l'intermittence de ces sources est énorme (et le solaire trouve sa meilleure extension potentielle dans la zone intertropicale) : elles ne peuvent pas répondre seules à la demande et donc se développer sans l'existence de capacités de production en continu- nucléaire, et les turbines à gaz et centrales à flamme (gaz et charbon) -comme nous l'avions déjà signalé à diverses reprises dans le passé. L'OCDE démontre que l'élévation excessive de la part des renouvelables aurait pour conséquence un déplacement massif de la demande vers des productions de base comme le gaz et le charbon. Il est par conséquent urgent de revaloriser le prix de la tonne de carbone (aujourd'hui estimé à 5 €) afin de dissuader la consommation en combustibles fossiles, et de réformer le marché d'émission des quotas de CO2 établis par l'Union qui s'avère être un échec. Par ailleurs, qui est souvent oublié, le coût des infrastructures de réseaux qui amène les flux des renouvelables vers les consommateurs, et les coûts sociaux dans les entreprises, liés au changement de leurs modèles économiques, ou sur les territoires.

Des climatologues interpellent Emmanuel Macron

Face à l'urgence climatique et à la nécessité de réduire massivement les émissions de CO2, des dizaines de climatologues, des écologistes et des scientifiques de renom demandent dans une lettre ouverte au président de la république de soutenir l'ensemble des énergies propres, dont l'énergie nucléaire. « Lancé dans les années 70 et 80, le programme nucléaire français a démontré qu'il était possible de décarboner la production d'électricité d'un pays industrialisé. Pour lutter contre le changement climatique et améliorer la qualité de l'air, la France devra réduire massivement l'utilisation de combustibles fossiles dans le transport et le chauffage en utilisant l'ensemble des énergies bas carbone. L'énergie nucléaire doit jouer un rôle central dans l'atteinte de cet objectif » expliquent les signataires dans leur communiqué.
La France a démontré qu'il était possible de décarboner la production d'électricité.
Dans leur lettre ouverte, disponible en anglais sur le site d'Environmental Progress et en français sur celui de Sauvons le climat, les scientifiques préviennent que « toute réduction de la production nucléaire en France aura pour effet d'augmenter la production d'électricité par des combustibles fossiles, donc la pollution, au vu des faibles facteurs de charge et de l'intermittence du solaire et de l'éolien ».
Comme nous l'avons fait dans deux précédentes publications, les écologistes pointent les limites de la transition énergétique allemande : « Les émissions de CO2 de l'Allemagne n'ont pratiquement pas changé depuis 2009 et ont, en fait, augmenté tant en 2015 qu'en 2016, à cause des fermetures de centrales nucléaires. En dépit d'une augmentation de la puissance installée solaire de 4 %, et de celle de l'éolien de 11 %, la production de ces deux sources a baissé de 3 et 2 % respectivement du fait qu'il y a eu moins de soleil et de vent en 2016 qu'en 2015. Et là où la France a une électricité parmi les moins chères et les plus propres d'Europe, celle de l'Allemagne est une des plus chères et plus sales. L'Allemagne a dépensé près de 24 milliards € de plus que le prix de marché en 2016 pour ses seuls prix garantis d'achat des renouvelables, mais ses émissions ont stagné. Il est à prévoir que l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs de réduction d'émissions de 2020, et de loin. Malgré des investissements énormes dans les renouvelables, seulement 46 % de l'électricité allemande sont issus de sources d'énergie propre, à comparer aux 93 % de la France ».
Le modèle allemand si souvent avancé par des médias et des « écologistes » comme un modèle à suivre s'avère-malgré des efforts importants vers une substitution du nucléaire par des renouvelables- comme un échec tant du point de vue de la protection de l'environnement que du coût pour les consommateurs -à l'exception des industriels bénéficiaires de conditions particulières- car il leur en coûte près du double du prix moyen français.

L'intérêt d'inclure le nucléaire dans le mix énergétique

Pour les signataires de la lettre ouverte au président, le développement des énergies renouvelables doit permettre de réduire la part des énergies fossiles : « Les renouvelables peuvent contribuer à une électrification plus poussée des transports, celle-ci étant déjà bien entamée avec le réseau ferré mais pouvant être poursuivie avec les véhicules individuels ».
A l'inverse, substituer une énergie bas carbone (nucléaire) par des énergies elles-aussi bas carbone (renouvelables) aurait un effet nul sur le climat mais des impacts importants sur le prix de l'électricité : « Un remplacement du nucléaire par des combustibles fossiles et des renouvelables nuirait considérablement à l'économie française de trois façons : augmentation des prix de l'électricité pour les ménages et l'industrie, la fin des exportations lucratives d'électricité et - peut-être le plus important - la destruction de la filière nucléaire française à l'export. Si le parc nucléaire français est contraint de fonctionner avec un facteur de charge réduit, la filière nucléaire française en sera paralysée par une augmentation de ses coûts et une réduction de ses revenus ».

Avis n°333
Ajouté par Bernard ANONYMISé (Arvert), le 21/05/2018

De même qu'un organisme vivant ne peut subsister sans l'énergie qu'il tire de ses aliments, aucune société humaine ne peut subsister sans le flux d'énergie primaire qu'elle prélève sur des sources naturelles. Car sans lui la fabrication et la distribution des biens matériels qu'elle utilise est strictement impossible !
A l'heure actuelle, le flux d'énergie primaire qui donne vie aux sociétés industrielles est constitué pour sa plus grande part de l'énergie tirée des combustibles fossiles, part qui va d'environ 50 % pour la France (valeur la plus basse des grands pays industrialisés, qui est due à l'importance du nucléaire dans son mix énergétique) à 80 % pour l'Allemagne et le Royaume-Uni, 85 % pour les Etats-Unis et la Russie, 90 % pour la Chine et l'Inde et 100 % pour l'Arabie Saoudite.
Les consommateurs, les économistes et les politiques ne s'intéressent semble-t-il qu'aux prix des combustibles fossiles, qui ont certes une grande importance dans la vie de tous les jours. Mais c'est pour envisager l'avenir un exercice assez vain, étant donnée l'impossibilité dûment constatée de les prédire même à court terme. Cela détourne leur attention de ce qui, à cause de la si grande importance des combustibles fossiles, en particulier du pétrole, dans la marche de l'économie des pays industrialisés, est en réalité pour ceux-ci l'enjeu majeur de ce siècle : La disponibilité future des combustibles fossiles.
L'analyse qui est faite ici montre qu'il y a lieu de s'en préoccuper très sérieusement, à commencer par le pétrole : La production mondiale de pétrole brut dit conventionnel, le moins cher en moyenne à produire, et qui fournit encore pour l'instant les trois-quarts de l'approvisionnement en pétrole dit «tous liquides», provient pour l'essentiel d'un petit nombre de très gros gisements découverts pour la plupart entre 1950 et 1980. Malgré les découvertes de nouveaux gisements, elle décline lentement depuis 2005-2006. Par contre, au moins en volume, la production mondiale totale de pétrole tous liquides continue encore d'augmenter : C'est grâce aux liquides de gaz naturel (condensats, et liquides d'usines de gaz naturel, LGUN), en réalité extraits du gaz, et aux pétroles dits non conventionnels, c'est-à-dire : les bitumes du Canada, les huiles extra-lourdes du Venezuela, les pétroles dits de schistes, et accessoirement les synfuels=pétroles synthétiques (essentiellement biocarburants, gas-to-liquids (GTL) et coal-to-liquids (CTL)). Mais sans les pétroles de schistes Nord-Américains, la production de «tous liquides» n'aurait pratiquement pas augmenté depuis 2011. Il est cependant douteux, étant donné le déclin progressif de l'énergie contenue par unité de volume (baril) de la production de pétrole tous liquides, et la quantité croissante d'énergie utilisée à cette production, que la quantité nette d'énergie mise ainsi à la disposition de la société mondiale ait en fait augmenté depuis cette date. Et il est certain que du fait de l'augmentation de la population mondiale, cette quantité par habitant de la planète est déjà en déclin.
Les optimistes, souvent des économistes peu familiers des réalités pétrolières, mais aussi la plupart de ceux qui s'expriment pour les grandes compagnies pétrolières et pour les Agences de l'Energie, nous disent être sûrs que la créativité technologique qui caractérise l'espèce humaine, et les augmentations supposées inéluctables à terme des prix de marché, permettront encore d'importantes découvertes de pétrole conventionnel, un accroissement considérable du taux de récupération de celui-ci, ainsi qu'un accroissement des productions de pétroles non conventionnels (bitumes, huiles extra-lourdes et pétroles de schistes), de liquides de gaz naturel (condensats et LGUN) et de synfuels (biocarburants, GTL, CTL), et qu'au total tout cela sera très longtemps encore largement suffisant non seulement pour compenser, comme cela se passe encore pour l'instant, le déclin des gisements actuellement exploités de pétrole conventionnel, mais même pour entraîner une augmentation substantielle de l'approvisionnement mondial en pétrole tous liquides. Pour eux, la «success story» des pétroles de schistes d'Amérique du Nord s'étendra tout naturellement au monde entier. C'est le point de vue des optimistes qui est actuellement véhiculé par les médias, ancrant ainsi l'opinion dans l'idée qu'il n'y a aucun souci à se faire pour au moins une génération.
Les pessimistes, le plus souvent des géologues pétroliers, c'est-à-dire rappelons-le ceux qui connaissent le mieux la réalité du terrain, font observer que le déclin des réserves de pétrole conventionnel (non pas celles dites prouvées, les seules que semblent vouloir connaître les médias , mais qui n'ont pas de sens, étant donné leur mode de calcul et leur caractère trop politique, mais celles dites 2 P qui sont une bien meilleure approximation des réserves ultimes) s'accélère malgré les découvertes, et que les pétroles non conventionnels sont en moyenne des pétroles chers dont l'économie mondiale ne pourra pas supporter indéfiniment les prix. Nul doute qu'il existe des quantités très importantes de pétrole et de gaz restés piégés dans leur roche-mère ou à leur voisinage, c'est ce qu'on appelle le pétrole et le gaz de schistes. Mais leurs réserves, c'est-à-dire leurs quantités réellement exploitables, sont très mal définies et les investissements pour les produire seront très lourds. En ce qui concerne le pétrole de roche-mère (de schistes), au-delà des fluctuations actuelles des quantités produites pour cause de prix du pétrole plus ou moins rémunérateur, ils prévoient son déclin pour des raisons géologiques aux Etats-Unis dans peu d'années. Ils observent que l'extension de la «success story» américaine à l'échelle mondiale n'a toujours pas eu lieu malgré les annonces incessantes des optimistes. Ils rappellent à ce propos que le succès des Etats-Unis repose aussi, par comparaison avec d'autres pays ayant comme eux une géologie favorable, sur une infrastructure très développée et une industrie pétrolière exceptionnellement puissante et réactive et de grand savoir-faire, épaulée par un système bancaire accommodant. Il repose aussi sur les particularités du code minier de ce pays, le seul au monde à donner la propriété du sous-sol au propriétaire du sol. Celui-ci a donc un intérêt à l'exploitation, ce qui n'est pas le cas ailleurs. Dans de nombreux pays existent aussi de gros obstacles politico-économiques à ces exploitations, et dans bien des cas une forte opposition des associations environnementales. D'autre part, ils soulignent que ce n'est pas tant l'importance des réserves que la vitesse possible de leur mise en production qui règle les performances de l'économie mondiale d'une année à l'autre : sur l'instant, le débit du carburateur d'une voiture est plus important pour régler sa vitesse que le volume de son réservoir, et pour l'assoiffé le débit possible du robinet est plus important que le volume du tonneau ! Comme le font les géologues et économistes pétroliers de l'Association for the Study of Peak Oil and gas (ASPO), beaucoup prédisent un maximum (pic) de la production possible du pétrole tous liquides vers 95 Millions de barils par jour (Mb/d) vers 2020, ou au mieux un plateau aux alentours de 100 Mb /d de 2020 à 2030 environ.
La situation s'analyse de la même façon pour le gaz naturel, avec un décalage d'une dizaine d'années: Le pic du gaz naturel aurait lieu vers 2030. Certains disent là aussi que le gaz de roche-mère (de schistes) améliorera sensiblement cette perspective, grâce au progrès technologique, à une amélioration de son modèle économique, et à son extension à l'échelle mondiale.
Pétrole et gaz de roches-mères (de schistes) sont donc maintenant la dernière frontière pour l'industrie mondiale du pétrole et du gaz. Mais le pétrole de schistes ne représente actuellement que 5 % environ de la production mondiale de pétrole tous liquides, et il faudrait une augmentation vraiment extrêmement rapide de leur production pour compenser dans les années qui viennent le déclin attendu du pétrole conventionnel. Or la production des Etats-Unis, la seule significative actuellement, semble déjà atteindre ses limites, et personne ne semble pouvoir actuellement prédire quels pays sont susceptibles de la relayer suffisamment rapidement.
Quant au charbon, les affirmations courantes selon lesquelles il pourra assurer sans problème la consommation énergétique d'une humanité sans cesse plus riche pendant au moins les deux siècles à venir reposent beaucoup plus sur des «convictions» que sur des modélisations physiques. Ces convictions sont à l'heure actuelle de plus en plus ébranlées. Heinberg et Fridley 2010 pensent par exemple que les réserves ultimes, c'est-à-dire les quantités totales vraiment récupérables, sont bien plus faibles qu'annoncées, et que la réalité est en train de nous rattraper. Rutledge, 2011 le confirme, par des études «postmortem» sur des bassins charbonniers actuellement pratiquement épuisés, et dont les réserves ultimes avaient initialement été en fait considérablement surestimées par rapport à la réalité de la production ultérieure. C'est en particulier le cas pour le charbon du Royaume-Uni, carburant initial de la Révolution Industrielle. Selon Rutledge, à l'échelle de la planète environ 90 % des réserves ultimes de charbon auront été extraites en 2070. Le pic mondial du charbon serait atteint semble-t-il vers 2035 ou 2040. Pourtant, cela pourrait bien être nettement plus tôt, car il semblerait bien que la Chine, de très loin le premier producteur mondial de charbon, soit déjà en train d'atteindre son pic (D.Fridley, 2012)! Mais à l'échelle mondiale, les incertitudes demeurent pour le charbon plus importantes que pour le pétrole et le gaz.
La pyrolyse des schistes bitumineux, la gazéification souterraine du charbon et l'exploitation des hydrates de gaz sont des pistes souvent évoquées pour faire perdurer notre approvisionnement en combustibles fossiles, mais on est encore bien loin de pouvoir passer au stade industriel massif, et encore faudra-t-il dominer leurs inconvénients environnementaux. Ces ressources resteront sans doute encore pendant ce siècle des « ressources du futur », comme elles le sont actuellement.
Les émissions futures de gaz carbonique dues à l'usage des combustibles fossiles sont des données d'entrée essentielles des modèles climatiques. Sans pour autant remettre en cause la base physique de ces modèles, on peut douter de la qualité des estimations de ces émissions qui ont été jusqu'à présent utilisées par le GIEC, car elles n'ont pas été faites sur des bases physiques et géologiques, mais politico-économiques. Pour la plupart elles anticipent une croissance continuelle des émissions dues aux combustibles fossiles, donc des productions de ceux-ci, au cours de ce siècle. Or c'est très improbable comme on l'a vu. Cela est très dommageable pour la définition des politiques publiques de protection du climat, qui utilisent ces estimations. Parmi les scénarios « Representative Concentration Pathways (RCP) », qui sont ceux actuellement utilisés par le GIEC, le scénario RCP 8,5 est irréaliste et le scénario RCP 6 très improbable. Le scénario géologiquement le plus probable devrait se situer un peu sous le RCP 4,5 et cela représenterait suivant les critères du GIEC une augmentation de température de 1870 à 2100 de l'ordre de 2,5 à 3°C (Durand et Laherrère 2015). C'est encore bien trop selon beaucoup de climatologues, qui recommandent de ne pas dépasser les 2°C, sinon même 1,5 °C, mais les efforts nécessaires pour satisfaire ces critères seraient bien sûr bien moins importants qu'avec des scénarios tels que le scénario RCP 6 et encore plus le RCP 8,5, présenté trop souvent par les médias comme étant l'avenir si nous ne faisons rien !
En définitive, plus que la consommation de pétrole ou de gaz, c'est la consommation de charbon qui représente, si l'on retient les critères des climatologues, la principale menace pour le climat. Un peu plus durable que le pétrole et le gaz, il sera très probablement d'ici peu d'années redevenu comme pendant le 19ème siècle et pendant le 20ème siècle jusqu'en 1965, la principale source d'énergie primaire de l'humanité. Si aucune contrainte forte ne lui est imposée, comme c'est actuellement le cas, 60 % environ des émissions encore à venir de gaz carbonique des combustibles fossiles pourraient lui être dues. Les plus grands consommateurs de charbon, la Chine, les Etats-Unis, l'Inde et la Russie, en Europe l'Allemagne et la Pologne, ont ici une grande responsabilité, car ce sont eux qui peuvent en fait le plus contraindre les évolutions climatiques à rester dans des limites considérées comme acceptables, en restreignant fortement leur consommation. Mais le développement de très importants d'entre eux, Afrique du Sud, Chine, Inde, Indonésie, dépend actuellement étroitement de l'accroissement de cette consommation. Il en est de même d'autres pays en développement, pour l'instant encore, relativement peu consommateurs, comme par exemple le Vietnam et d'autres pays du Sud-Est Asiatique. Ils ne pourront pas trancher ce dilemme, tant qu'ils n'auront pas développé suffisamment des substituts au charbon dans la production d'électricité (nucléaire, énergies renouvelables...), ou à défaut construit à grands frais de très nombreuses installations de stockage géologique du gaz carbonique (CSC pour captage et stockage du carbone, en Anglais CCS) produit par sa combustion. Car, ne l'oublions pas, la principale utilisation actuelle du charbon, environ 70 % en masse de sa production actuellement, est la production d'électricité.
Le charbon est aussi celui des combustibles fossiles, et même de toutes les sources d'énergie primaire utilisées par l'homme, qui représente de très loin le danger le plus important pour la santé publique, plus particulièrement du fait de la pollution atmosphérique, intérieure ou extérieure, par les particules fines, les oxydes de soufre et d'azote, et des rejets d'autres éléments nuisibles, entre autres arsenic, cadmium, fluor, mercure, sélénium, thallium... qu'entraîne son usage. On parle là d'un ordre de grandeur de 2 millions de morts prématurées par an, surtout dans les pays grands consommateurs d'Asie, mais l'Europe, avec de l'ordre de 30 000 morts prématurées par an, dont environ 10 000 du seul fait des émissions allemandes, n'est pas à l'abri ! Ce danger pourrait être considérablement réduit s'il y avait à ce sujet une véritable prise de conscience induisant des mesures de protection bien plus efficaces que les actuelles. La focalisation extrême des médias sur l'effet de serre, les énergies renouvelables et le nucléaire ne la favorise pas pour l'instant. Un grave malentendu a ainsi été créé dans l'opinion publique, qui n'entend parler que des risques créés par les émissions de gaz à effet de serre, qui ne tuent pas directement, et de ceux du nucléaire, qui au bilan a en définitive tué fort peu, mais guère des risques créés par l'utilisation du charbon, qui lui a déjà tué énormément et continue à le faire, même en Europe. Même les rapports alarmants de Greenpeace (Greenpeace, 2009, 2013) et plus récemment d'un groupe d'ONG (WWF et al., 2016) n'ont guère eu d'échos dans les médias français, qui d'habitude font toujours une large place à ces associations ! Cependant depuis quelques années, le risque qu'entraîne la pollution par les particules fines commence cependant à être évoqué de plus en plus souvent (Durand, 2014 b).
Du fait de leur poids considérable dans le fonctionnement des sociétés industrielles et de leur potentiel de modification du climat, ce sont les évolutions futures des productions de combustibles fossiles qui donneront par nécessité le tempo de la transition énergétique dont on parle tant en ce moment. La transition énergétique, c'est en fait le passage d'une société vivant des combustibles fossiles à une société ayant appris à s'en passer. L'éolien et le solaire, sur lesquels beaucoup semblent compter pour cela, ont des parts de marché bien trop faibles, et un chemin trop difficile à faire pour remplacer les combustibles fossiles dans leurs utilisations et donc jouer véritablement un rôle moteur dans une telle transition.
La quantité totale d'énergie que les combustibles fossiles pourront mettre chaque année à la disposition de l'humanité, toutes sources étant additionnées, semble donc devoir décliner vers 2025. Compte-tenu de l'augmentation encore rapide de la population mondiale, ce déclin serait encore plus fort par habitant de la planète. S'agissant du pétrole, celui des combustibles fossiles qui connaîtrait le premier son déclin, les quantités de pétrole tous liquides produites dans le monde augmenteront peut-être encore en volume à un rythme lent pendant quelques années encore, mais pas en quantité d'énergie mise à la disposition de la société mondiale, du fait non seulement de la décroissance progressive de l'énergie volumique moyenne des constituants de ce pétrole tous liquides, mais aussi de la diminution de plus en plus rapide des taux de retour énergétiques de l'industrie pétrolière. Mais aussi les volumes de pétrole mis sur le marché mondial, actuellement à peu près la moitié de la production totale, tendent déjà à diminuer du fait de la consommation intérieure croissante des pays exportateurs. A moins que ces derniers ne décident très rapidement des efforts considérables d'économie et/ou d'utilisation de substituts (par exemple nucléaire à la place de fuel pour leur production d'électricité, comme l'a fait la France après les chocs pétroliers de 1973 et 1979), cette tendance va s'accentuer ! Notons de plus que les pétroles non-conventionnels ne représentent que peu de chose dans le commerce mondial, et que le pétrole brut conventionnel, en déclin depuis 2005-2006, représente donc l'essentiel des imports-exports.
Etant donné l'étroite relation qui existe actuellement entre la disponibilité des combustibles fossiles et la marche de l'économie mondiale, et quand on se souvient des dégâts provoqués sur celle-ci par les chocs pétroliers de 1973 et 1979, les conséquences qu'aurait un déclin rapide, irréversible et si rapproché dans le temps, des quantités d'énergie que nous pouvons tirer de l'ensemble des combustibles fossiles sont potentiellement catastrophiques. Elles ne peuvent être aménagées, étant donné la grande inertie des systèmes industriels, que si des contre-mesures très fortes sont prises dès maintenant. Notons aussi que la hiérarchie des nations industrielles en serait rapidement changée, celles ayant encore des réserves importantes de combustibles fossiles pouvant faire face plus longtemps que celles n'en ayant pas ou plus.
Ces analyses ne procèdent bien sûr pas d'une science exacte : des incertitudes et des désaccords existent encore sur les estimations des réserves restantes de combustibles fossiles, et sur celles de leurs vitesses de production futures. On peut toujours espérer un miracle des découvertes inattendues de gisements de type encore inconnu, ou des révolutions technologiques. Et il faut sans aucun doute perfectionner les analyses et les modèles avec lesquels on cherche à prédire les productions possibles dans le futur, mais aussi créer les modèles économiques permettant de relier ces productions à la marche de l'économie. Il est d'ailleurs très étonnant, étant donné l'importance majeure du sujet pour l'équilibre mondial, que si peu de moyens y soient pour l'instant consacrés par les économistes.
Mais il faut raisonner en probabilité : celle d'un début du déclin de l'offre possible totale à l'échelle mondiale de l'énergie primaire fournie par les combustibles fossiles en 2025-2030 est forte, tout comme l'est celle d'un accroissement de sa demande sous l'effet de la poussée démographique et de l'aspiration de populations très nombreuses à plus de bien-être. Cela laisse présager bien des turbulences dans l'économie et de la société mondiales et peut-être même une crise de civilisation dans les pays industrialisés, tant est grande l'importance des combustibles fossiles dans leur structure et leur fonctionnement.
S'agissant de l'Europe, elle est particulièrement menacée par cette évolution : Pour tous les combustibles fossiles, les pics de production y sont déjà largement passés, en 1982 pour le charbon, 2000 pour le pétrole et 2004 pour le gaz. L'Europe devra donc de plus en plus compter sur le marché mondial, déjà en voie de rétrécissement comme on l'a vu pour le pétrole. Elle s'y trouvera en compétition de plus en plus vive avec des pays très peuplés de plus en plus consommateurs comme la Chine et l'Inde.
S'agissant de la France, avec une consommation de combustibles fossiles qui ne représente qu'environ 1% de la consommation mondiale, elle n'est guère en position de peser sur leurs marchés. La politique énergétique la plus sage qu'elle puisse suivre est sans doute d'anticiper leur déclin, en premier lieu celui du pétrole, pour accompagner ce déclin plutôt que d'avoir à le subir passivement. La priorité de cette politique devrait donc être de chercher les moyens de s'adapter à une diminution forcée et durable de notre approvisionnement en pétrole. A tout le moins, l'hypothèse d'une diminution progressive de notre approvisionnement en pétrole d'ici peu d'années devrait être prise rapidement en considération, et ses conséquences étudiées de près par les économistes. Mais une politique d'anticipation ne pourra guère être mise en place sans une très forte détermination: Elle rencontrera en effet de grandes résistances qui seront le fait non seulement de groupes catégoriels ou politiques ayant intérêt ou trouvant de la facilité au statu quo, ou d'«optimistes» convaincus de l'inexistence du problème, mais bien sûr aussi de raisons physiques, car se passer de pétrole sera très malaisé : Le pétrole est littéralement devenu, en particulier depuis la deuxième guerre mondiale, le sang des sociétés industrielles, à cause de la facilité et de la variété de ses usages, de son rôle déterminant dans les transports, et de son faible coût d'accès. Même pendant les années récentes de prix élevés, le prix du litre de carburant est resté en France de l'ordre de celui du litre d'eau minérale ! Il a aussi des utilisations pour lesquelles il semble impossible actuellement de lui trouver des substituts de façon très significative : agriculture, travaux publics, transport aérien, pétrochimie... Le risque est donc grand que les «décideurs» décident d'attendre et de voir venir plutôt que d'affronter ces difficultés. Pourtant, en ce qui concerne les principales utilisations du pétrole, le transport routier des personnes et des marchandises et le chauffage, beaucoup des instruments techniques nécessaires existent déjà : - Pour les transports routiers : véhicules à faible consommation de carburants et/ou électriques, électrification des transports en commun. Observons au passage que la France bénéficie dans le domaine de la mobilité électrique d'un atout considérable, puisque contrairement à la plupart des pays sa production d'électricité n'utilise que très peu de combustibles fossiles. - Pour le chauffage : meilleure isolation thermique des bâtiments, électricité nucléaire, récupération de la chaleur du sol et de l'air au moyen de pompes à chaleur (PAC), chauffe-eau solaire, chauffage au bois ..., venant en substitution du fuel domestique, mais aussi du gaz, dont l'espérance de vie ne semble pas devoir être beaucoup plus grande que celle du pétrole si la «success story» du gaz de schistes aux Etats-Unis ne se transmet pas au reste du monde. Reste cependant à développer vraiment ces techniques au niveau nécessaire à un déploiement rapide en cas de crise.
La politique énergétique affichée officiellement actuellement par la France est surréaliste au vu des considérations précédentes : la principale direction indiquée est la fermeture progressive des centrales nucléaires au profit de l'éolien et du solaire photovoltaïque. C'est pourtant l'importance de ce nucléaire qui lui a permis de décarboner presque complètement son électricité et ce faisant lui a permis de réduire sa consommation de combustibles fossiles et ses émissions de gaz carbonique à un niveau qui est de loin le plus faible de tous les grands pays industrialisés ! Or la fermeture des centrales nucléaires mènera chez nous pour l'essentiel à leur remplacement non pas par de l'éolien et du solaire photovoltaïque, mais par des centrales à combustibles fossiles, comme c'est le cas maintenant en Allemagne et au Japon, car les électricités éolienne et solaire, intermittentes, ont besoin de centrales pilotables de soutien pour pouvoir être utilisées. Cela faute de moyens de stockage de l'électricité suffisamment importants, pour sans doute très longtemps.
La logique aurait voulu de concentrer les efforts, non pas sur l'électricité, déjà presque complètement décarbonée, mais sur les secteurs les plus consommateurs de combustibles fossiles, en particulier de pétrole, c'est-à-dire l'habitat et les transports. Cette politique aurait été efficace non seulement pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour améliorer la balance commerciale française qui souffre beaucoup du poids des importations de combustibles fossiles, et qui va souffrir aussi maintenant de plus en plus du poids des importations d'éoliennes et de panneaux solaires, fabriqués hors de France. Et bien sûr il aurait été possible ainsi de déjà se prémunir autant que possible contre les conséquences d'un déclin de la production pétrolière mondiale dans peu d'années. De ce point de vue, beaucoup de temps et d'argent ont ainsi été perdus. Il est urgent de se ressaisir !

B. DURAND, membre de l'ASPO France

Note : Les références indiquées dans le texte peuvent être trouvées sur le site de l'ASPO France (www.aspofrance.org) dans le document « Pétrole, gaz naturel et charbon, nature, mécanismes de formation, et place dans la transition énergétique », B. DURAND 2017.

Avis n°330
Ajouté par Alain ANONYMISé (Orléans), le 21/05/2018

J'ai lu qu'on travaille sur le stockage sous forme d'énergie cinétique : masse de révolution tournant à ultra basse température.

Avis n°48
Ajouté par GIL ANONYMISé (QUINT FONSEGRIVES), le 20/03/2018

On reproche souvent aux EnR un financement par le consommateur d'électricité (CSPE) alors que, pour le nucléaire, c'est le contribuable qui paye et on trouve ça normal. Devinez qui a financé les mises à niveaux des réacteurs après Fukushima. En fait c'est l'état qui, selon les options choisies en politique énergétique, pèse sur les prix de l'électricité alors que d'autres pèsent sur le contribuable. Si, pour le nucléaire, on affiche le coût complet, on risque d'être surpris.

Pages