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Le forum de discussion

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Avis n°280
Ajouté par Jean ANONYMISé (LYON), le 30/04/2018

Ne pensez-vous pas qu'il serait utile que RTE ajoute un ou deux scénarios aux 5 du bilan prévisionnel ? En effet, sur les 5 scénarios donnés par RTE, 2 outrepassent la LTECV en se fixant une sortie du nucléaire. Or à tout le moins RTE doit respecter la loi qui ne prévoit pas la sortie du nucléaire. Les 5 scénarios aboutissent tous à une augmentation des émissions de CO2 du secteur électrique.

1- Les 5 scénarios partent du principe qu'avec l'accroissement de l'efficacité électrique, il n'y aura pas d'augmentation de la consommation. Ceci nous paraît être une erreur compte tenu des nouvelles applications et de la montée en puissance des véhicules électriques et des 2 roues. Or, en 2017, la consommation d'électricité brute en France métropolitaine a atteint 482 TWh en 2017, soit 0,3% de plus qu'en 2016. Cette faiblesse de la consommation est plus liée aux performances économiques du pays car il ne faut pas oublier que la consommation a atteint 513 TWh en 2010, 489 TWh en 2012 et 495 TWh en 2013(pour une production de 530 TWh). Or le secteur économique redémarre et sa consommation suit cette évolution.
(En Allemagne également, les consommations ne suivent absolument pas la baisse prévue par la transition énergétique. La ligne retenue était de partir de 620 TWh par an en 2008 vers 556 TWh en 2020. Or la consommation reste supérieure à cette ligne puis qu'elle a été de :
- En 2015 de 595, TWh pour un objectif de 580 TWh
- En 2016 de 595 TWh pour un objectif de 577 TWh
- En 2017 de 599 TWh pour un objectif de 574 TWh. )
Ceci confirme que les consommations retenues par RTE d'ici 2025 sont trop faibles. Car il y aura 2 millions d'habitants supplémentaires ainsi qu'un nombre de ménages également supérieur.
Nous devons également prendre en compte qu'un million de véhicules électriques consomment 3,5 TWh par an.
Enfin, les logements dits « passoires thermiques » ne sont pas chauffés à l'électricité.
Donc faire un scénario qui prendrait en compte une consommation de 520 TWh en 2025 paraitrait plus raisonnable que certains scénarios calés sur Négawatt.

2- Les 5 scénarios prennent en compte 3 GW d'éolien off-shore avec un facteur de charge élevé. Or, à juste titre, le Ministre a pris conscience des coûts de production des projets aujourd'hui retenus qui sont effectivement prohibitifs. Il veut renégocier ces contrats voire les annuler et refaire un appel d'offres. Autant dire que nous sommes très loin d'avoir 3 GW d'éolien off-shore et qu'il vaudrait mieux les annuler dans le bilan prévisionnel.

3- RTE part du principe que pendant 90 % du temps, la puissance apportée par les éoliennes est également à 10 % de la puissance installées. En Allemagne, les prévisionnistes prennent un chiffre de 1 %. Or le point bas atteint en 2017 en France est de 50 MW pour un parc de 12 GW, c'est-à-dire une puissance inférieure à 0,5 % de la puissance installée. Or un prévisionniste en électricité ne peut pas jouer aux dés. Des délestages, voire un black-out, seraient dévastateurs sur le plan économique, médiatique et politique.

4- Comme on a pu le voir cet hiver, notre parc de production se rapproche du parc adapté en énergie mais il est clairement sous-adapté à la pointe d'hiver. En ne prenant que les moyens pilotables et quelques indisponibilités, notre parc ne peut fournir que 85 GW. La pointe de cet hiver à 95 GW n'est passée que grâce aux importations en provenance de l'Allemagne qui dispose encore jusqu'en 2022 d'un parc pilotable de 100 GW, supérieur à sa pointe de consommation de 82 GW.

5- Enfin plusieurs scénarios prévoient une augmentation massive des possibilités de transfert par les interconnexions.
Est-il rationnel d'afficher des développements aussi considérables des interconnexions ? En outre, il y a déjà côté réseau français des congestions qui font qu'avec les mêmes interconnexions nous pouvons moins importer qu'exporter. Le renforcement des interconnexions pose le problème de la restructuration en profondeur du réseau électrique très haute tension national. Mais il est essentiel de regarder l'évolution des puissances pilotables chez nos voisins.
5-1- L'Allemagne devrait perdre au total 36 GW de puissance mobilisable (nucléaire + charbon + lignite) sur 100 GW. La pointe actuelle en Allemagne est de 82 GW. Sa puissance mobilisable actuelle lui laisse de la marge contrairement à la situation française. Qu'en sera-t-il en 2025 ? Elle n'aura en principe plus que 70 GW de sa puissance mobilisable actuelle à l'appel, sauf si ses opérateurs ont programmé la mise en service massive de centrales au gaz, ce qui ne semble pas être le cas.
5-2- L'Italie est structurellement déficitaire en énergie et en puissance. Rien n'est véritablement programmé en nouveaux moyens mobilisables. Bien au contraire, elle envisage d'arrêter toutes ses centrales thermiques à l'exception des centrales au gaz ce qui aggravera sa situation électrique. L'Italie est bien connectée en gaz avec la Russie, via le hub Autrichien, et avec les pays du Maghreb. Elle a aussi le projet de se connecter avec le gisement Israélien Léviathan. Le problème en Italie aussi sera de donner de la visibilité sur la rentabilité des CCG aux opérateurs.
5-3- La Belgique a voté la loi sur la sortie totale du nucléaire, qui représente 50 % de sa puissance installée, pour 2025. A notre connaissance, elle n'a pas, pour l'instant, programmé la construction de nouveaux moyens de production mobilisables. Elle sera donc déficitaire en énergie et en puissance.
5-4- La Grande-Bretagne est structurellement déficitaire en énergie. Il n'est pas certain que les 4,5 GW de nucléaire, cités par RTE, soient opérationnels en 2025. Et lorsqu'ils le seront, le parc AGR Britannique commencera à arrêter un certain nombre de tranches. Les Britanniques ont également l'intention d'arrêter des puissantes centrales au charbon comme celles de Drax et de West Burton d'ici 2025, pour respecter leurs objectifs de réduction des émissions de CO2. Les Anglais seront-ils auto-suffisants en puissance et en énergie ? Rien n'est moins sûr ! Il ne faut donc pas compter sur eux pour boucler notre bilan en puissance et en énergie.
5-5- La Suisse a voté une loi de sortie du nucléaire au fur et à mesure de l'arrêt définitif de ses tranches. Mühleberg est ainsi non remplacée à la suite de son récent arrêt définitif. Par ailleurs, en raison de son hydraulicité d'hiver très faible, la Suisse est déjà structurellement déficitaire en puissance et s'appuie sur les parcs français et allemands notamment.
5-6- L'Espagne. La production nucléaire est à peu près constante tandis que la production à partir de combustibles fossiles a nettement chuté depuis 2011 avec, curieusement, une baisse nette du gaz tandis que le charbon et le pétrole restent constants. Ceci probablement à cause des prix du charbon et de l'absence de taxe sur le CO2.
Cependant, pour respecter ses engagements sur la baisse de ses émissions de CO2, ce pays devra baisser sa production au charbon et au pétrole. Dans ces conditions, il rebasculera sur ses centrales au gaz sous-utilisées. Mais rien n'est réellement prévu comme construction de nouveaux moyens de production mobilisables.

6- RTE additionne les productibles annuels des EnRi. Ceci n'est possible qu'à la condition stricte que la puissance délivrée par les EnRi ne dépasse pas 30 % à 50 % de la puissance instantanée (suivant qu'elle est basse ou haute) appelée par la consommation afin de garantir la stabilité du système électrique. Ce qu'a bien montré l'étude récente de la R&D d'EDF. Or les hypothèses faites sur des taux très importants de développement des EnRi font que l'on est certain que l'on devra se séparer d'une partie de leur production à certains moments de l'année comme cela se passe déjà en Allemagne. Donc additionner les productibles de ces sources n'a pas de sens pour vérifier notre auto-suffisance en énergie électrique annuelle.

Conclusion- Toutes ces raisons militent pour que RTE ajoute un scénario de consommation plus haute tout en respectant les émissions du secteur électriques actuelles.

Avis n°44
Ajouté par ALain ANONYMISé (Auxerre), le 20/03/2018

Pour une meilleure acceptation de l'éolien, il faudrait en revoir les règles et les simplifier. Elles datent de plus de 10 ans et ne sont plus adaptées aux nouvelles machines. Par exemple, en France la distance mini est de 500m alors que les machines sont bien plus grandes. Il serait plus adapté de nous caler sur la réglementation allemande (pourquoi pas des règles européennes ?) ou limiter les implantations à X fois la hauteur (exemple 8 fois). Il reste un gros potentiel de petit hydraulique non développé. Un exemple, la production potentielle d'une rivière comme l'Yonne vers Sens est de 2 MW par barrage. Il y a environ 1 barrage tous les 4 Km. Cela donne l'équivalent de milliers d'éoliennes avec une production prévisible et maîtrisable. C'est de la vraie énergie verte, qui ne nécessite même pas de gros travaux (les barrages existent déjà et son gérés par VNF), qui serait facilement acceptée par les habitants proches.

Avis n°92
Ajouté par bernard ANONYMISé (marseille), le 24/03/2018

Pour soi-disant lutter contre le réchauffement climatique, nous avons construit 7,7 GW de puissance solaire (installée) et 12,9 GW d'éolien.
Résultats :
- Aucun effet sur le réchauffement, si ce n'est négatif. En effet, ces énergies ont remplacé une partie de la production nucléaire, qui n'émettait pas de gaz à effet de serre. De plus, une bonne partie des panneaux solaires sont fabriqués en Chine (générant des emplois en Chine), à grand renfort d'électricité à base de charbon.
- Aucun impact sur le nombre de réacteurs nucléaires en fonctionnement. La consommation d'électricité est stable en France depuis 20 ans ; pendant ces 20 ans, on a construit l'équivalent en éolien et solaire (en puissance installée) de 20 réacteurs nucléaires, mais nous n'en avons arrêté aucun.
- Par contre, un impact énorme sur le porte-monnaie des consommateurs d'électricité (à travers la CSPE). Il a bien fallu financer ces capacités installées dont nous n'avions pas besoin. Et en même temps payer pour le nucléaire qui coûte autant quand il produit que quand il ne produit pas.

En France, les secteurs les plus gros contributeurs à l'effet de serre sont le transport et le chauffage. C'est dans ces secteurs qu'il faut concentrer nos efforts plutôt que dans celui de l'électricité dont la production n'émet presque pas – en France – de gaz à effet de serre.

Avis n°140
Ajouté par 2666 (Peisey), le 30/03/2018

L'hydroélectricité est une belle énergie renouvelable, cependant elle est hiérarchisée, de la plus précieuse à la plus inutile. Et puis, savez vous, l'été est différent de l'hiver.

L'énergie hydroélectrique la plus précieuse est celle des Stations de Transfert par Pompage (STEP), comme un accumulateur rechargeable. De même que celle des retenues des grands barrages, délivrée exactement à la demande, par exemple ce que fait l'aménagement EdF de Tignes Malgovert en Haute Tarentaise.
Les aménagements sur les cours d'eau produisent « au fil de l'eau » une énergie dite « fatale » car elle n'est pas disponible sur commande : c'est le cours d'eau qui décide. Sa quantité, sa régularité, son caractère renouvelable en font une énergie de grande qualité.
L'énergie la plus inutile, c'est celle qui n'est disponible qu'en été alors qu'à cette période la capacité globale de production est le double de la consommation : le cas des torrents de montagne qui n'ont pas d'eau l'hiver. Energie renouvelable, certes, mais à grands frais pour le consommateur à cause des systèmes de subvention financés par la CSPE de la facture, aubaine dont profite l'industriel. Dénoncé comme « bulle spéculative » par la Commission de Régulation de l'Energie elle-même.
Ce sont les cours d'eau qui fournissent l'hydroélectricité, mais pas que. Ils sont aussi une part essentielle de notre patrimoine naturel, en danger.
L'hydroélectricité n'est pas gratuite, l'effet environnemental des aménagements n'est pas nul.
A titre d'exemple, la vallée de Peisey-Nancroix en Savoie est un des principaux contributeurs de Malgovert, au prix de la perte de 3 sur 4 de ses grandes belles cascades emblématiques de la vallée du Ponthurin, et de l'assèchement partiel de l'un des plus beaux torrents des Alpes. Ce qui produit de l'électricité pour alimenter 36 fois la population de Peisey (sans toutefois que la commune perçoive la moindre redevance !).
Un autre exemple tout aussi emblématique est le Nant Bénin, lui aussi dans le Parc National de la Vanoise, dans un état écologique tellement exceptionnel qu'il a reçu le 23 mai 2017 le label AFNOR « Site Rivière Sauvage », le premier dans les Alpes, maintenant menacé de disparaître dans la conduite forcée d'une microcentrale ne pouvant produire qu'en été. Projet porté par GEG-ENGIE, très largement refusé par la population (10 000 signatures) ainsi que par un avis ferme du CSRPN-ARA.
L'écologie est affaire de compromis, l'opposé de toute attitude dogmatique comme celle voulant faire à tout prix et partout des quantités infimes de l'énergie fatale la plus inutile au prix de la destruction des dernières rivières joyaux de notre patrimoine naturel.
Pour illustrer les ordres de grandeur, le chiffre du minimum de consommation nationale en été est celui (théorique) de la production de 20 000 microcentrales. L'utilité d'en construire une, c'est zéro (précisément 0,00005). Il y a mieux à faire.
Une juste balance doit être faite. Il a été démontré et publié dans une revue scientifique que la valeur des services écosystémiques rendus par un cours d'eau en bon état est largement supérieure à celle de quelques MWh de plus consommés aussitôt produits.
C'est le bon sens même que de ne pas produire à grands frais et à fonds publics perdus l'énergie la moins utile et la plus coûteuse pour l'environnement. En termes de solidarité pour les générations futures, il faut que notre patrimoine environnemental soit préservé, face à l'appétit destructeur sans contrôle et sans limite de groupes dont seul le but lucratif compte. D'autant plus que les fonds de la CSPE qu'ils s'approprient auraient pu, par exemple, financer des économies d'énergie. C'est pourquoi le fait de subventionner la construction de microcentrales ne pouvant fonctionner qu'en été est contraire à l'intérêt public.
Selon l'UICN, la construction de microcentrale sur un torrent de montagne ne pourrait être justifiée que dans une zone non connectée au réseau.
Le fait que l'appel d'offres du ministère de l'écologie n'ait pas exclu les torrents en particulier ceux qui coulent dans les Parcs Naturels est très inquiétant. Il faut absolument soutenir la CRE et le Ministère pour leur indépendance vis à vis du lobby industriel.
Il faut aussi, selon les instructions du Ministère, que l'information et la participation du public, droits fondamentaux, soient faites le plus en amont possible, et que l'opportunité des projets soit examinée dans une approche écologique globale et véritablement dans le sens de l'intérêt public. Et loin du fait accompli.
Pas de microcentrale sur les torrents de montagne !

Association Nant Sauvage à Peisey

 

CSPE : Contribution au Service Public de l'Electricite
CSRPN-ARA : Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel Auvergne Rhône-Alpes
GEG : Gaz et Electricité de Grenoble
CRE : Commission de Régulation de l'Energie
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

Avis n°100
Ajouté par VERONIQUE ANONYMISé (LYON), le 26/03/2018

Ce débat est intéressant mais je ne vois pas comment on peut recoller les morceaux entre ce que nous pensons bien de faire et ce que nous faisons.
Quelle cohérence entre notre position personnelle et le bien de tous dans chacun des domaines concernés :
- l'habitat (les passoires énergétiques, le chauffage électrique mais des loyers de plus en plus chers car le parc est insuffisant et les propriétaires ne font plus de travaux pour les locataires...)
- le trafic routier (super le vélo quand on habite en ville et pas certaine que la voiture électrique soit la solution ; chère et inaccessible à ceux qui ont besoin d'une voiture et qui habitent en périphérie parce que les loyers en centre ville sont trop chers ; de plus il faut la produire, cette électricité...)
- ENR : oui tout le monde pense que c'est bien... mais pas à côté de chez soi !
- fermer les centrales thermiques : oui pour la pollution, mais non pour l'emploi (avec un taux de chômage de 9%, peut-on se le permettre ?)
- réduire le nucléaire : là aussi oui mais quels moyens de production pour faire la base dont nous avons besoin pour les passoires énergétiques et les véhicules électriques et l'industrie que la France veut relancer...
Je cherche les réponses à toutes ces injonctions contradictoires car dès qu'il s'agit personnellement de payer ou d'agir pour réduire notre impact, nous avons tous des positions contradictoires.
Que celui qui a la solution...

Avis n°72
Ajouté par Jean-Paul ANONYMISé (METZ), le 22/03/2018

Au cours du précédent quinquennat, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a posé pour principe la réduction à 50 % la part de l’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025 ainsi que la fermeture de Fessenheim ! Ce choix, seulement fondé sur un engagement électoral, a déchaîné les passions sans qu’aucun consensus n’ait pu être trouvé par la majorité en place et l’opposition ! L’application de cette loi ne permettra pas à la France de respecter ses engagements de réduction des émissions de CO2 qui constituent pourtant un enjeu majeur pour les générations futures et de plus engage notre pays pour des décennies avec des investissements colossaux ! Ce spectacle est indigne d’une grande nation, parce qu’aucune solution sérieuse ne peut résulter d’un tel affrontement. Nous devons absolument en sortir au plus vite, définir une stratégie de long terme et nous y tenir. C’est le rôle d’un État stratège de définir une politique énergétique pour notre pays et ce compte tenu de la complexité technique et des conséquences sur le développement économique et social. En conséquence, je propose que la politique énergétique ainsi définie soit votée en termes identiques par l’Assemblée nationale et par le Sénat et approuvée par la majorité des 3/5e des suffrages exprimés des deux chambres du Parlement réunies en Congrès.

Avis n°46
Ajouté par GIL ANONYMISé (QUINT FONSEGRIVES), le 20/03/2018

Aujourd’hui les tarifs d’EDF tiennent compte d’une production nucléaire centralisée, d’un réseau de transport RTE qui part de la centrale et d’un réseau de distribution qui aboutit chez le client final. Les coûts d’utilisation du réseau sont obtenus par cumul des coûts selon ce cheminement vertical. Lorsqu’il s’agit de production décentralisée EnR, le modèle est le même. En clair, même si vous avez des panneaux photovoltaïques sur le toit, transporter 1 MW PV revient au même que de transporter 1 MW nucléaire. Il faudrait, en production décentralisée au plus près de l'utilisateur, que les coûts soient différents.

Avis n°224
Ajouté par 2659 (PARIS), le 14/04/2018

Les media confondent souvent Kw et Kwh, c'est-à-dire puissance et énergie. On trouve même parfois des KW/h, c'est à dire des variations de puissance dans le temps... Depuis des années, les lecteurs des media corrigent ces erreurs, mais ça continue. On pourrait d'ailleurs penser que c'est aussi le cas de certains décideurs.

Les KW, c'est de la puissance, ce qu'est capable de donner un équipement en instantané. La capacité, en KW, détermine le dimensionnement, donc le coût de l'investissement.
Les KWh, c'est de l'énergie, donnée pendant une heure. L'énergie détermine la production de l'équipement, donc le chiffre d'affaire.

Si un équipement toujours disponible et toujours utilisé à un coefficient de 1, pour une centrale nucléaire c'est 0,8, une éolienne 0,25, un panneau solaire 0,15. Il faut tenir compte de ces coefficients pour comparer les rentabilités.

Le mix énergétique c'est, comme son nom l'indique, de l'énergie.
Mais à la pointe d'hiver, sans vent et sans soleil (ce qui arrive assez souvent, sur l'ensemble de l'Europe), on a besoin de puissance disponible. Donc de toutes nos centrales pilotables (qui sont essentiellement du nucléaire pour la France).
Lorsqu'on dit descendre le nucléaire à 50% du mix, c'est en énergie. Cela veut dire qu'on garde toutes nos centrales, pour la pointe, mais on les fait tourner moins longtemps, pour laisser la priorité aux ENR aléatoires (lorsqu'elles daignent produire).

Il est donc incompréhensible qu'on s'interroge, à la Cour des comptes ou au Ministère de l'Ecologie, sur le nombre de centrales à "arrêter" : il y en aurait, dit-on, 17.

Eh bien non. On ne les arrêtera pas. Elles produiront moins, leur coût au KWh sera plus élevé, elles s'useront plus vite par une marche en stop and go.

La risque d'incident en sera plutôt augmenté que diminué.

Et toutes les éoliennes et les panneaux solaires, installés à grand frais, perturberont le réseau électrique par leur intermittence sans vraiment servir à quelque chose. Peut être économiser un peu de combustible nucléaire, et même cela, ce n'est pas évident. Les ENR aléatoires sont en France un surinvestissement inutile.

Ce serait cohérent, si, comme en Allemagne, on arrêtait tout le nucléaire, pour annuler le risque, en le remplaçant par du gaz et du charbon.

Avis n°225
Ajouté par Manuel ANONYMISé (ROUDOUALLEC), le 14/04/2018

La transition énergétique vers les énergies renouvelables est une nécessité absolue devant s'effectuer dans des délais contraints. Après avoir nié cet état de faits, les grandes entreprises ont aujourd'hui senti les bons plans, considérant que les investissements dans le secteur sont aujourd'hui rentables du point de vue financier. Elles se moquent totalement de l'aspect réellement environnemental. Techniquement, les différents principes existent et ce, depuis plusieurs décennies, pour produire de l'énergie à partir de sources renouvelables : géothermie, éolien, solaire voltaïque et thermique, biogaz, hydrogène, hydrolien. Cependant, toutes ces technologies, qui pourraient être mises en oeuvre pour rendre les concitoyens autonomes, font actuellement l'objet d'une main-mise par les grandes entreprises, accompagnées par l'Etat.

Plusieurs exemples : EDF demande aujourd'hui à l'Etat de libérer des terres agricoles afin d'installer du photovoltaïque. Pourquoi ne pas plutôt favoriser l'installation des panneaux sur toutes les toitures existantes et bien orientées selon un contrat de type "je vous laisse l'accès à ma toiture - vous installez des panneaux dont vous tirez profit pendant 15 ans, les 10 ans de vie restant me revenant". Avantages du principe : pas de consommation de terre agricole, rénovation des toitures avec prise en charge de l'isolement des bâtiments par l'installateur, production locale d'électricité, pas de discrimination entre les différents particuliers selon leurs moyens à acheter des panneaux, surface disponible importante... Energies des transports : les particuliers sont conduits aujourd'hui à marche forcée vers l'électrique, en prédisant dans un avenir plus lointain l'hydrogène à travers la pile à combustible. Dans un cas comme dans l'autre, l'énergie grise consommée pour mettre en oeuvre ses technologies dites propres n'est pas compensée par l'utilisation des moyens de transport comparativement aux énergies actuelles. Or, des "geo-trouvetout" ont montré depuis bien longtemps qu'en réfléchissant un peu, les véhicules thermiques actuels sont facilement adaptables à l'utilisation directe du biogaz ou de l'hydrogène. On pourrait imaginer que dans toutes les maisons où c'est possible, on puisse avoir un méthaniseur individuel, associé à une cuve de récupération d'eau de pluie, avec une petite éolienne et de panneaux photovoltaïques. Biogaz d'un côté, production d'hydrogène de l'autre à moindre coût. Il sera nécessaire de mettre l'accent bien évidemment sur la sécurité des installations. A partir de là, un véhicule thermique classique nécessite de 1500 à 3000 € pour changer d'énergie. Et les personnes deviennent autonomes sur ce point. Du point de vue macroéconomie du pays, la nature ayant horreur du vide, l'argent économisé par les particuliers sur le plan énergétique ira vers un autre secteur économique de consommation. Etc.

Toutes les technologies existent. Mais il faut changer de paradigme. Il me semble nécessaire de remettre l'ensemble des individus constituant notre société au centre de nos préoccupations, sans discrimination environnementale. Or aujourd'hui, la transition énergétique en cours stigmatise les niveaux inférieurs de la société car il est demandé à chacun individuellement de faire les efforts financiers pour aller dans ce sens. Un PDG peut se targuer de rouler en voiture électrique et dire qu'il est écolo. Mais quel prix pour un tel véhicule ? Qui a réellement les moyens de se l'offrir ? De même, une maison à énergie positive est bien évidemment la meilleure solution. Même si le calcul, à terme, montre l'intérêt économique d'un tel investissement, qui a les moyens de réellement investir dans ce type de maison ? Les technologies existent. Encore faut-il la volonté réelle d'améliorer le quotidien des citoyens, au détriment de l'intérêt des multinationales. A débattre...

Avis n°199
Ajouté par jean-philippe ANONYMISé (Boulogne-Billancourt), le 10/04/2018

Dans la mesure où on ne sait pas les stocker et qu'elles ont besoin des centrales commandables, les électricités intermittentes sont en fait pour l'essentiel dans le même "panier" que l'électricité fournie par ces centrales. Si le combustible de ces dernières vient à manquer, il n'y aura pratiquement plus d'éolien et de solaire photovoltaïque utilisables. Cette histoire d'oeufs dans le même panier, c'est l'habituel décervelage.

Moins de nucléaire, c'est dix, vingt, cinquante milliards d'euros par an (selon le calcul de l'ingénieur des Mines Henri Prevot) de plus sur la facture (selon le pourcentage de nucléaire que l'on diminue) qu'avec du nucléaire sans trop d'éoliennes et trop de PV.

Et construire de l'intermittence ne permet pas de fermer de centrale pour la base. Juste ruiner sa productivité et payer deux fois ce qu'on pourrait ne payer qu'une.

Et si c'est pour « faciliter la coopération avec les Allemands », cela n'a pas de sens si c'est pour s'approcher de la rupture réseau même avec les interconnextions aux frontières.
Il y a très peu de foisonnement en Europe de l'ouest pendant les quinzaines anticycloniques comme l'a démontré le scientifique Hubert Flocard.

Quant à cette histoire de risque systémique sur le parc nucléaire... Rien de tel ne s'est manifesté depuis 40 ans.
Par contre nous sommes en train de développer un risque systémique de black-out vu la stratégie liée au réseau életrique que l'on déploie actuellement en Europe, avec des renouvelables assistés par des fossiles qu'on doit fermer.

Le temps des "maladies de jeunesse" du parc est loin derrière nous, mais on ne rappelle pas assez que les 58 oeufs ne sont pas "dans le même panier" mais dans 19 paniers ayant chacun ses spécificités.
Le risque systémique a surtout beaucoup joué... en 74 avec le spectre d'un rationnement en pétrole.

C'est pour lutter contre ce risque que les gouvernements ont demandé à EDF de construire son parc nucléaire et de développer le chauffage électrique.
En 20 ans le rééquilibrage s'est opéré avec 50% de fossiles et 50% d'électricité nucléaire + hydro.

Donc quand Emmanuel Macron déclare "on a trop d'énergie électrique fournie par le nucléaire, ça crée une trop grande dépendance à une seule source d'énergie", cela pose une question : la sécurité d'approvisionnement. Repose-t-elle nécessairement sur une diversification de l'approvisionnement entre plusieurs sources d'importance comparable ?

De façon générale l'approvisionnement est sûr si, en cas de défaillance d'une source, on peut disposer d'une autre source pouvant suppléer à cette défaillance. La diversification des sources en temps normal peut être un moyen. A supposer que la défaillance d'une source puisse être compensée par les autres.

Il est facile de montrer que la sécurité d'approvisionnement est possible même sans diversification des sources en temps normal.
La diversification des sources peut être un moyen; mais ce n'est pas une nécessité car la sécurité d'approvisionnement demande une une diversification des sources non pas en temps normal mais en cas de crise.

Il est facile de le montrer et il est utile de le rappeler car les gens confondent ce qui est un moyen et ce qui est une nécessité... jusqu'à la tête de l'Etat apparemment.

Rappel sur ces craintes contemporaines :

En 50 ans il n'y a eu 3 accidents de l'atome dans le monde, dont 2 n'ont fait ni mort ni blessé par radiation, et un qui a fait au moins 100 morts assez rapidement. Dans le même temps il a eu 2 000 crashs d'avion qui ont fait 30 000 morts. On réduit l'avion de 33% ?

Et surtout, même en cas d'accident très grave, les conséquences radiologiques sont en fait bien plus faibles que ce qu'on imagine. La dilution des gaz nocifs avec la distance est exponentielle. Il suffit de se confiner quelques jours. Et l'uranium étant plus lourd que l'air, il ne migre pas. Contrairement à Tchernobyl où le graphite brula et s'envola avec le panache de fumée.

Nucléaire : petit rappel sur la technologie des "PWR", modèle qui se généralise dans le monde.
Il n'a jamais conduit à 1 seul mort sur environ 5 000 ans d'années réacteur d'expérience dans le monde.
On peut dire qu'avec 253 GW de ces récteurs (REP en Français pour "réacteur à eau présurisée"), ayant fonctionné 20 ans, produisant 7 TWh/GW/an on a produit 35 420 TWh, ils n'ont fait aucune victime dans le public
Qui fait mieux ? La même quantité d'énergie produite avec le charbon aurait conduit à 6 millions de décès (170 000 pour 1 000 TWh).
Une production de 7 TWh électrique par tranche de 1 GWe, soit 3 GWth, transforme en énergie 0,8 kg/an de matières fissiles.
La même production au charbon demande 3 millions de tonnes.

Et n'oublions pas l'impact positif de 1 milliard € sur la balance commerciale, (déficit de 34 Mds€ au T1 2017).
Toujours bon à prendre pour notre modèle social.

Pour mémoire, l'importation d'uranium est de 0,8 milliard d'euros par an pour 400 TWh de production nucléaire, soit 0,2 c€ /kWh (2€/MWh).

1000 tonnes d'U308 à 10 kg/litre ne représentent que 100 m3. On peut donc stocker 5 ans sans que cela coûte cher et que le volume soit gênant.

Rappel : Framatome ouvrait jusqu'à 4 réacteurs par an. L'excellence mondiale.

Désormais, l'EPR vise à réduire les coûts d'exploitation et de maintenance (-20% par rapport aux autres réacteurs de Génération 3 et 3+) et à réduire également les coûts de carburant (jusqu'à -15% par rapport aux autres réacteurs Génération 3 et 3+)
Grâce à 90% de disponibilité.

En 1981, la Direction de l'Equipement EDF réussit à connecter au réseau 8 réacteurs, un toutes les 6 semaines, un record que la Chine devra battre si elle veut contribuer à sauver le climat à temps.
La Corée du sud a elle battu le record de leur faible durée de construction.
Elle a réussi, sans les moyens modernes d'aujourd'hui, à construire 4 réacteurs sur un durée pour chacun de 4 ans (respectivement de 48, 50, 50, 56 mois)

Fluctuation de la production du parc : en cas de nécessité ce dernier peut épouser les caprices de la méteo.
Le parc nucléaire peut atteindre des gradients supérieurs à 1GW chaque 15 mn en synchronisant les variations de puissance. D'où l'intérêt de garder un parc important.

Peut-on le remplacer par un couple stockage + ENR ?
Exemple pour le barrage de Grand Maison : Puissance 1,8 GW. Durée stockage : 10 h donc 18 GWh.
Facteur de charge : 25% qui fournit 100 TWh (20% de la conso, soit 2000 h/an)
- Pour 50 GW éolien, il faudrait 25 Grand Maison !
- Périodes sans vent : de 250 h, alors que le stockage nécessiterait : 50x250 = 12,5 TWh, soit 700 Gd Maison...

Les STEP en bord de mer sont-ils la solution ?
Surface basse du Verney : 18 M.m3, surface 0,6 km2 donc 700 Gd Maison = 420 km2 réalisable en STEPs de mer. Le hic: la hauteur de chute !
Hauteur de chute = 950 m. Bord de mer: 50 m, donc 20x plus de turbinage soit 8 000 km2 optimisable à 3 500 km2...!

Réaliste la baisse du nucléaire pour remplacer l'hiver 20 ou même 10 GW utiles par un couple vent + soleil + barrage avant la fonte des neiges ?

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