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Le forum de discussion

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Avis n°154
Ajouté par 2683 (Porspoder), le 02/04/2018

La question de l'énergie devrait être abordée d'abord par les besoins, puis par les sources potentielles. En France, cette question est pourtant abordée essentiellement par le vecteur électricité, comme si le futur système énergétique français ne pouvait être qu'électrique, et centralisé.

Pourtant, dans le monde l'électricité ne constitue que moins de 20% des consommations, et c'est logique car les besoins sont surtout de la chaleur et de la mobilité, l'électricité spécifique ne constituant qu'une partie mineure des besoins (même en France, l'électricité couvre seulement de l'ordre de 40% des besoins énergétiques en bonne partie non électriques : chaleur).

La transition en France semble viser à satisfaire tous ces besoins par la seule électricité, ce qui pose de très gros problèmes de régulation. La régulation la plus simple, c'est du transport et du stockage ; or, l'électricité n'est pas facile à transporter, puisqu'il faut construire des lignes coûteuses et consommatrices d'espace, et elle est difficile à stocker sans conversion (par exemple en énergie potentielle dans les STEP, mais le potentiel est limité, ou en énergie chimique dans des batteries, mais la densité du stockage est très faible).

Pourtant, il serait tout à fait possible d'imaginer un système intégrant les trois vecteurs électricité-gaz-chaleur, tirant bénéfice des avantages des trois vecteurs :
- le gaz peut être produit à partir de biomasse ou d'électricité ("power to gas") ; il se stocke sur toutes les durées et se transporte facilement sans infrastructures lourdes (navires gaziers, camions-citernes) ;
- l'électricité est facile à produire, par exemple par la plupart des techniques convertissant de l'énergie solaire : photovoltaïque, éoliennes (le vent c'est d'abord de l'énergie solaire), chaleur (turbines) ou d'autres sources d'énergie (marée, géothermie) ;
- la chaleur est produite dans toutes ces conversions (chaleur fatale) et facile à utiliser et même à produire localement (géothermie, solaire, gaz renouvelable).

Notre système énergétique futur pourrait donc :
- être essentiellement alimenté par des énergies renouvelables (produites localement et si nécessaires en complément produites très loin - déserts ou océan, et importées sous forme de gaz renouvelable) ;
- combiner trois types de réseaux : électriques (essentiellement des réseaux locaux interconnectés), gaziers, réseaux de chaleur (réseaux locaux), "transconnectés" par des installations de conversion d'un vecteur dans un autre, essentiellement locales (ex. turbines à gaz, conversion en gaz renouvelable) et des installations locales de stockage de gaz, avec récupération de la chaleur fatale de conversion dans des réseaux locaux de chaleur.

On passerait ainsi à un système énergétique composé d'unités locales (échelle : régie de taille adaptée) produisant des ENR, converties si nécessaires et stockées sous forme de gaz, interconnectées par des réseaux de gaz et d'électricité.
La régulation serait très décentralisée et simplifiée, les inconvénients d'un système essentiellement électrique où l'équilibre doit être réalisé à chaque seconde disparaitraient, les excès pouvant être transformés en gaz renouvelable ou en chaleur, les déficits éventuels étant comblés localement par le démarrage très rapide de centrales à gaz renouvelable.

Evidemment, c'est la fin du système centralisé et donc des centrales nucléaires et du réseau électrique centralisé, réduit aux interconnexions. Mais ce n'est pas la fin de la solidarité (puisque les excès peuvent être partagés, et la péréquation est toujours possible).
Avantages : les territoires qui produisent de l'énergie pourraient en tirer les bénéfices localement sous forme de tarifs favorables et de ressources publiques issues de la vente et de l'exportation d'énergie (incitation à produire localement, donc des ENR) ; le système serait beaucoup plus résilient, et le risque d'écroulement généralisé d'un système centralisé mono-vecteur disparaîtrait.

La transition peut passer par le gaz, qui pourrait progressivement devenir 100% renouvelable (donc, pas de GES) et constituer à terme l'élément central du système énergétique.
Des grandes options de ce type devraient être étudiées avant de décider de lancer le pays dans une électrification massive des transports, et de décider de la poursuite ou du développement de la production massive et centralisée d'électricité.

La loi de transition énergétique n'a pas permis ce débat, la PPE qui la décline ne le permet pas non plus. C'est une occasion manquée...

Avis n°288
Ajouté par Frédéric ANONYMISé (Saint-Egrève), le 03/05/2018

Le "Stockage par Turbinage et Pompage" (STEP) est le moyen les plus utilisé pour restituer l'électricité (plus de 90% de l'énergie stockée). Pourquoi ?

- Son rendement est bon, bien que les pertes y soient de l'ordre de 30% (transports HT, transformateurs, pompage, turbinage, puis à nouveau transports..)

- C'est le seul moyen de stockage qui se fasse à un prix raisonnable.

- Il est assez efficace pour restituer de l'électricité sur une base essentiellement quotidienne : les Steps français, qui ont une puissance autour de 4GW et un stockage autour de 80GWh ont un fonctionnement sur la semaine : ils se remplissent le week-end et la nuit et restituent la journée.

- Ils sont bien adaptés à la production nucléaire. Ils ont été, en France et en Suisse, essentiellement construits dans les années 70 en conjonction avec la mise en service des centrales nucléaires. En effet, celles-ci, assez chères à construire, ne pouvaient être trop surdimensionnées comme par exemple les centrales fossiles allemandes (qui d'ailleurs aujourd'hui contribuent à répondre à nos pics de consommation).

Le bel exemple de STEP est Grand'Maison, bien qu'en fait il ne soit guère plus qu'un exemple : je crois 1.7GW de turbinage pendant à peu près 15 heures. Difficile d'estimer son coût : 2G€ ? car il date de près de 50 ans et il a dû affronter l'opposition des écolos !

Aujourd'hui, on a les zélateurs de renouvelables qui voudraient bien qu'on en construise, et ON N'EN CONSTRUIT PAS ! Du moins pas en France, il y a des chantiers en Suisse, et les chantiers allemands me semblent mis au frigo.

Pourquoi ?

Parce que ce n'est pas rentable : on a un marché de l'électricité fortement déprimé, avec des prix même assez fréquemment NEGATIFS. Cela est dû à l'arrivée massive d'électricité renouvelable subventionnée que les opérateurs sont obligés de prendre et qui de toutes façons sont "à coût marginal null". Comme les opérateurs savent que si ils arrêtent leurs centrales pour les redémarrer aussitôt après, ils ont un processus coûteux, ils préfèrent vendre leur électricité à perte aux interruptions trop fréquentes. Résultat, ils sont prêts à payer pour fourguer leur électricité. Là où le prix du marché est très déprimé, c'est l'Allemagne, devinez pourquoi...

Ce qui se passe, c'est que les STEPs sont assez chers, il y a des pertes (~30%) et cela doit être rémunéré par la vente d'électricité au prix fort. Rajouter qu'en France, EDF paye des droits de transit à RTE deux fois, car il faut envoyer dans les Alpes de l'électricité HT et la ramener.

Nos voisins suisses qui ont pas mal investi dans ce domaine (par le passé ils achetaient de l'électricité nucléaire pour la revendre ensuite) sont inquiets pour la rentabilité de leurs STEPS, et aussi de toute leur hydroélectricité.

Les projets allemands sont à ma connaissance "au frigo", il n'y a aucun projet en France. Il y a possibilité en modifiant des systèmes existants d'augmenter de 50% le stockage, faire de nouveaux barrages est EXCLU (voir le petit machin qu'était Sivens et les problèmes que ça a posé).

Il est à mon avis illusoire de développer des STEPs qui ne prennent avantage de fortes dénivelées et des digues naturelles que sont les profondes vallées. Donc je ne vois de projet raisonnable que dans des régions montagneuses.

Donc ce dossier est au point mort, il faut près de 20 ans pour faire sortir un nouveau projet. On est en train de développer une production renouvelable sans avoir la moindre solution au stockage. Heureusement, on sait moduler la puissance nucléaire, au prix probablement de sa rentabilité.

Donc, ne fermons pas de centrale prématurément !

Avis n°261
Ajouté par Nicolas ANONYMISé (Marseille), le 24/04/2018

Le bilan CO2 des centrales électriques à gaz est massivement sous estimé du fait que les fuites de méthane ne sont pas comptabilisées (liées au transport et à l'extraction notamment). C'est un biais majeur qu'il convient de corriger au plus vite, dans toutes les publications gouvernementales. Rappelons que les émissions de méthane ont explosées ces dernières années et que ce gaz contribue massivement à l'effet de serre, avec un potentiel de réchauffement environ 85 fois supérieur à celui du CO2 à court terme (à horizon 20 ans ("GWP20")). Le biais est tellement fort que sous certaines hypothèses, l'utilisation de certaines sources de gaz serait pire que celle du charbon du seul point de vue du réchauffement climatique (cf publication de l'IEA ci-dessous).

Cette correction du bilan CO2 des centrales à gaz a plusieurs intérêts : outre la question de la transparence et de la bonne information du public et des décideurs, cela incitera les industriels à faire beaucoup plus d'efforts qu'ils ne le font actuellement pour limiter ces fuites de méthane (selon l'IEA, la moitié des fuites de méthane seraient évitables à coût net nul).

La publication de l'IEA à ce sujet : https://www.iea.org/newsroom/news/2017/october/commentary-the-environmen...

Avis n°282
Ajouté par gérard ANONYMISé (BRIGNOLES), le 01/05/2018

Un rapport de la Cour des Comptes se penchant sur « le soutien aux énergies renouvelables » arrive à point nommé pour nourrir le débat PPE. Les éléments alarmants, voire accablants rassemblés à l'occasion sont de nature à faire bouger les lignes, mais la surprenante neutralité du commentaire d'une Cour « qui pointe, mais ne dénonce pas », n'y aidera guère.

En effet, est-ce parce que les chiffres vertigineux sont censés parler d'eux-mêmes, la Cour reste largement extérieure aux questions de fond posées, commentant des constats sans appel en termes singulièrement mesurés, voire convenus.
Certes, s'agissant du déploiement des renouvelables, l'objet de l'enquête n'était pas de se prononcer sur son bien-fondé, mais plutôt de jauger l'adéquation moyens-objectifs sans devoir forcément discuter ces derniers. Pourtant, en d'autres circonstances, on a vu la Cour plus encline à élargir spontanément son champ et son spectre.

Reste hélas qu'on peut voir dans cette présentation salutaire des ordres de grandeurs, plus de 120 Mds € déjà gagés sur le dos du consommateur et du contribuable, trois fois la dette de la SNCF et une suite à l'avenant déjà écrite, une occasion manquée d'alerter vraiment sur ce vers quoi on entraine le pays.

Au vu des résultats plus que modestes obtenus par les renouvelables électriques, la Cour chiffre clairement l'irrationnel et l'inacceptable, mais se refuse à les qualifier tels. Cette hydre insatiable ayant prospéré sans contrôle parlementaire et que nous sommes condamnés à nourrir d'abondance durant de longues années, aurait pourtant mérité quelques saillies bien senties.
Mais la Cour ne se place pas sur ce registre et quand elle indique clairement que les programmes renouvelables envisagés, pourtant impressionnants, ne permettront pas d'atteindre les objectifs irréalistes de substitution affichés, elle suggère que soient simplifiées les procédures pour permettre des déploiements plus rapides.
De même, on retrouve les simplismes éculés sur une compétitivité des renouvelables électriques qui ignorent le coût de l'intermittence.

Pour mémoire les principaux objectifs visés par la LTECV pour 2030 et considérés par la Cour sont : atteindre 32% de renouvelables dans la production énergétique nationale et diminuer à 50% la contribution nucléaire dans le mix électrique.
Sans surprise, on retrouve là des orientations calquées, voire outrées, sur celles d'une Allemagne qui, selon la doxa, a souhaité développer massivement les renouvelables afin de les substituer aux combustibles fossiles et sortir du nucléaire.
Outre-Rhin, avec un nucléaire qui s'éteint (une réalité), un tiers d'électricité produite par les renouvelables (c'est considérable), des émissions de GES qui restent calées à très haut niveau (on ne s'en préoccupe guère), et les dépenses faramineuses qu'il a fallu consentir pour en arriver là (acceptées par une opinion conditionnée), les résultats obtenus sont pour le moins sujets à caution (une litote).

Mais puisque modèle oblige, copions servilement, et même pas mutatis mutandis.
En effet, la France fait largement porter l'effort sur les renouvelables électriques bien que son mix soit déjà quasiment décarboné. Il s'agit donc, de manière opportune, sous couvert d'enjeux climatiques agités médiatiquement, mais reniés pratiquement, de réduire la part du nucléaire. C'est le seul objectif visé, si on fait abstraction de l'aubaine financière que constitue une telle politique pour les promoteurs d'un soleil et d'un vent subventionnés.
Tour de passe-passe, il est bien acquis que l'opinion façonnée confond désormais moyens et finalité et que pousser les feux renouvelables sera forcément perçu comme bénéfique pour le climat dans une relation triviale de proportionnalité. Dans la réalité, on paiera plus pour polluer plus, comme le montrent les chiffres 2017.
A cet égard, le fait de considérer comme vases communicants diminution du nucléaire et accroissement des renouvelables, n'est même pas questionné, alors qu'il est le cœur de l'artifice, les services électriques rendus n'étant pas commensurables.
La question des EnR électriques a occupé l'essentiel du rapport, même si le déséquilibre des appuis financiers au détriment des EnR thermiques, pourtant largement dominants dans cette phalange, a été clairement souligné.

D'absences de fondements, d'autres, le chiffre de 32% dépasse le cap fixé par les orientations européennes (27%), une position qui pourrait faire sens si nous étions en queue de cordée, or c'est tout l'inverse, mais c'est la posture exemplaire qui importe et tant pis pour le réalisme.
Quant aux 50% pour la part du nucléaire dans le mix électrique, la rondeur du chiffre vaut commentaire, un totem fait pour que l'opinion le retienne, une étape vers d'autres objectifs, que tant Barbara Pompili que Nicolas Hulot n'ont jamais caché, eux et d'autres qui feront tout pour freiner l'avènement de nouveaux réacteurs.

Dans son positionnement, la Cour fait abstraction de la singularité d'une France ayant jadis bâti une politique électrique cohérente et efficace, conférant aujourd'hui un avantage insigne, économique et écologique grâce à un mix décarboné.
Nonobstant ce qui précède, elle considère que le pays ne peut être pourtant être absent de la grande croisade verte et de ses impédimenta et note simplement qu'on s'y prend mal, qu'on pilote mal et que l'effort renouvelable est encore nettement insuffisant mis en regard des objectifs visés, l'attrition du nucléaire en particulier.

Avis n°279
Ajouté par Jean ANONYMISé (LYON), le 30/04/2018

2017 : Les émissions française de CO2 liées à la combustion de l'énergie en forte hausse (Ministère- avril 2017)

Les rédacteurs du Rapport de l'Agence Internationale de l'Energie de mars 2018 intitulé "Global energy and CO2 status report-2017" avaient certainement eu connaissance des émissions françaises de CO2 liées à l'énergie pour 2017.

- Ces données n'avaient pas, nous semblait-il, été publiées en France. Cette lacune nuisait à la qualité du débat officiel en cours concernant la révision de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie, d'autant plus que le Président de la République (voir plus bas) avait affirmé que la baisse des émissions était une priorité. La question sur le montant des missions 2017 avaient alors posée.

- A cette question, le 27 avril, le maître d'ouvrage répond que l'Agence Internationale de l'Energie utilise les données des "Bilans énergétique de la France" disponibles sur le site du Commissariat général au développement durable, organisme dépendant du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.

- Le site en question affiche effectivement un rapport intitulé "Bilan énergétique de la France métropolitaine en 2017 -Données provisoires- Avril 2018...mis à jour le 27 avril 2018". On y lit à la dernière page : "...les émissions françaises de CO2 liées à la combustion de l'énergie augmentent de 3% en 2017, en données réelles et de 4% à climat constant...".

Depuis 2014, les émissions de CO2 remontent :

2014 : 304,2 Mt
2015 : 309,7 Mt
2016 : 316 Mt

Avec 2017, sur les 4 années considérées, la CSPE a représenté une ponction de 24 Mds d'€ pour les électricités renouvelables intermittentes. Il est clair que la ponction financière sur les Français est contre-productive. Nous nous trompons de solution parce que nous nous trompons de problème. L'électricité est déjà décarbonée. Les ELRi sont inutiles en France. Devant ces chiffres, la décision d'arrêt des 2 tranches de Fessenheim en parfait état de sûreté montre à quel point elle est inadaptée à notre situation.

En revanche les ENR thermiques seraient très efficaces tout comme un transfert de la mobilité sur des véhicules électriques et la rénovation énergétique des logements « passoires thermiques ». Hélas, le plan du Ministère prévoit seulement la rénovation de 150 000 de ces logements par an, alors que l'on en dénombre 7 millions !

J'espère qu'au moment de trancher sur la prochaine PPE, le Président Macron restera fidèle à son engagement récent, devant le Parlement européen, de ne pas sacrifier une production décarbonée à des moyens alternatifs plus carbonés ou qui induiraient une réduction de souveraineté. Je le rappelle pour mémoire sa déclaration récente : "...climate and energy sovereignty is indispensable to the EU, and called for the bloc to reopen the debate on increasing European contributions under the Paris climate change agreement. France would push for a minimum price and a border tax for CO2... French reductions in the share of nuclear power must be at a pace which allows the country to retain energy sovereignty... Nuclear ... does not emit CO2. If the closure of power plants leads to the reopening of coal plants... I therefore fully assume to have an energy strategy that has a top priority: reduce emissions". Il dit et redit avec juste raison qu'il n'y a pas une planète B.

Avis n°286
Ajouté par Frédéric ANONYMISé (Saint-Egrève), le 02/05/2018

Nous assistons en ce moment à une offensive des gaziers pour promouvoir leur business.

On trouve par exemple tout un cahier d'acteurs qui défend les intérêts de "Engie" (point de vue n°55 et cahier d'acteur n°27) et un autre du GRT "gaz" (point de vue 37 et cahier d'acteur n°18)

En France, on néglige souvent la contribution du gaz aux émissions de CO2. Or on peut en donner une estimation rapide, en supposant qu'on brûle 430TWh de gaz par an : un MWh thermique de gaz est responsable de 200Kg de CO2 (en négligeant traitements, fuites...). Pour notre pays, cela fait donc 86Mt de CO2, donc 1.3t CO2/habitant par an. C'est autour du quart de nos émissions.

La propagande de Engie passe cela sous silence, mais lance des "objectifs" : Par exemple 30TWh de gaz "renouvelables" en 2030 (biogaz essentiellement), en contradiction avec les objectifs avancés par "GRT Gaz" : 30% en 2030, soient 130TWh. Evidemment ce dernier chiffre est fantaisiste, car on injecte moins de un TWh de gaz "renouvelable" (cad biogaz) par an et que nos possibilités sont limitées pour le biogaz. Le biogaz coûte actuellement autour de 100€/MWh, et cela aboutirait à des subventions délirantes (le gaz s'achète sur le marché à ~20€/MWh).

Cela veut dire que personne ne croit en ces objectifs. Ils servent de cache-sexe à une industrie particulièrement polluante, qui surfe sur les a-priori antinucléaires.

Le pompon de cette propagande est d'expliquer que l'on va produire du gaz par électrolyse de l'eau et réaction de Sabatier : le coût d'un MWH de gaz alors sera de plus de 200€/MWh, essentiellement par suite de l'usage d'une quantité importante d'électricité.

Pour l'avenir, les gaziers font la promotion du gaz pour les véhicules. Or on peut montrer que le gaz à la place de l'essence ne fait baisser les émissions que de 20% par rapport à l'essence. Comme de plus on perd 90% de l'électricité si on veut approvisionner au gaz obtenu à partir d'électrolyse des moteurs thermiques, cela paraît n'avoir aucune chance de se développer vis-à-vis de la mobilité électrique.

Compte tenu des investissements nécessaires, c'est sans intérêt, sauf à de dispendieuses subventions.

Dans le papier "GRT", on comprend bien pourquoi les gaziers surfent sur les réflexes antinucléaires : "Les centrales au gaz, meilleur complément des énergies renouvelables électriques" : Nos fournisseurs de gaz espèrent que la fermeture des centrales nucléaires va leur donner des opportunités ! Là aussi, complicité: les renouvelables sont souvent conçus comme une arme de guerre contre le nucléaire.

Enfin, il faut ajouter l'utilisation du gaz pour le chauffage plutôt que l'électricité : comme cette électricité était nucléaire, il y a eu de fortes campagnes pour que la norme "RT2012" permette l'élimination du chauffage électrique, y compris dans sa forme la plus écologique des "pompes à Chaleur" (PAC). Cela revient à remplacer une électricité pauvre en CO2 par du gaz dont les émissions sont bien plus importantes. Une grosse part des progrès de la Suède vient de ce que les PAC ont été fortement développées pour le chauffage. Il n'y a pas là bas de distribution de gaz aux particuliers !

N'oublions pas le gaz dans notre lutte contre les émissions de CO2 !

Avis n°284
Ajouté par ph. ANONYMISé (st-etienne), le 02/05/2018

On croirait à découvrir ce débat que la production d'électricité constitue l'armature morale de notre société, que tout dépend d'elle, que la civilisation se doit d'être productrice avant toute autre valeur vécue. Or rien dans ce débat n'aborde l'essentiel de notre vie, sa dimension affective et morale, l'idée même que la technique n'est qu'un élément mineur. On ne peut que constater l'impuissance de la comptabilité publique à mesurer ces aspects, par exemple la valeur d'un paysage préservé et de la rêverie qu'il offre à tous. On peut inviter les techniciens et les politiques à lire Splengler, "L'homme et la technique" qui ouvre à une réflexion moins étroitement orientée sur la seule rentabilité des machines. A vouloir toujours plus, on court sans cesse derrière l'impossible. Zénon d'Elée avait raison, jamais Achille producteur d'électricité ne rattrapera la tortue consommatrice.

Avis n°185
Ajouté par Jonathan ANONYMISé (Rezé), le 07/04/2018

La priorité actuelle c'est la biodiversité et le réchauffement climatique (donc l'émission de gaz à effet de serre).

Il faut noter que nos besoins en électricité ne cessent d'augmenter ! De manière objective, regarder notre consommation il y a 50 ans et celle de maintenant. Bien que depuis 2010, la consommation par habitant semble stable, la population française augmente faisant en sorte que notre consommation globale augmente. Il faut donc supposer que notre consommation d'aujourd'hui ne sera rien par rapport à celle de demain (dans 20-30 ans).

Avant de débattre de la fermeture idéologique (d'un camp comme d'un autre) de tel ou tel réacteur, il faut prendre le problème dans son ensemble. Ce n'est que comme ça qu'on pourra prendre les décisions nécessaires et éclairées pour anticiper notre futur énergétique.

D'abord :
- Le secteur des transports, qui compte pour 30 % des gaz à effet de serre, fonctionne très majoritairement au pétrole et aux énergies carbonées. Il est cependant en train de subir une conversion profonde vers l'électrique / l'hydrogène (produite par électrolyse de l'eau). De plus en plus de constructeurs de voiture et camion développent ces nouveaux modèles. Cependant, il va nous falloir les infrastructures afin de fournir une électricité pour approvisionner ce secteur. LA consommation sera énorme, imaginez tous les véhicules fonctionnant à l'électricité.
- Le bâtiment résidentiel et tertiaire, qui compte pour 20% des gaz à effet de serre et pour 40% de la consommation énergétique doit également évoluer. Il faut améliorer les bâtiments existants pour qu'il consomme moins d'énergie en chauffage, éclairage, etc... Par exemple, il faut bannir les chaudières au fioul et au gaz. Favoriser, l'utilisation des pompes à chaleur tant dans les logements collectifs qu'individuels, car elles ont un meilleur ratio de chauffe que le chauffage électrique pour une même consommation. Il faut, pour tous les bâtiments anciens, améliorer l'isolation thermique. Que tous les nouveaux bâtiments soient au minimum des constructions " quasi neutre en énergie" ou à "énergie positive".
- Nos besoins en énergie électrique vont continuer à augmenter par le développement de nouvelles techniques qui seront utilisées pour répondre à certains besoins, par exemple la déstalinisation de l'eau, captage du CO2 atmosphérique, etc....
On se rend compte du temps qu'il nous faut pour faire tous ces changements.
Dès lors, il ne devient pas réaliste d'envisager la fermeture de centrale nucléaire dans un moyen terme tant que les conditions de sécurité sont réunies. En effet, tant que l'ANS autorise le fonctionnement des réacteurs nucléaires il faut continuer à les exploiter. Mais cette exploitation ne doit pas se faire avec des œillères ! De plus, il faut profiter du temps d'exploitation des centrales nucléaires pour rationaliser notre consommation d'électricité, développer les énergies renouvelables, améliorer notre consommation, préparer notre future demande et développer les techniques pour stocker l'énergie. En effet, par les énergies renouvelables, nous serons dépendant des conditions climatiques pour bénéficier de l'électricité. Il faut donc pouvoir restituer cette électricité quand les conditions ne seront pas réunies pour en produire.
L'énergie nucléaire, comme nous la connaissons actuellement c'est-à-dire la fission, n'est pas une solution d'avenir lointain (>100 ans), mais c'est une solution d'avenir à court et moyen terme, pas à l'échelle de la vie d'un homme, mais à l'échelle de génération. Cependant, le nucléaire est une source d'énergie électrique ne produisant que peu de CO2 par rapport à la quantité d'énergie produite et sur l'ensemble de la durée de vie du réacteur. Elle répond donc actuellement à notre besoin premier qui est de limiter nos gaz à effet de serre et de nous préparer à la transition énergétique. Fermer les centrales nucléaires pour produire de l'électricité à partir du gaz / fioul quel intérêt ? Strictement aucun pour l'environnement. La dépense engendrée par les fermetures prématurées de centrale nucléaire, serait plus utile à être investi dans la transition énergétique, mais également en R&D. Fermer prématurément des centrales revient à:
- dépenser pour produire l'électricité afin de compenser la fermeture de la centrale. L'electricité produite sera plus cher que la centrale
- dépenser pour démanteler la centrale
- ne pas investir dans les énergies renouvelables et la transition énergétique
- augmenter la pollution.

N'oubliez pas également que pour les panneaux solaires et éoliennes il faut des matières rares et beaucoup d'énergie.
Prenons le temps de les faire convenablement et ne saccageons pas l'environnement de pays en développement qui sont riches dans ces matériaux. Voyons la transition énergétique dans son ensemble.

Avis n°246
Ajouté par Sébastien ANONYMISé (Bassens), le 22/04/2018

Je suis souvent étonné de l'importance surface de toiture dans les villes et surtout dans les zones commerciales et industriels (entrepôts, usines..). Pourtant, très peu sont équipés de panneaux photovoltaïques. Pourquoi l'Etat n'est pas plus prescriptif et incitatif sur l'équipement des toitures existantes et nouvelles essentiellement sur les zones commerciales et industrielles ? Ces installations en zone commerciale et industrielle présenteraient l'avantage :
- de ne pas être soumis à des normes architecturales ou de préservation du patrimoine, ces zones étant déjà peu esthétiques ;
- de ne pas consommer de l'espace agricole ou naturel ;
- de disposer de grandes surfaces de toiture.

Avis n°65
Ajouté par 2528 (MANOSQUE), le 21/03/2018

Tout le monde est d'accord, mais qui le fait ? Comment trouver les moyens, les outils de nous y inciter. Toute notre consommation : chauffage, électricité, déplacements, nourriture, etc... La décroissance n'est pas loin, mais existe-t-il une autre solution, à court terme ?

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