Du 19 mars au 30 juin 2018, l'espace questions-réponses permet à chacun de poser ses questions :
- soit sur la PPE au ministère de la Transition écologique et solidaire ;
- soit sur le débat public lui-même à la commission particulière du débat ;
et de commenter les réponses reçues.
Le ministère et la commission se sont engagés à répondre à toutes ces questions dans les 15 jours.
Les questions et leurs réponses sont publiques. Elles alimenteront le compte rendu du débat.
Apparaissent en premier ci-dessous les questions ayant reçu une réponse ou un commentaire en dernier.
Tous vos avis et commentaires sont soumis à une charte de modération
Force est de constater que l'essentiel des efforts sont concentrés sur le photovoltaïque et l'éolien. La France consacre annuellement plus de 5 milliards d'euros au soutien de ces énergies suivant ainsi l'exemple de l'Allemagne qui, elle, y consacre plus de 25 milliards d'euros.
Rappelons que 5 milliards d'euros, c'est :
- un million de batteries automobiles de 40 kWh ;
- c'est pratiquement 10 fois le montant alloué aux recherches dans le domaine de l'énergie (0,6 milliards d'euros, programme 190 du Projet de loi de finances).
Si on analyse l'efficacité de cet investissement public en regard de l'urgence climatique, force est de constater que ni nos voisins allemands, ni nos voisins danois n'ont vu leurs émissions de CO2 baisser significativement. Ces deux pays modèles de la transition énergétique européenne ont non seulement des émissions de CO2 par habitant significativement supérieures à la moyenne européenne mais ils ont aussi abandonné ou au mieux reporté leurs objectifs en matière de réduction de leurs émissions.
Quand le maître d'œuvre de la transition énergétique française mettra-t-il l'urgence climatique au cœur de sa politique énergétique ?
Quand le maître d'œuvre de la transition énergétique française décidera-t-il d'investir dans une recherche forte et puissante dans le domaine de l'énergie ?
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) adoptée en 2015, puis le plan climat annoncé en 2017 fixent un cadre ambitieux en matière de transition énergétique afin de remplir les engagements pris par la France dans le cadre de l’accord de Paris, à savoir limiter l’élévation de température moyenne à 2°C maximum. La France s’est ainsi dotée de différents outils dont la stratégie nationale bas carbone, actuellement en cours dé révision, qui donne les orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone et durable, se traduisant par une réduction de 75 % d’émissions de gaz à effet de serre à l'échelle de la France d’ici à 2050.
Ce changement de paradigme va nécessiter une réduction substantielle de la consommation d’énergie accompagnée d’une transition énergétique de rupture permettant d’atteindre la neutralité carbone, notamment par la sortie des énergies fossiles.
Pour ce faire, un soutien pérenne de la recherche & développement tout au long de la chaîne d’innovation dans le domaine des nouvelles technologies de l’énergie et de la mobilité durable reste un élément incontournable.
Dans ce contexte, l’effort de financement public de la recherche réalisé par la France dans le domaine des nouvelles technologies de l’énergie (énergies renouvelables, efficacité énergétique, capture et usage du carbone, stockage et réseaux) a été de l’ordre de 440 M€ ces dernières années, selon la nomenclature proposée par l’Agence internationale de l’énergie, soit un peu plus de 40 % des dépenses de recherche réalisées par la France dans le domaine de l’énergie.
Parallèlement au financement des organismes de recherche, l’Etat soutient des actions de recherche & développement principalement via le programme « Investissements d’avenir » (PIA) opéré par l’ADEME (fonds démonstrateurs) ou par l’Agence nationale de la recherche (Instituts pour la transition énergétique).
Projets financés par l’ADEME dans le cadre du PIA
Entre 2010 et 2017, l’ADEME a opéré les actions des deux premiers volets du PIA : « Démonstrateurs de la transition écologique et énergétique » et « Véhicules et transports du futur », couvrant ainsi de multiples thématiques se répartissant en quatre grands volets :
- la production d’énergies renouvelables, le stockage de l’énergie et les réseaux électriques intelligents ;
- l’efficacité énergétique dans le bâtiment, l’industrie et l’agriculture et la chimie du végétal ;
- l’économie circulaire et les déchets ;
- les transports dans toutes leurs composantes et la mobilité.
Différents outils de financement furent mis en œuvre (appels à projets pour démonstrateurs, initiative PME et interventions en fonds propres), permettant de financer, au travers de 85 appels à projets, 745 projets pour un montant global d’aides de 2,5 Md€ (budget global des projets : 7,22 Md€).
Dans la continuité des PIA 1&2, l’ADEME est opérateur de plusieurs actions dans le cadre du troisième volet du PIA (démarré en 2017), pour un montant total de 1 Md€ :
- « démonstrateurs territoriaux et d’innovation de grande ambition », avec 400 M€ de fonds propres et 300 M€ d’aides d’Etat (la Caisse des dépôts et consignations est également opérateur avec des crédits séparés sur le volet territorial). Cette action constitue pour l’ADEME la suite des actions PIA1&2 pour le soutien aux « démonstrateurs de la transition écologique et énergétique » ;
- « concours d’innovation » dédiés aux PME, avec 150 M€ d’aides d’Etat (BPIFrance est également opérateur avec 150 M€, qui doivent aussi couvrir le volet territorial) ;
- soutien aux « écosystèmes d’innovation » dans le domaine de la mobilité durable, avec 150 M€ d’aides d’Etat.
Actions incitatives destinées à stimuler la recherche et l’innovation associées aux énergies renouvelables - Les Instituts pour la Transition Energétique
Les Instituts pour la Transition Energétique (ITE) sont des plateformes publiques-privées qui visent à constituer des campus d’excellence rassemblant recherche académique, grands groupes et tissus de PME sur les thèmes spécifiques de la transition énergétique pour favoriser l’innovation en faisant converger les efforts publics de recherche & développement et les stratégies industrielles. Les ITE ciblent ainsi le développement industriel d’une filière complète, depuis l’innovation technologique jusqu’au démonstrateur et au prototype industriel.
C’est l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui, dans le cadre du programme des investissements d’avenir (PIA), assure le suivi de cette dizaine de structures, labellisées en 2011 et 2012 dans les domaines suivants :
- chimie verte et matériaux agrosourcés ;
- énergies marines renouvelables ;
- énergies solaires ;
- géothermie ;
- réseaux électriques intelligents ;
- efficacité énergétique ;
- bâtiment durable
- véhicule décarboné et mobilité.
Ce programme est doté d’une enveloppe de l’ordre du milliard d’euros finançant jusqu’à 50 % des activités de l'ITE.
Les émissions de CO2 en France ont augmenté de 3,2% en 2017 malgré des investissements énormes en éolien et solaire. Ceci est stérile car en France l'électricité est produite par des moyens décarbonés (nucléaire et hydraulique). La PPE devrait permettre de mettre la priorité sur les investissements en ENR thermiques et sur l'isolation. Ce serait efficace sur le réduction des émissions de CO2. La PPE peut-elle désigner les vraies priorités pour le climat ?
La PPE est encadrée par les dispositions des articles L.141-1 à L.141-6 du code de l’énergie, modifiés par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Elle doit contenir des volets relatifs :
- A la sécurité d’approvisionnement ;
- A l’amélioration de l’efficacité énergétique et à la baisse de la consommation d’énergie primaire, en particulier fossile ;
- Au développement de l’exploitation des énergies renouvelables et de récupération ;
- Au développement équilibré des réseaux, du stockage et de la transformation des énergies et du pilotage de la demande d’énergie pour favoriser notamment la production locale d’énergie, le développement des réseaux intelligents et l’autoproduction ;
- A la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs et de la compétitivité des prix de l’énergie ;
- A l’évaluation des besoins de compétences professionnelles dans le domaine de l’énergie et à l’adaptation des formations à ces besoins.
La lutte contre les énergies fossiles est une priorité du gouvernement comme la loi le lui demande. Elle va se faire via plusieurs canaux :
- Des actions ciblées sur la réduction des combustibles fossiles en cours de réflexion. La fermeture des centrales électriques fonctionnant au charbon en est un exemple ;
- Une action forte sur la réduction du combustible fossile le plus utilisé : le pétrole, notamment via la promotion du véhicule électrique qui devrait se substituer au véhicule thermique. L’ensemble des mesures concernant la mobilité durable sont en cours de discussion dans le cadre de l’élaboration de la loi d’orientation sur la mobilité ;
- Une action forte sur la maîtrise de la demande en énergie pour chauffer les bâtiments. Le Plan de rénovation énergétique des bâtiments devrait permettre de réduire les consommations d’énergie dans les bâtiments existants ;
- La promotion de l’utilisation d’énergies renouvelables pour la production de chaleur.
Concernant les investissements sur les énergies renouvelables thermiques :
Un fonds chaleur a été mis en place afin de soutenir la production de chaleur à partir de sources renouvelables. Son champ d’action intègre aujourd’hui également le soutien des projets en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et du renforcement de l’indépendance énergétique de la France. Le Fonds chaleur soutient le développement de toutes les filières de chaleur renouvelable promues dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Sa gestion a été déléguée à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).
Le Fonds chaleur vise à garantir un prix de la chaleur renouvelable produite inférieur d’environ 5 % à celui obtenu avec des énergies conventionnelles.
Le tableau suivant fait le bilan des principales filières aidées par le Fonds chaleur sur la période 2009-2015.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie 2016 a fixé des perspectives de croissance pour la production de chaleur renouvelable. Les graphes ci-dessous rendent compte de l’historique d’évolution et des objectifs retenus. La chaleur produite à partir de bois a été présentée dans un schéma à part car cette filière étant beaucoup plus développée que les autres, les autres ne seraient pas apparues de manière lisible sur un même graphique. Ces graphiques permettent de voir que les évolutions sont cohérentes avec les objectifs posés. Les points posés en 2018 et 2023 sont les objectifs retenus par la programmation pluriannuelle de l’énergie adoptée en 2016. En 2023, c’est souvent une fourchette qui a été retenue, d’où la présence de deux points.
Concernant les investissements sur l’isolation :
Les mesures actuellement mises en œuvre pour réduire les émissions de CO2 du résidentiel/tertiaire visent principalement à améliorer la performance thermique de l’enveloppe des bâtiments, à favoriser le recours à des équipements de chauffage performants et utilisant les énergies les moins carbonées, et à améliorer l’efficacité énergétique des autres types d’équipement (éclairage, cuisson, eau chaude sanitaire, électricité spécifique). Ces leviers sont déclinés pour les constructions neuves et pour les bâtiments existants. La PPE de 2016 a intensifié ces mesures avec les objectifs suivants :
- de renforcer le dispositif des certificats d’économie d’énergie ;
- de soutenir une politique européenne ambitieuse et efficace en amtière d’écoconception et d’étiquetage des produits liés à l’énergie ;
- de massifier la rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et tertiaires pour parvenir à la baisse de la consommation énergétique de 28 % à l’horizon 2030 par rapport à 2010 avec comme objectifs intermédiaires 8 % et 15 % respectivement en 2018 et 2023 ;
- de favoriser la rénovation des bâtiments tertiaires existants grâce à des exigences réglementaires renforcées, améliorer l’écosystème du financement de l’efficacité énergétique (fonds de garantie, tiers financement, etc.) et mobiliser 3 milliards d’euros au niveau de la Caisse des dépôts et consignations afin de financer le plan de rénovation des logements sociaux ;
- de développer le rôle du numérique et des données pour réduire la consommation et les factures.
Par ailleurs, en décembre 2017, le gouvernement a proposé un Plan de rénovation énergétique des bâtiments qui se décline en 4 axes et 13 actions. Les 4 axes sont :
- Axe 1 : Faire de la rénovation énergétique des bâtiments une priorité nationale mieux identifiée et pilotée en associant l’ensemble des parties prenantes ;
- Axe 2 : Lutter contre la précarité énergétique et massifier la rénovation des logements en industrialisant les actions les plus efficaces ;
- Axe 3 : Accélérer la rénovation des bâtiments tertiaires, en particulier dans le parc public au travers de la mobilisation de nouveaux financements et en ciblant les bâtiments du quotidien des Français ;
- Axe 4 : Accompagner la montée en compétences des professionnels du bâtiment et le développement de l’innovation pour l’essor de solutions industrielles, fiables et compétitives.
Je pense que l’un des freins à l’achat d’un véhicule électrique, outre le fait que peu de modèles bon marché sont proposés par les constructeurs, est l’insuffisance des infrastructures de recharge. En effet, elles sont nécessaires pour donner confiance aux utilisateurs sur la certitude que les véhicules entièrement électriques répondront de manière fiable à leurs besoins de déplacement, sans avoir à « subir » d’éventuelles limites d’autonomie. Existe-t-il à date un état des lieux le plus précis possible sur le parc de véhicules électriques (hors hybrides) et des dispositifs de recharge (nombre, localisation, puissance installée, …) ? Existe-t-il des études ou recherches sur les perspectives (ou ambitions) d’évolution attendues et leur rythme (scénario bas, médian, haut) ainsi que les gains d’économies en CO2 attendus ? La PPE a-t-elle prévu des incitations fortes pour que les communes-départements-régions investissent dans le secteur des infrastructures de recharge ?
Nous vous remercions pour votre contribution sur la mobilité électrique et les infrastructures de recharge.
Le secteur des transports a contribué, en 2015, à hauteur de 29,7 % aux émissions de gaz à effet de serre françaises, avec 93 % des émissions provenant du mode routier. L’enjeu de la question que vous soulevez est donc particulièrement important. Dans ce contexte, le développement du véhicule électrique contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à condition de maintenir un mix électrique décarboné.
Les véhicules électriques présentent en outre l’avantage de ne pas rejeter de polluants dans l’air lorsqu’ils roulent. Les atouts des véhicules électriques pour réduire la pollution de l'air, en particulier dans les villes, sont ainsi largement reconnus : ils permettent d’améliorer significativement la qualité de l’air en réduisant la quantité de particules fines et d’oxyde d’azote actuellement rejetés par les véhicules thermiques.
La mobilité électrique constitue en conséquence une des priorités du Gouvernement.
Plusieurs mesures visant à promouvoir le déploiement du réseau d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques sont déjà en place, avec notamment le Programme d’investissements d’avenir (PIA) qui a participé au financement des projets d’installation de plus de 20 000 points de recharge pour un montant de 61 M€ par des collectivités locales (voir détail des mesures pages 38 et 39 du dossier du maître d’ouvrage).
Ces mesures ont déjà permis une augmentation progressive des ventes de véhicules particuliers électriques et hybrides rechargeables en France. En 2017, le total des véhicules électriques immatriculés en métropole s’est élevé à 106 449, en augmentation de 33 % par rapport à l’année 2016.
Dans cet objectif, le développement attendu des véhicules à carburant alternatif, tels que l’électrique, nécessite une adaptation des différents acteurs concernés et des infrastructures dédiées, tout en assurant la sécurité de ces installations.
Les infrastructures de recharge pour véhicules électriques font déjà l’objet d’un suivi régulier dans le cadre de la directive sur les infrastructures pour carburants alternatifs. Le maillage du territoire national est en constante progression, avec plus de 20 048 points de recharge accessibles au public en 2017, contre 10 200 en 2015. Il propose une offre de recharge variée, intégrant des points de recharge normaux (puissance jusqu’à 22 kW) comme rapides (puissance supérieure à 22 kW) afin de répondre aux différents besoins des utilisateurs. Ces informations sont accessibles en consultation sur ce site tenu par une association de professionnels, GIREVE, avec une actualisation très fréquente.
Des données téléchargeables sont également mises à disposition sur le site des données publiques de l’Etat et des administrations.
Il est important de développer ce réseau de recharge tout en favorisant la bonne intégration des véhicules électriques au réseau de distribution d'électricité. Les différentes filières sont régulièrement associées aux travaux de perspectives menés par le ministère et les résultats d’évolutions sont pris en compte dans les différents programmes.
Des actions sont notamment à l’étude afin de permettre, entre autres, d’accompagner des communes, des départements ou des régions sur cette thématique, de faciliter le déploiement de telles infrastructures en habitat collectif ou de promouvoir la recharge gratuite sur le lieu de travail.
L’objectif est d’améliorer les transports du quotidien en revisitant la gouvernance locale des mobilités et en renforçant le rôle et les compétences des nouvelles grandes régions et des intercommunalités. Il s’agit de donner les moyens aux autorités organisatrices de mobilité de mettre en place des solutions adaptées aux spécificités territoriales.
Les études de disponibilités en biomasse forestière montrent que la ressource latente principale est le bois d'œuvre feuillu, et que la valorisation de celui-ci permet, de manière fatale, de collecter, en sus, du bois énergie, que ce soit par le "bois lié" correspondant aux houppiers, notamment, ou aux produits connexes de la transformation de ces bois feuillus. Pourquoi les politiques publiques sont-elles aussi frileuses dans le soutien à nos bois indigènes ? Que ce soit pour :
- les travaux de recherche (avec des budgets qui se focalisent sur le bois énergie),
- les financements d'études de la ressource (de même, consacrés à la modeste part du bois énergie libre, alors qu'il faudrait d'abord s'intéresser aux troncs, et pas seulement aux perches et aux taillis),
- les aides à l'investissement,
- et surtout l'incitation à l'émergence de nouveaux acteurs, puisqu'en l'état, les opérateurs industriels présents ne peuvent pas assumer l'expansion possible ?
Notamment, comment porter, au niveau national, une politique pour l'emploi des feuillus dans le bâtiment à l'image de ce que fait le département des Vosges ? Pourquoi notre pays exporte-t-il des grumes de bois feuillus, alors que notre voisin allemand les importe ?
Nous vous remercions pour votre contribution qui viendra enrichir notre réflexion sur la programmation pluriannuelle de l’énergie 2018.
L’objectif du Plan Climat d’atteindre la neutralité carbone dès 2050 nécessite d’accélérer très fortement le recours aux usages non-alimentaires de la biomasse (bois-construction, chimie verte, biomatériaux, bioénérgies, etc.). Dans ce contexte, la mise en place de stratégies (à l’échelle nationale et à l’échelle régionale) de mobilisation de la biomasse prend tout son sens.
La stratégie nationale de mobilisation de la biomasse (SNMB) a vocation à développer les externalités positives (les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux) liées à la mobilisation, et de facto, à l’utilisation accrue de la biomasse, notamment pour l’atténuation du changement climatique. Pour le volet forestier, elle s’appuie sur le Programme National de la Forêt et du Bois, et sur les études récentes en matière de disponibilité de la biomasse forestière. Ces études précisent la répartition de la ressource mobilisable selon différents scenarii de sylviculture ; dans le cas du scénario support au PNFB, la biomasse forestière supplémentaire serait constituée essentiellement de feuillus, et se situerait aux trois quarts en forêt privée. Les recommandations stratégiques des documents relatifs à la filière forêt-bois intègrent bien ces enjeux, afin de définir un cadre incitatif à la mobilisation en forêt privée, et de permettre le développement d’une filière feuillus.
Par ailleurs, les synergies et le principe d’usages en cascade de la biomasse constitue un volet essentiel de la SNMB ; le principe de l’articulation des usages constitue un fil conducteur et un objectif vers lequel tendre. [Cependant la stratégie n’ignore pas le temps nécessaire à la relance des filières de valorisation matériau, et à court terme la demande en biomasse forestière serait principalement tirée par les besoins en bioénergie.]
Le soutien à la compétitivité du secteur forêt-bois est bien au coeur de documents stratégiques tels que le plan de recherche innovation (PRI) 2025 ou le contrat de filière du Comité Stratégique de la Filière Bois. Ainsi, le PRI formule 13 propositions pour le développement de la recherche, développement et innovation dans le secteur forêt-bois ; les actions proposées concernent aussi bien le développement des usages matériaux du bois, que l’adaptation de la forêt aux effets du changement climatique, ou encore la définition de financements innovants pour la filière forêt-bois.
Un rapport conjoint CGAAER-CGEDD n°011923-01 « Mise en œuvre du PRI 2025 » a été publié en février 2018 et fait des recommandations qui seront présentées au comité stratégique de filière du Conseil national de l'industrie (CNI) dès qu’il se sera réuni, à l’issue du processus de réforme en cours, soit au deuxième semestre 2018.
Les enjeux identifiés en 2013 sur la filière bois par le CNI nécessitent le redressement de la compétitivité de la filière, de l’amont à l’aval, afin de faire mieux coïncider l’offre nationale avec la demande des marchés. Malgré l’existence de plusieurs labels locaux, l’origine France, à ce stade, ne peut répondre à tous les besoins des marchés, c’est donc une forte amélioration des filières et technologies de transformation qui est souhaitable, notamment sur la ressource feuillue, très peu demandée pour les usages structurels, faute de solutions technologiquement et économiquement viables.
Dans le cadre du premier contrat stratégique de filière bois (2014-2017), le ministère de la Transition écologique et solidaire et le ministère de la Cohésion des territoires ont soutenu une étude prospective sur la construction bois à horizon 2030, qui sera remise cet été ; elle précisera les caractéristiques de l’offre française à faire évoluer et cherchera à donner de la visibilité sur les marchés potentiels aux investisseurs. Les ministères portent également le Plan Bois 3 (initié en 2017) qui a pour objectif de lever les freins culturels pour mieux accompagner la maîtrise d’ouvrage, sensibiliser les bureaux de contrôle et assureurs, et améliorer la performance environnementale du bois en construction. Les Plans Bois précédents furent orientés sur l’identification des freins réglementaires et techniques, et leur levée. Il s’agit notamment des freins vis-à-vis du risque incendie et les extensions en bois. A noter qu’un travail de fond fut entrepris dans le cadre de ces plans pour structurer et faire connaître l’offre bois pour la rénovation énergétique qui constitue à ce jour une priorité du gouvernement (objectif de massification des travaux de rénovation dans le cadre du Plan de rénovation énergétique des bâtiments).
Dans le cadre du projet de Loi portant Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique (ELAN), le Ministère de la Cohésion des territoires s’attache à lever les freins au développement de la préfabrication qui répond à plusieurs des priorités de la stratégie du gouvernement (choc de l’offre, réduction des nuisances de chantier, économie circulaire, digitalisation du secteur, …) et qui est la solution technique la plus répandue dans le secteur de la construction bois.
Sur la ressource feuillue, un appel à manifestation d'intérêt Feuillus en 2016 a permis de distinguer 5 projets innovants de valorisation qui sont en cours de développement.
L’Ademe, à travers ses appels à projet des programmes Investissements d'Avenir (PIA) 2 et 3, soutient également l’innovation pour les usages constructifs et énergétiques du bois (notamment « méthode industrielle », « bâtiments et îlots à haute performance environnementale...). Un appel à projets « filières » est actuellement en cours, porté par BPIFrance.
Enfin un Plan sur les Bâtiments Bois en Hauteur de 8,3 M€ a été financé par BPIFrance dans le cadre du PIA2 : il a permis une meilleure visibilité de la construction bois et de ses atouts, une complémentarité des usages (résineux en structure, feuillus en aménagement intérieur) et les premiers permis de construire sont attendus d’ici fin 2018, avec un effet d’entraînement attendu sur le coeur du marché immobilier (4 à 6 étages).
Le deuxième contrat stratégique de la filière bois, en préparation pour 2018/2020, prévoit une politique plus soutenue de la demande, pour accompagner les besoins croissants en bois matériau et énergie que nécessite la transition bas carbone (SNBC et PPE), et rechercher prioritairement la valorisation en construction, porteuse de valeur ajoutée et d’emploi. Il contiendra notamment des projets stratégiques permettant à cette industrie de mieux connaître les marchés du futur en matériau, chimie, énergie, et de rendre plus visibles les atouts du matériau bois en construction, ainsi qu'une réflexion conjointe Etat/filière pour l’amélioration des méthodologies d’analyses de cycles de vie applicables aux produits et solutions constructives bois.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire et le ministère de la Cohésion des territoires s’engagent aux côtés de la filière dans l’amélioration de la performance environnementale des produits bois, en soutenant le Plan déchets (recyclage et usages énergétiques des déchets de bois), et en améliorant les méthodologies d’analyses de cycles de vie du matériau de construction et du bâtiment, étape incontournable pour développer le bois en construction. Le travail sur les analyses de cycles de vie s’inscrit en particulier dans la perspective de mieux valoriser les bénéfices du stockage carbone apportés par les produits bois.
Les ministères assurent, via la déléguée interministérielle aux filières bois et biosourcées, une information réciproque entre le niveau national et les régions, ciblée sur les usages en construction, qui a permis d’identifier, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, des voies de progrès sur la valorisation de la ressource feuillue en construction, qui nécessite en effet des approches technologiques et économiques innovantes, et la structuration d’acteurs industriels, pour permettre une valorisation technologiquement et économiquement viable, déjà engagée chez nos voisins européens, en sciage comme en déroulage. L’échelon régional est considéré comme le bon niveau de promotion de la filière-bois et d’agrégation des dispositifs de soutien à l’innovation. Cette vision est d’ailleurs actuellement illustrée au travers de l’alliance bois construction rénovation qui marque un engagement volontaire des collectivités à l’utilisation de bois dans la construction et qui est déjà signée par plusieurs régions (Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, …), d’autres signatures se profilant dès cette année.
Le label bâtiment biosourcé est actuellement en cours d’évaluation en vue de son évolution, le but ultime étant de trouver la clé pour inciter des maîtres d’ouvrages à l’utilisation de matériaux plus vertueux à base de ressources végétales renouvelables et de favoriser le stockage du carbone.
Le trafic poids lourds français et international ne cesse d'augmenter. Peut-on estimer en coût et en délais le développement de voies en tronçon de ferroutage : Espagne Lyon, Lyon Paris, Lyon Pays Nordiques, Lyon Allemagne, Allemagne Paris ?
Les autoroutes ferroviaires ou ferroutage sont des services de fret ferroviaire acheminant sur des wagons spécialisés des ensembles routiers ou des semi-remorques. Elles constituent un segment du transport combiné rail-route complémentaire du transport des conteneurs maritimes et caisses mobiles. Ces services sont en concurrence directe avec le transport routier de marchandises sur l’essentiel du parcours.
Le développement des autoroutes ferroviaires s’inscrit dans la politique globale des transports du Gouvernement avec une diversité de solutions pour promouvoir le transport multimodal et participer à la relance du fret ferroviaire.
Ces services empruntent le réseau ferré existant, donc sans création de nouvelles lignes, qui nécessite parfois des adaptations de gabarit, notamment au niveau de certains tunnels. En raison de son histoire, le réseau se caractérise par des itinéraires aux performances parfois différentes qui peuvent justifier des aménagements afin de tendre vers une homogénéité des caractéristiques des grands corridors.
En France, plusieurs services de ferroutage (franchissement d’obstacle et longue distance) sont d’ores et déjà opérationnels :
- le service transmanche entre Coquelles et Folkestone, mis en exploitation en 1994 pour une distance d’environ 50 km ;
- le service alpin entre Bourgneuf - Aiton, près de Chambéry, et Orbassano, à proximité de Turin en Italie, mis en exploitation en 2003 sur une distance de 175 km ;
- le service Perpignan (Le Boulou) – Luxembourg (Bettembourg), mis en exploitation en 2007 sur une distance d’environ 1050 km ;
- le service Calais – Le Boulou, sur une distance d’environ 1500 km, mis en exploitation en 2016.
L’article 36 de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoit un soutien de l’État au développement des trafics de fret fluvial et ferroviaire, encourageant ainsi le report modal nécessaire pour réduire le trafic routier. La loi prévoit par ailleurs la mise en place d’un réseau interconnecté d’autoroutes ferroviaires en France, sur les grands axes, notamment pour les trafics de transit, afin :
- de favoriser la mise en place et le développement de solutions sobres en énergies,
- de participer au report des trafics de transit sur le rail,
- de permettre l’ouverture vers les marchés d’Europe du Nord,
- de contribuer au développement des corridors de fret européens.
La carte ci-dessous indique les lignes du réseau ferré existant où les infrastructures permettent la mise en place de ce type de services.
Ainsi, la circulation de tels types de trains transportant des semi-remorques est d’ores et déjà possible entre l’Espagne et Lyon, Lyon et le Luxembourg (à destination possiblement de pays plus au nord). A titre d’illustration, les aménagements nécessaires à la mise en place de services entre Perpignan (frontière espagnole) et Luxembourg ont mobilisé environ 70 M€, la possibilité d’extension des services vers Calais environ 18 M€. Les itinéraires de l’axe Atlantique et de la liaison Lyon-Paris sont actuellement à l’étude. Les délais de tels projets sont généralement compris entre 5 et 10 ans. L’estimation de coût des adaptations nécessaires sur les lignes existantes dépend de chaque itinéraire et particulièrement du nombre de tunnels et de leur géométrie, qui sont généralement les points difficiles de ce type d’aménagements.
Quel texte législatif plafonne à 63 GW la puissance de production d'électricité nucléaire ?
C’est l’article 187 de la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015 qui dispose qu’ « aucune autorisation d’exploiter une centrale nucléaire ne pourra plus être délivrée si elle a pour effet de porter la capacité totale autorisée à plus de 63,2 GW, qui est la puissance cumulée des réacteurs actuellement en service ». L’article précise que « la centrale nucléaire de Flamanville ne pourra donc pas être mise en service à moins qu’EDF ne procède préalablement à la fermeture d’une capacité équivalente, soit deux réacteurs nucléaires ».
L'exportation de bois ronds pénalise l'approvisionnement en bois énergie. Il faudrait donc soutenir la transformation nationale de nos bois d'œuvre, après avoir encouragé leur récolte. L'une et l'autre génèrent un flux de "bois énergie lié". Or il se trouve que les forestiers français ont choisi, comme certification forestière, le système PEFC. Quand les grands distributeurs font la promotion de la certification FSC, de fait, ils contribuent au courant d'importation des produits à base de bois, sans indiquer l'origine étrangère de leurs marchandises. Pourquoi cette origine n'est-elle pas mieux vulgarisée, au titre de la simple information des consommateurs ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'études sur l'influence de ce choix de certification dans le montant de notre déficit du commerce extérieur pour la filière bois, encore dénoncée la semaine dernière lors du déplacement du Président de la République dans les Vosges ?
Nous vous remercions pour votre contribution qui viendra enrichir notre réflexion sur la programmation pluriannuelle de l’énergie 2018.
Le scénario tendanciel défavorable et la situation déficitaire de la filière bois sont connus et documentés depuis de nombreuses années. Pour 2017, le service statistique du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a publié en avril 2018 le bilan du commerce extérieur, qui montre un creusement du déficit commercial, principalement dû au développement des importations de sciages résineux et produits des industries (meubles, pâtes, papiers, cartons, panneaux et placages), alors que les exportations de produits non transformés (grumes et rondins feuillus et résineux) augmentent, mais dans des proportions nettement moindres. Ces enjeux nécessitent le redressement de la compétitivité de la filière, de l’amont à l’aval, afin de faire mieux coïncider l’offre nationale avec la demande des marchés. Malgré l’existence de plusieurs labels locaux, l’origine France, à ce stade, ne peut répondre à tous les besoins des marchés, c’est donc une forte amélioration des filières et technologies de transformation qui est souhaitable, notamment sur la ressource feuillue, très insuffisamment valorisée, comme l’a bien montré le Plan Recherche Innovation de la filière bois pour 2025 publié en 2016 à la demande du gouvernement.
Le changement d’échelle de la récolte d’une part, l’amélioration de la compétitivité de la filière bois d’autre part, sont pleinement pris en compte par les politiques publiques, depuis la reconnaissance de la filière bois comme 14ème filière d’avenir du Conseil national de l’industrie, et la signature du premier contrat stratégique de filière 2014/2017, dans le cadre duquel :
- une étude sur les leviers de la mobilisation de bois supplémentaire pilotée par l’Ademe vient de s’achever et différentes pistes seront discutées en interministériel et avec la filière bois pour changer d’échelle dans le cadre du présent quinquennat ;
- une étude stratégique sur la construction bois à 2025 et 2030 est en cours de finalisation pour cet été, elle précisera les caractéristiques de l’offre française à faire évoluer ;
- le 3ème Plan Bois (co-portage et co-financement Etat/filière) a pour objet de lever les freins culturels à la construction bois : il permettra de mieux accompagner la maîtrise d’ouvrage, de sensibiliser les bureaux de contrôle et assureurs, et d’améliorer la performance environnementale du bois en construction ; les Plans Bois (I et II) précédents ayant œuvré à identifier et lever certains freins réglementaires et techniques (risque incendie, usage du bois pour les extensions), et à illustrer la pertinence des solutions bois pour les travaux de rénovation des bâtiments ;
- sur la ressource feuillue, un appel à manifestation d'intérêts Feuillus en 2016 a permis de distinguer 5 projets innovants de valorisation (cadre du Plan Bois II) ;
- l’Ademe, à travers ses appels à projets des Programmes d'Investissements d'Avenir (PIA) 2 et 3, soutient également l’innovation pour les usages constructifs et énergétiques du bois, notamment dans une optique industrielle ;
- enfin, un Plan sur les Bâtiments Bois en Hauteur de 8,3 M€ a été financé par BPIFrance dans le cadre du PIA2 : il a permis une meilleure visibilité de la construction bois et de ses atouts, et les premiers permis de construire sont attendus d’ici fin 2018, avec un effet d’entraînement attendu sur le coeur du marché immobilier (4 à 6 étages).
Le deuxième contrat stratégique de la filière bois, en préparation pour 2018/2020, prévoit une politique plus soutenue de la demande, pour accompagner les besoins croissants en bois matériau et énergie que nécessite la transition bas carbone (Stratégie nationale bas carbone et Programmation pluriannuelle de l'énergie), et rechercher prioritairement une valorisation en matériau. Il contiendra notamment des projets stratégiques permettant à cette industrie de mieux connaître les marchés du futur, en matériau, chimie, énergie, et de rendre plus visibles les atouts du matériau bois en construction. Le ministère de la Transition écologique et solidaire est engagé aux côtés de la filière dans l’amélioration de la performance environnementale des produits bois, en soutenant le Plan déchets (recyclage et usages énergétiques des déchets de bois). Le ministère de la Cohésion des territoires et le ministère de la Transition écologique et solidaire travaillent avec la filière à l’amélioration des méthodologies d’analyses de cycles de vie des produits de construction et du bâtiment, en visant en particulier une valorisation accrue des effets bénéfiques du stockage carbone offert par les produits bois. Dans la perspective de la future réglementation environnementale des bâtiments neufs (entrée en vigueur en 2020), cette action partagée avec la filière est incontournable pour intensifier l’usage du bois en construction. Par ailleurs, dans le cadre du projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan), le Gouvernement s’attache à lever les freins au développement de la préfabrication qui correspond au mode constructif majoritaire de la solution bois (80 % des parts de marché).
S’agissant du développement de systèmes de certification privée de la gestion durable des forêts, celui-ci peut contribuer fortement à l’information du consommateur sur l’origine France des bois utilisés. A ce stade, du fait de choix antérieurs de la filière, les forêts françaises métropolitaines sont majoritairement certifiées PEFC, mais le référentiel FSC vient d’être mis en place après 7 ans d’études, et deux forêts domaniales viennent d’être certifiées, un développement de ce système est donc attendu.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire est très attentif au développement de systèmes de certification permettant de couvrir tous les marchés, dont les clients définissent librement les référentiels auxquels ils adhèrent.
Hors l'arrêt d'Eurodif qui était un gros consommateur d'électricité, l'évolution de la consommation d'électricité depuis 10 ans est plutôt orientée à la hausse, comme en témoignent les chiffres régulièrement publiés par RTE. Cette hausse ne va-t-elle pas se poursuivre avec l'évolution de la démographie, la reprise économique et les nouvelles utilisations (véhicules électriques, climatisation, téléphonie mobile, voire chauffage électrique...), malgré les optimisations (isolation des bâtiments...) ? Les pays voisins de la France ne disposent pas d'une électricité décarbonée comme en France. Ne convient-il pas de garder, voire développer, une capacité d'exportation de l'électricité décarbonée française ? Aussi, pourquoi stopper la centrale de Fessenheim qui fournit une électricité bon marché, qui fournit une électricité dont on a besoin lors des pointes de consommation (voir novembre 2017) et dont l'arrêt n'est nullement justifié par aucun des objectifs de la PPE ? Aussi, une électricité plus chère (si on arrête Fessenheim) contribue à faire fuir les industries consommatrices, ce qui réduit la consommation. Par exemple, les data-centers vont s'implanter en Finlande. Est-ce la spirale "vertueuse" poursuivie par la PPE ?
La vision de l’évolution du niveau de consommation d’électricité dépend des rythmes combinés d’une part d’augmentation de l’efficacité énergétique des usages électriques liés notamment au progrès technique et d’autre part du rythme d’apparition de nouveaux usages (tablettes, ordinateurs, véhicules électriques…). L’évolution de la consommation d’électricité a été stable entre 2016 (483TWh) et 2017 (482TWh).
La consommation est la donnée la plus structurante pour dimensionner le mix électrique à moyen ou long terme.
Pour élaborer des scénarios d’évolution de la consommation, RTE a organisé une vaste consultation sur les hypothèses utilisées dans son modèle pour prévoir la demande. Les résultats obtenus par RTE sont tous des évolutions de consommation stables ou orientées à la baisse à l'horizon 2035 par rapport à l’année 2016 (483 TWh), y compris sous des hypothèses fortes de transfert d’usage vers l’électricité. Il n’y a pas convergence sur les effets à la hausse des nouveaux usages, ni sur les effets à la baisse de l’efficacité énergétique que l’on peut attendre, ni sur leur rythme.
Beaucoup d’hypothèses techniques (baisse des consommations des appareils électro-ménagers, taux de pénétration des équipements électroniques…) sont consensuelles, mais il reste certains débats par exemple sur l’évolution du nombre de personnes par foyer. Par ailleurs, le débat se développe sur le rythme d’électrification de nouveaux usages : passage du véhicule thermique au véhicule électrique, remplacement de chauffage au fioul par des pompes à chaleur, développement de l’électricité dans les process industriels. Les scénarios de RTE comportent déjà des volumes de transformation ambitieux, par exemple en termes de développement de véhicules électriques. Toutefois, les baisses de consommation liées à l’efficacité énergétique sont supérieures aux hausses liées aux nouveaux usages électriques dans tous ses scénarios.
Certaines parties prenantes considèrent toutefois que compte-tenu du faible contenu carbone de l’électricité et des objectifs climatiques, il faudrait avoir une politique plus forte de conversion à l’électricité pouvant conduire à une hausse de la consommation d’électricité. À l’inverse, certaines études ou analyses publiées (ADEME, Negawatt...) prévoient des baisses plus significatives de la consommation d’électricité avec un effort accru de l’efficacité énergétique, ou une sobriété énergétique supérieure (tout en intégrant des transferts d’usage).
Tous les acteurs conviennent que l’évolution de la consommation électrique doit être intégrée dans une vision globale de la consommation énergétique. Les réflexions doivent donc intégrer la complémentarité avec les autres sources de production, notamment les sources de production de chaleur.
Enfin, si les besoins de production envisagés dans les différents scénarios dépendent en premier lieu de la consommation, ils s’ajustent également en fonction de l'évolution du solde exportateur d’électricité. Les scénarios de RTE se différencient assez fortement sur ce point, en fonction des choix nationaux sur les moyens de production et des projections sur les évolutions du système électrique dans les pays voisins. Un débat s’est fait jour entre les participants sur le caractère intrinsèquement positif ou non du maintien à un niveau soutenu du solde exportateur et sur le réalisme d'une évolution à la hausse de nos exportations.
Dans les scénarios étudiés par RTE, l’électricité produite en France peut être vendue sur le marché européen grâce à ses coûts variables faibles. Ces scénarios résultent en un niveau d’export en forte augmentation par rapport à la situation actuelle. Certains acteurs interrogent la faisabilité de tels niveaux d’export. Certaines parties prenantes considèrent que les projets d’interconnexions électriques nécessaires pour exporter autant pourraient ne pas être conduits jusqu’au bout pour des raisons politiques et environnementales, au-delà des simples questions économiques.
En effet, confrontés à de tels niveaux d’importation, les pays voisins pourraient souhaiter engager des constructions de moyens de production dans leur pays supérieurs aux hypothèses de RTE afin de maintenir un niveau d’indépendance énergétique élevé ou d’éviter d’importer autant d’électricité d’origine nucléaire alors qu’ils ont fait le choix d’arrêter leur production nucléaire. Un développement plus rapide que prévu des ENR dans ces pays pourrait les conduire à importer moins. A l’inverse, s’ils n’atteignaient pas totalement leurs objectifs ENR, ils pourraient avoir besoin d’importer davantage. Si les exportations prévues n'étaient pas réalisées, la surcapacité pèserait à la baisse sur les prix de marché de l'électricité.
Concernant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, celle-ci a eu lieu en application de du plafonnement à 63,2 GW de la capacité nucléaire conformément à la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015.
Concernant le coût de l’électricité, on peut noter que les prix de l’électricité en France sont parmi les plus bas en Europe. Les entreprises industrielles pour lesquelles l’énergie représente une grosse partie des coûts et qui sont exposées à la concurrence internationale bénéficient de mesures particulières (voir le dossier du maître d'ouvrage page 123).
Quand allez-vous mettre en œuvre une véritable politique environnementale avec un vrai plan déchets, un réel effort en faveur de la production agricole bio, de l'arrêt du nucléaire et d'une éducation aux enjeux environnementaux et aux économies d'énergie ?
Nous vous remercions pour votre contribution.
Le Gouvernement est pleinement attentif et actif aux sujets que vous évoquez. C’est pourquoi il a lancé trois initiatives importantes cette année :
- L’élaboration de la feuille de route économie circulaire adoptée en avril 2018 qui aborde notamment les sujets des déchets. Vous pouvez la consulter sur cette page.
- Les Etats généraux de l’alimentation qui ont débouché sur un projet de loi agriculture et alimentation : http://agriculture.gouv.fr/mots-cles/etats-generaux-de-lalimentation
- L’élaboration de la programmation pluriannuelle de l’énergie en cours.
Ces initiatives ont chacune fait l’objet d’une grande association du public via internet et de réunions mobilisant toutes les parties prenantes.
Un article sur les éoliennes du journal « L’Union » du 11 mai, un opérateur de l’éolien qui a requis l’anonymat (pourquoi ?) affirme que « des leaders mondiaux ont créé des géants dans le secteur - de l’éolien - faisant baisser le coût des infrastructures à tel point que l’éolien est aujourd’hui moins cher que le gaz ou le nucléaire ». Et M. Yannick Jadot renchérit en affirmant que « le rapport est actuellement de 1 à 2 voire de 1 à 3 au bénéfice de l’éolien. Et ce rapport va encore augmenter car le parc nucléaire va nécessiter cent milliards d’euros de travaux pour mettre aux normes les centrales ». Qu’en est-il vraiment ? Car alors pourquoi doit-on payer sur les factures d’électricité une contribution toujours plus élevée d’année en année, pour soutenir le développement des EnR (énergies renouvelables) ? Et en Allemagne où les EnR sont encore plus développées, cette contribution est bien plus élevée qu’en France ? Un tel développement devrait amener une baisse des factures et non une augmentation. Pour le coût de mise aux normes du parc nucléaire donné par M. Jadot, EDF annonce un chiffre 2 fois moindre ! Qui a raison ?
Le coût des énergies renouvelables électriques est encore supérieur aux prix de marché de l’électricité, c’est pourquoi elles bénéficient d’un soutien public. C’est un coût de transition pour aider les installations renouvelables à remplacer des installations conventionnelles et diversifier notre système énergétique. Cette diversification a vocation à :
- renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité ;
- maintenir un mix électrique français peu carboné afin de lutter efficacement contre les changements climatiques.
Le dispositif d’aide aux énergies renouvelables est relativement récent. Si les prix des premiers projets étaient élevés, leur soutien a permis de faire évoluer les filières qui proposent désormais des solutions de plus en plus économiques. Ainsi, les nouvelles installations de production d’électricité renouvelable, les coûts devraient continuer à évoluer à la baisse tirés par la croissance des marchés au niveau mondial, les effets d’apprentissage et le progrès technologique.
Lorsque la transition sera réalisée, les coûts de production de l’électricité utilisant les énergies renouvelables ne devraient pas être plus élevés que ceux des installations conventionnelles, voire plus faibles.
L’Agence internationale de l’énergie a en effet déjà mis en évidence les baisses importantes de coûts des énergies renouvelables par le passé et anticipe un prolongement de cette dynamique en particulier pour le solaire (- 28 % en 2020 par rapport à 2012, - 41 % en 2030), mais aussi pour l’éolien en mer (- 23 % en 2020, - 36 % en 2030). En 2030, on anticipe en France un coût de production de l’éolien terrestre compris entre 45 et 60€/MWh, et de l’éolien en mer compris entre 50 et 100€/MWh ; un coût de production du photovoltaïque au sol compris entre 40 et 50€/MWh et un coût du photovoltaïque sur bâtiment compris entre 60 et 70€/MWh. Le coût de production des centrales nucléaires existantes, en tenant compte des provisions pour le démantèlement, est évalué entre 32€/MWh et 60€/ MWh.
Concernant le coût de mise aux normes du parc nucléaire, et d’après les données issues de la Cour des Comptes (Rapport sur « Le coût de production de l’électricité nucléaire » publié en mai 2014 et rapport sur « La maintenance des centrales nucléaires : une politique remise à niveau, des incertitudes à lever » publié en février 2016), d’EDF et de la SFEN (Société française de l’énergie nucléaire) - Note publiée en mars 2018 sur les coûts de production du nouveau nucléaire français - , le grand carénage du parc nucléaire français est estimé à 45,6 Mds€ sur la période 2014-2025. Un chiffrage d’ici à 2030 a été réalisé par la Cour des Comptes qui estime qu’ « un programme global de près de 100 Mds€2013, d’ici à 2030, est nécessaire pour maintenir le parc actuel en état de répondre à la consommation électrique et aux normes de sûreté nucléaire, durcies après la catastrophe de Fukushima ».